Revue Projet » Voyage dans le ventre de Mumbai
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Et sâil existait, mĂȘme pour les objets dâusage quotidien, un lieu oĂč expier les pĂ©chĂ©s ? Flacons de plastique et bidons, montres et colliers, portables et machines Ă laver, rĂ©frigĂ©rateurs, postes de tĂ©lĂ©vision et ordinateurs. Lâenfer des marchandises ! Si un endroit de ce genre existait rĂ©ellement, il se trouverait en plein cĆur de Bombay. Ou plutĂŽt de Mumbai, comme a Ă©tĂ© rebaptisĂ©e en 1995, sur un mode nationaliste, la capitale Ă©conomique de lâInde. LĂ , sous une autoroute aĂ©rienne qui la traverse de part en part, sâouvre lâĂ©tendue grise de toits de tĂŽle ondulĂ©e du bidonville de Dharavi, le plus grand dâAsie. Peut-ĂȘtre le lieu qui connaĂźt la plus haute densitĂ© de population du monde : sur 220 hectares sâentassent autour dâun million de pauvres diables. La majoritĂ© dâentre eux se consacre, avec des moyens totalement artisanaux, au recyclage des dĂ©chets de tout genre et de toute nature, gĂ©nĂ©rant un Pib annuel estimĂ© Ă 650 millions de dollars. Ils offrent ainsi, Ă leur maniĂšre, une solution Ă un problĂšme qui, selon la Banque mondiale, coĂ»te environ 205 milliards de dollars par an â une estimation qui, en lâespace dâune quinzaine dâannĂ©es, pourrait carrĂ©ment ĂȘtre doublĂ©e. En mĂȘme temps, se trouvent rĂ©unies lĂ , cas unique au monde, les contradictions de la consommation de masse et celles dâun dĂ©veloppement urbain anarchique.