Le mariole (Le Monolecte)
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Sa main glisse vers sa fourchette. Il picore un peu. Et il se met à parler, comme ça, sans particulièrement s’adresser à moi, mais en faisant en sorte que son filet de voix soit suffisant pour que j’entende tout. J’ai réussi à ne pas bouger un sourcil et j’ai écouté. J’ai écouté son histoire de petit garçon de trop, de gamin perdu sans collier dans les couloirs d’une institution. Il m’a parlé de la carte postale annuelle que sa mère lui envoie pour Noël. Il m’a surtout parlé de la dernière, celle où elle lui promettait de venir le voir pour son anniversaire. Alors, ce jour-là, il l’a attendue. Il s’est juché sur le bacon, tel Sœur Anne, pour la voir venir. Et il a attendu, attendu, avec cette foi féroce que seuls les enfants cultivent jour après jour. Il a attendu toute la journée et elle n’est pas venue. Alors, il a enjambé la balustrade et là, il a lâché la rampe, au propre comme au figuré. (...) Source : Le Monolecte