Pierre Carles : « Ma démarche propagandiste, je l’assume »
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Paris, Belleville, Café aux Folies. Les troquets viennent à peine de lever leurs rideaux lorsque Pierre Carles débarque. Accoudés au zinc, il nous rejoint ; le réalisateur est en plein tournage et nous accorde cet entretien, envisagé de longue date, entre deux prises. Expressos, politesses d’usage, le ton est donné : « Pour l’interview, désolé, mais mes images parlent d’elles-mêmes. » Sourire taquin, il conclut : « Allez, fin. » Pierre Carles, ou l’ex-importun du PAF limogé dans les années 1990 pour ses critiques un peu trop acides des médias… D’Ardisson à « l’impertinente Canal », tous l’ont poussé au bord du ring de l’audiovisuel. Il a dès lors gagné les salles ombragées des cinémas, un Bourdieu dans les bagages. De Pas vu, pas pris (1998) à On revient de loin (2016), Carles s’échine à faire vivre ses documentaires à charge : des tirs de barrage contre les représentations dominantes. Mais comment ne pas s’essouffler après plus de deux décennies de création radicale, comment rester militant sans virer militaire, être alternatif en plus d’indépendant ? Rencontre sans gants avec celui qui soutient que « les films peuvent parfois changer le monde » et qu’il faudrait « interdire les sondages ».
« Si la propagande revient à propager des idées minoritaires et des points de vue de dominés, il n’y a aucun scrupule à avoir à en faire. »
« David Pujadas est un partisan ! C’est un militant de l’ordre établi ; un ordre injuste, il n’est pas inutile de le préciser. »
« Comment les gens pourraient-ils voter pour un candidat prônant la décroissance économique s’ils ne savent pas que ce courant de pensée existe ? »