Philippe De Jonckheere

(1964 - 2064)

  • Bouteille à la mer en direction des cartographes (au sens large) de seenthis (@reka, @fil, @simplicissimus, @cdb_77, @odilon etc...).

    Madeleine (18 ans, en pleines révisions de bac) : Papa j’ai vraiment du mal, j’ai sept cartes que je dois apprendre par coeur pour l’épreuve d’histoire-géo et je n’arrive pas à me les foutre en tête.

    Papa (c’est moi, 52 ans, en plein spleen sentimental) : Mémoriser ce serait mieux que foutre dans la tête , même si c’est un peu la même chose. As-tu reçu de la part de ton prof une méthodologie ?

    Madeleine : ben le prof il dit que c’est en mode par coeur, alors genre il ne va pas nous apprendre à apprendre quelque chose par coeur.

    Papa : je pourrais évoquer une théorie toute personnelle à propos de l’inculture visuelle généralisée qui du coup invaliderait le discours du prof mais j’imagine que cela ne t’intéresse pas trop genre ?

    Madeleine : tu pourrais m’aider ?

    Papa : il se trouve que je connais quelques éminents cartographes avec lesquels j’échange sur seenthis , je devrais leur poser la question.

    Madeleine : Seenthis c’est ton FB bio ? et ce sont tes amis ? Genre tu vas leur demande d’aider ta fille dans ses révisions de bac. Ils ont peut-être des vies tes amis seenthis .

    Papa : tu serais surprise, si cela se trouve cela peut les intéresser. Et du coup tu seras obligée de t’inscrire sous seenthis pour suivre la conversation.

    Madeleine, Papa je ne serais jamais ton amie sur ton FB bio !

    Papa : t’inquiète

    Bref chers amis cartographes de mon FB bio, est-ce qu’il existe des méthodes (une méthodologie) pour mémoriser une carte ? Je précise que Madeleine m’assure que par ailleurs (et j’ai vérifié) elle n’a pas de difficulté de compréhension des significations des cartes en question et elle a les connaissances théoriques attendues par ailleurs. Je dis ça parce que genre des fois les jeunes ils sont en mode ils n’ont pas trop appris le cours qui va avec genre .

    • Voilà un message qui conforte dans l’idée que cette épreuve est mal foutue, mal vécue..et c’est normal. En attendant qu’une vraie épreuve de carto puisse voir le jour (je l’imagine déjà), il ne faut surtout pas vouloir reproduire des choses trop pointues (et je suis le premier à avoir fait des choses trop complexes sur certains croquis !)..donc adapter le contenu à sa capacité à construire...dernier conseil : refaire, s’entraîner, en veillant à bien comprendre ce qui placé sur son fond de carte ;-) La mémoire visuelle n’est-elle pas un mythe ;-) ?

    • Il est très tard et je suis totalement carbonisé, mais je rebondis sur la proposition d’Odilon : il serait très bon de penser chacune des cartes, c’est-à-dire chacun des pays ou des régions - je ne me souviens plus du programme mais j’imagine Russie, Brésil, États-Unis au moins, selon plusieurs perspectives et principes :

      – un pays est toujours organisé de manière « dissymétrique » avec centre(s) actif(s) et périphérie, zones utiles et moins utiles, des régions attractives et d’autres répulsives, etc... et une ou plusieurs colonnes vertébrales ou pour utiliser un jargon géographique, un ou plusieurs corridors multimodaux (en somme une zone où y a plein de trucs qui circulent).

      – Il faut rester simple, un croquis dépouillé avec pas trop d’éléments dessus mais solidement argumenté avec une vraie intention cartographique et une légende bien construite (qui montre une géographie systémique) vaut mieux qu’un croquis très fouillé et encombré avec une légende mal pensée (qui montre une géographie descriptive)

      – il faudrait aussi sans doute pouvoir remettre la région ou le pays dans le contexte global mais je ne suis pas sur si c’est prévu et s’il y a ds fonds de cartes « monde » si c’est un pays qui tombe à l’examen.

      – Pour le dessin, toujours penser selon le principe 3 + 1 : n’importe quel dessin, tableaux, croquis, carte, c’est des surfaces, avec des points et des lignes - points et lignes sur plan, Kandinsky, 1926 - (3) qu’accompagnent du texte qui renseigne sur ces formes (+1) - Légende, toponymie, etc... quand on a bien compris ce système graphique, qu’on en a bien conscience, qu’on s’en est bien absorbé, on a réglé 50% du problème cartographique. Je mets ça là en illustration de ce que veux dire :

      il suffit ensuite de choisir une des trois formes graphiques aux éléments géographiques (que l’on doit connaître au préalable) à placer dans le croquis : un axe de développement, un corridor, c’est une ou des lignes, des zones attractives ou répulsives, des centres et des périphérie, c’est des surfaces, des centres de pouvoir, c’est des points, etc...

      Ce sont des principes un peu abstraits, mais j’espère que ça aide. En exemple une esquisse assez simple :

      Enfin, pour réussir une esquisse, il est toujours nécessaire de bien connaître son sujet, ça commence en fait par là : la carte n’est que le miroir de la connaissance, du savoir que l’on a préalablement absorbé sur le territoire qu’on se propose de cartographier. Il faut donc bien lire ce que les manuels disent de ces pays.

      Si j’avais un peu plus de temps, et en ayant pris connaissance des programmes, j’aurai bien fait un petit cours par skype (comme on est bio on évite l’avion). La semaine prochaine peut-être ?

    • Merci @odilon J’ai relégué ton consei d’apprendre par le dessin qui a semblé être une bonne idée à Madeleine.

      Merci @jcfichet Il me semblait aussi que les objectifs et les attentes de cette épreuve étaient pour le moins flous et on voit bien que les profs sont laissés en rase campagne sur le sujet. On note au passage que la plupart des profs d’histoire géo sont en fait des profs d’histoire (ce qui est le cas du prof de Madeleine qui est un très bon prof) et donc sur la géographie on voit bien que cela bricole plus que cela ne fabrique. Et de fait, quand la partie visuelle entre en ligne de compte eh bien cela devient très approximatif.

      Merci @reka, je vais montrer tout ça à Madeleine ce soir.

      De mon côté ce n’est pas hyperfacile parce que je suis chaque fois soupçonné (pas compéltement à tort) de vouloir tirer à moi la couverture théorique, notamment avec la nécessité d’appréhender les choses avec un minimum de culture visuelle (@reka, je vais cacher la référence à Kandiski sinon Madeleine va se demander si nous ne sommes pas de mèche !).

      Merci à toutes et tous, l’une retourne à ses révisions, l’autre à son spleen et les vaches seront bien gardées.

    • @odilon @philippe_de_jonckheere
      Ça s’appelle la mémoire #kinesthésique, en surchargeant tous les sens au moment de l’apprentissage, le souvenir reviendra avec tous ces stimulus.
      Ce sera donc plus facile de faire « remonter » le souvenir, car il sera rattaché :
      – à la douleur au genou lorsqu’on s’est cogné à l’angle du mûr
      – à la vive lumière du soleil à travers le verre dépoli

      L’autre approche, complémentaire c’est d’apprendre plus que le volume demandé. Adjoindre des anecdotes historiques, voire personnelles « Jacob a du montrer 3 fois ses papiers en passant la frontière entre la Georgie et la Russie, la route de Tbilissi était déjà périlleuse, mais ce n’était rien en comparaison de l’agressivité dans le regard de ces jeunes recrus russes endoctrinées ».

      Mes souvenirs de sciences cognitives sont loin. (et pourtant j’ai un master)

    • @perline Je dois à la vérité de dire que je grossis nettement le trait en mode exagération s’agissant de la manière d’exprimer les choses de Madeleine, c’est juste que je la taquine souvent sur certains tics verbaux.

      Par ailleurs je dois aussi dire que c’est drôlement bath de recevoir une telle réponse à mon message initial parce que cela me donne raison dans une autre discussion avec Madeleine, dans laquelle la qualité est placée plus haut que la quantité dans mon échelle de valeurs.

      Et dire que l’année prochaine elle ne sera peut-être plus tous les soirs à la maison pour croiser le fer avec moi sur ce genre de sujets ! voilà une perspective qui fait grossir le spleen du moment !

    • Mon mode de mémorisation est le #storytelling : je me raconte des voyages, des échanges, des conflits, des chantiers - et si je note ce que je raconte le résultat est une carte. Pouvoir mémoriser une carte commence donc par savoir la lire pour s’en faire des histoires - à force de faire de la vulgarisation #Openstreetmap je me rends compte que l’alphabétisation cartographique est un obstacle répandu... Ceux pour qui la carte n’est qu’un dessin et non un signifiant auront bien du mal à la mémoriser.

    • @aude_v C’est une très mauvaise imitation de Madeleine d’ailleurs. Je suis ridicule. Ce soir je réaborde la question de ces muadites cartes avec Madeleine avec toutes ces merveilleuses lumières qui se sont penchées sur le problème, mercie encore à toutes et tous.

      @perline pdj arotruc desordre.net (fut un temps on la trouvait cette adresse, mais maintenant c’est souvent recouvert, c’est vrai, je vais y réfléchir).

    • Dans mon souvenir, carte vierge et reperes mnémotechniques : la Russie à droite etc... Par ailleurs, ce qui m’a beaucoup aidé ce sont les jeux avec la mappemonde avec mon père. Où est Ulan Bator ? La terre Adélie ? Bon après mes parents jouent aussi à chercher des mots dans le dico ou réciter des poèmes et les départements, ce sont des vieux de la vieille.