A l’appel du candidat à la présidentielle de 2018, des dizaines de milliers de Russes sont descendus dans la rue dimanche pour dénoncer « la corruption du pouvoir ».
LE MONDE | 27.03.2017 à 06h40 • Mis à jour le 27.03.2017 à 07h53 | Par Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)
Alexeï Navalny a réussi son pari : faire sortir plusieurs dizaines de milliers de Russes dans la rue. Des rassemblements, d’une ampleur inédite depuis la réélection de Vladimir Poutine en 2012, ont eu lieu dimanche 26 mars à Moscou, mais aussi à Saint-Pétersbourg, Omsk, Ekaterinbourg, Tioumen, Oufa ou Vladivostok. D’un bout à l’autre du pays, les manifestants ont répondu à l’appel de l’opposant qui avait incité ses partisans dans 99 villes à défiler contre « la corruption du pouvoir », malgré l’interdiction des autorités dans 72 d’entre elles. Dans la capitale, plus de 1000 personnes, selon le dernier décompte lundi matin de l’ONG OVD-Info, ont été interpellées, à commencer par Alexeï Navalny lui-même.
Ce dernier, candidat à l’élection présidentielle de 2018, devait passer la nuit au poste avant de comparaître lundi devant un juge pour appel à un rassemblement illicite donnant lieu à des troubles à l’ordre public, a annoncé sa porte-parole Kira Iarmych. Il encourt jusqu’à 15 jours de rétention administrative. Son adjoint, Leonid Volkov, également interpellé, comme seize autres membres de l’équipe de la Fondation de lutte contre la corruption (FBK), l’association animée par Alexeï Navalny, pourrait faire face, lui, à l’accusation plus redoutable d’extrémisme et d’incitation à la haine. Il animait, toute la journée, un direct sur YouTube, rendant compte des manifestations en cours, suivi par plus d’un million et demi de personnes… La plupart des manifestants arrêtés, en revanche, devaient être rapidement relâchés.