Du mépris de classe et de caste en politique
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Quand les médecins sont atteints, sans s’en apercevoir, des maux qu’ils sont censés diagnostiquer et guérir chez les autres, un espace plus large est laissé aux illusionnistes et aux charlatans.
En politique, c’est aujourd’hui un peu pareil : des professionnels de la politique imbus d’un mépris social non contrôlé causent abondamment dans le poste de « l’abandon des classes populaires » et de « l’autarcie des élites », en prétendant « redonner la parole au peuple ». Pendant ce temps, une professionnelle de la politique issue des classes aisées, Marine Le Pen, a engrangé des points dans les sondages, en se faisant passer indûment pour « hors-système ».
Dans ce contexte, la candidature non professionnelle d’un ouvrier d’usine, Philippe Poutou, nous fait l’effet réjouissant d’un Jacques Tati dans un jeu de quilles si bien encadré, jusqu’à l’impeccabilité de la rhétorique IIIe République du politicien estampillé « critique » de la bande, Jean-Luc Mélenchon. Ainsi le Nouveau parti anticapitaliste (NPA), malgré une crise autodestructrice de ses cercles dirigeants (comme s’ils avaient voulu imiter avec persévérance les premières minutes culte des épisodes de Mission impossible !), est à l’origine de la principale innovation de cette morne présidentielle.
Combien parmi les prétendants à la magistrature suprême ont-ils animé une bataille syndicale qui a sauvé mille emplois, comme cela a été le cas de Philippe Poutou à l’usine Ford de Blanquefort ? Cela n’empêche pas les milieux politiques professionnels de droite et de gauche de l’ignorer superbement, de moquer son « incompétence » et/ou d’ironiser sur « la maladresse » de ses prises de parole médiatiques. La condescendance de classe, des riches et des énarques, est souvent cumulée avec une arrogance de caste, celle du petit monde des professionnels de la politique issus de cette classe dirigeante ou des couches moyennes scolairement dotées. Et cela peut être tout au plus amorti par une fausse compréhension paternaliste : « Il est gentil ce Poutou, mais quand même… » Deux logiques de domination se trouvent ici emboîtées : des rapports hiérarchiques entre les classes et une tutelle des représentants professionnels sur les citoyens représentés.