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  • Le mariole (Le Monolecte)
    http://blog.monolecte.fr/post/2012/03/02/Le-mariole

    Sa main glisse vers sa fourchette. Il picore un peu. Et il se met à parler, comme ça, sans particulièrement s’adresser à moi, mais en faisant en sorte que son filet de voix soit suffisant pour que j’entende tout. J’ai réussi à ne pas bouger un sourcil et j’ai écouté. J’ai écouté son histoire de petit garçon de trop, de gamin perdu sans collier dans les couloirs d’une institution. Il m’a parlé de la carte postale annuelle que sa mère lui envoie pour Noël. Il m’a surtout parlé de la dernière, celle où elle lui promettait de venir le voir pour son anniversaire. Alors, ce jour-là, il l’a attendue. Il s’est juché sur le bacon, tel Sœur Anne, pour la voir venir. Et il a attendu, attendu, avec cette foi féroce que seuls les enfants cultivent jour après jour. Il a attendu toute la journée et elle n’est pas venue. Alors, il a enjambé la balustrade et là, il a lâché la rampe, au propre comme au figuré. (...) Source : Le Monolecte

    • Je déclare que je n’ai rien plus a dire a ceux qui n’ont pas retenu un sanglot sur ce texte ... j’ai de la rage au coeur !!!

    • Personnellement, j’ai plutôt de la joie. J’ai comme la conviction intime qu’en commençant à dénouer l’écheveau de ses blessures, ce gamin a peut être pu avoir une vie meilleure ou, tout au moins, une vie moins lourde.
      C’était une drôle d’expérience que ce camp de vacances où je n’ai passé que si peu de temps. Parce que ça a été très dense, et pas seulement avec ce gosse, il y a eu aussi la petite grosse moche à lunettes et l’ado turbulent et les autres, parce que ça a été très fort et parce que j’ai compris que je ne pourrais jamais en faire mon métier : trop forte connexion, trop grosse empathie, ou alors de très loin, en consultante extérieure, un peu comme ça, juste en passant, amorcer l’échange et se tirer en courant avant de prendre le retour en pleine gueule.