• @gata cite ce texte :

    « Avec moi » (le 7 mai)
    Pierre Tevanian, Les Mots Sont Importants, le 30 avril 2017
    http://lmsi.net/Avec-moi-le-7-mai

    Avec ce commentaire (https://seenthis.net/messages/594094) :

    Je ne sais pas trop quoi en penser mais Tevanian (dans son long texte, très bon et honnête, texte évoqué dans ce fil mais jamais cité pour l’instant, je crois) parle aussi de la peur (de sa peur) à la fin et il écrit aussi ça :

    J’ai évoqué le paternalisme, c’est-à-dire ce mélange de posture antiraciste protectrice, de condescendance raciste et de tolérance sans limites à l’égard des discriminations, que Macron partage par exemple avec François Hollande. Mais dans beaucoup des prises de positions que j’ai lues, la question du racisme n’est même pas évoquée, et on se contente d’affirmer un lien mécanique entre l’ultralibéralisme de Macron et le triomphe du lepénisme dans cinq ans. Je reconnais dans ces équations simplistes une pauvreté intellectuelle typiquement franchouillarde, qui consiste d’une part à réduire le vote FN à un vote de protestation sociale, un vote ouvrier, un vote de pauvre, de perdant de la mondialisation libérale, bref un cri de souffrance, en minorant gravement la centralité du racisme dans ce vote (pourtant maintes fois revendiquée par les électeurs eux-mêmes, dans les enquêtes « sortie des urnes »), y compris dans sa frange ouvrière (qui par ailleurs ne représente qu’un septième du vote FN), et d’autre part à ne parler du racisme de cet électorat que comme un réflexe mécanique de peur de l’autre lié à la conjoncture économique – ce qui revient à nier les mécanismes sociaux, culturels et idéologiques spécifiques qui alimentent le racisme ou au contraire le battent en brèche.

    –---------------------------------------------------

    Je respecte et j’apprécie le travail de Tevanian, mais cette fois ci je ne suis pas d’accord, je ne sais pas ce que les autres en pensent.

    Mona Chollet, Dominique Vidal et Pierre Tevanian, parmi d’autres, avancent cet argument : Macron ce sera le capitalisme, alors que Le Pen ce sera le capitalisme + le racisme. Ils ajoutent que le racisme est le point qui leur semble le plus important, et que c’est trop facile de s’abstenir pour des blancs qui n’en subiront pas les conséquences.

    Je suis effectivement un blanc, un bourgeois relativement épargné par l’avenir sombre que nous proposent Trump et Le Pen, et aussi un marxiste qui pense que tout est d’abord question de domination sociale. Je suis conscient que l’un des effets les plus sévère, violent, injuste, cruel, insupportable est celui du racisme, de la discrimination de populations entières à cause de leurs origines, de leur aspect ou de leurs pratiques, et je suis aussi de ceux qui pensent que c’est l’une des questions les plus urgentes à régler, à combattre, et à laquelle il faut s’adresser. Néanmoins, je ne confonds pas l’effet et la cause. Je continue de croire (j’ai peut-être tort, mais je ne suis pas naïf) que le racisme n’est qu’une conséquence des inégalités sociales, du malaise social, de la crise sociale.

    Je ne dis pas que le vote FN n’est qu’un vote d’ouvrier et de pauvres, mais oui, en total désaccord avec Pierre Tevanian, je dis que le vote FN est un vote de colère, de protestation, de perdants de la mondialisation libérale, de réflexe lié à la conjoncture économique, de laissés pour compte qui voient une classe dirigeante et financière s’enrichir de façon indécente tout en nous disant que c’est la crise et qu’il faut se serrer la ceinture, qu’on ne pourra plus avoir une retraite, une éducation et des soins gratuits, alors que notre pays et notre planète n’ont jamais été aussi riches, etc. C’est un vote de perte de confiance envers les hommes et les femmes politiques et leurs partis qui nous gouvernent et nous ruinent depuis des décennies, et qui assombrissent notre avenir. Cette perte de confiance, elle me touche aussi. Je ne vote pas Le Pen parce que je ne pense pas que ce soit la solution, mais je comprends la colère, et je comprends aussi le majeur dressé sous forme de Brexit, de Trump ou de Le Pen.

    Alors oui, je pense que dans un tel contexte, le racisme n’est qu’une conséquence, la recherche d’une solution facile, d’un bouc émissaire à faire payer en temps de crise. Oui, je remarque que là où la crise est moins sévère, le fascisme et le racisme avancent moins fortement. Et nos dirigeants actuels en sont, à mon avis, triplement responsables : 1) car ce sont également eux qui, dans leurs discours, ont pointé du doigt ces boucs émissaires ; 2) parce que dans leurs pratiques, ils n’ont pas attendu le FN pour commencer déjà à les opprimer socialement, géographiquement, judiciairement etc. 3) parce que, ils le savent, le capitalisme pourra fleurir tout aussi bien sous un gouvernement FN.

    Donc je suis convaincu que Macron n’est pas la solution à Le Pen. Macron est la cause de Le Pen, et celui qui jette de l’huile sur son feu. Pour combattre le racisme de Le Pen, il faut combattre sa source qui est, selon moi, dans l’ultralibéralisme de Macron. Je me demande même si on n’a pas perdu trop de temps à combattre le racisme sans combattre le capitalisme, car pendant ce temps, plus de 7 millions de Français ont rejoint le vote FN. Ce sont ces 7 millions de Français qui devraient poser question. Toute solution cherchée ailleurs, chez les abstentionnistes par exemple, est d’une myopie qui, me semble-t-il, ne résoudra rien, ni à court ni à long terme...

    #France #Elections_présidentielles_2017 #Abstention #Barrage
    #Pierre_Tevanian #Vote_FN #FN #Racisme

    • Je n’ai pas lu le même passage, surtout la fin. Je n’avance pas un avis en ce qui me concerne car ce n’est pas clair pour moi non plus, mais au niveau de son argumentation, il ne dit pas « ils sont racistes et c’est comme ça ».

      À la fin de l’extrait, à l’exact inverse, il dit clairement que l’argumentation dont vous parlez qui consiste à dire que ça vient surtout de la cause économique empêche de prendre en compte tous « les mécanismes sociaux, culturels et idéologiques spécifiques [autres qu’économiques] qui alimentent le racisme ou au contraire le battent en brèche ».

      Donc il parle bien, non pas d’un fait qui arrive de nul part, mais de causes, et d’autres causes que celle économique. Ça me parait beaucoup moins simpliste qu’une raison juste morale, ce qui d’ailleurs serait bizarre puisque Tevanian fait partie du courant de pensée qui récuse complètement l’anti-racisme moral, et qui dit que le racisme est systémique. Mais systémique ne veut pas dire forcément que des raisons économiques.

      C’est comme ça que j’ai compris le passage, moi, pour l’instant.

    • Pas plus que les raisons économiques du racisme, Tévanian ne récuse l’antiracisme moral, sinon l’usage dépolitisant qui peut en être fait (SOS racisme par exemple).

      « dépasser l’antiracisme moral » (dont je ne comprends pas bien pourquoi il devrait être dépassé [2]).

      [2] Il faudra un jour revenir sur ce fait singulier, et à vrai dire problématique : le discrédit absolu de l’adjectif « moral » dans le monde militant, et la plus-value symbolique, la présomption de clairvoyance, de lucidité, d’intelligence stratégique et de courage que suffit à donner la mise en congé ostensible et théâtralisée de tout soucis moral.

    • ❝[Mona Chollet, Dominique Vidal et Pierre Tevanian, parmi d’autres] avancent que le racisme est le point qui leur semble le plus important, et que c’est trop facile de s’abstenir pour des blancs qui n’en subiront pas les conséquences.❝
      En termes de paternalisme, et précisément tel que décrit par Tevanian ( i.e. , « ce mélange de posture antiraciste protectrice, de condescendance raciste et de tolérance sans limites à l’égard des discriminations ») c’est déjà pas mal ! Ou alors, c’est une rime qui s’est arrimée de travers.
      Je ne pense être fondamentalement contre la démocratie (on me brulerait vif pour moins) mais dans le contexte français, des français, ma foi vacille entre les bêtes de l’apocalypse et les agités de la révolution.

      Être jeune biaise certainement mon sens des responsabilités - mais je ne crois pas que le vote utile (dont le résultat est un des axiome de notre raisonnement aujourd’hui) prenne en compte des considérations politiques à long terme.

      ❝Les gens sont fous, les temps sont flous.❝ scandait Jacques Dutronc , et ça ne fait qu’empirer.
      [Edit : merci, ça me paraissait aussi un peu élever pour du Antoine.. :s]

    • J’ai dit ça, moi ? Heureuse de l’apprendre.

      Il y a des non-Blancs qui clament qu’ils n’iront jamais voter Macron et des Blancs qui n’hésitent pas une seconde, donc on va éviter les résumés simplistes. Mais le nombrilisme blanc qui se fout du racisme et ne comprend pas la peur de certains face à la perspective d’un FN au pouvoir, ça existe, et on en a des témoignages éclatants ci-dessus.

      En ce qui me concerne j’ai la faiblesse de vouloir éviter de vivre dans un pays dirigé par des fascistes si je peux y faire quelque chose (ou de préférer que ça arrive dans 5 ans, si c’est inévitable, plutôt que tout de suite), mais c’est très personnel.

      Envie de hurler dès que je lis que parler de racisme serait avoir une posture « morale », je suppose que c’est le signe que cette campagne se termine.

      Si le problème n’était que de désespoir économique tout le monde aurait voté Mélenchon, non ? Pour autant personne ne parle de « racisme intrinsèque ». On en fait quoi de la stratégie du bouc émissaire et de ce racisme déversé à jet continu par tous les médias, dans tous les secteurs de la société, depuis bien 15 ans ? (Un autre choix des élites qui suscite nettement moins d’indignation que la fabrication de la candidature Macron, tiens.) Le racisme existe indépendamment de la situation économique (il y a des riches racistes, des pays riches et racistes, il y a l’héritage colonial, etc.) mais il flambe lorsqu’il est attisé pour faire oublier un système économique inique. On n’est pas condamnés à la pensée binaire, hein.

      « Je me demande même si on n’a pas perdu trop de temps à combattre le racisme sans combattre le capitalisme. » Arf... Lire ça avec un FN à 21%. Les bras m’en tombent.

    • Ce que je voulais dire c’est que tu étais l’une de celles et ceux qui, à raison, ramenait la question du racisme au centre du choix du second tour :

      Mais est-ce que c’est la seule explication ? Pour beaucoup de militants de gauche, le racisme et l’islamophobie sont des questions secondaires, abstraites, voire inexistantes, qui ne les concernent pas et qui les mettent profondément mal à l’aise ; souvent, même, ils les partagent plus ou moins consciemment. Et même si on flaire l’imposture de sa vitrine « sociale », le programme économique du FN ne suscite pas la même vindicte que les mesures (objectivement terrifiantes) annoncées sans complexes par les macroniens.

      https://seenthis.net/messages/593585

      De même, je ne lis ici ni nombrilisme blanc, ni personne qui se fout du racisme, ni personne qui n’a pas peur de la perspective d’un FN au pouvoir, ni même personne qui voudrait aussi, si possible, éviter de vivre dans un pays dirigé par des fascistes, aujourd’hui ou dans 5 ans. On peut au moins être d’accord là dessus, plutôt que de s’invectiver sur de mauvaises raisons.

      La question est de savoir si voter Macron est une solution, ou s’il continue à alimenter la source qui fait monter mécaniquement le score du FN.

      De cette question résulte celle du rôle de l’ultralibéralisme mis en place depuis 30 ans, et qui va être continué par Macron, dans la montée du FN, et dans la montée du racisme.

      Cette question semble plus difficile que je ne le croyais, puisque le lien me semblait évident, alors qu’à @mona il ne l’est pas, même si elle reconnaît que le racisme « flambe lorsqu’il est attisé pour faire oublier un système économique inique ».

      C’est dans cette hypothèse que je posais la question, mais je me trompe peut-être, qu’il est donc peut-être plus efficace de se battre contre ce « système économique inique » que contre sa conséquence, le racisme, sans que ça veuille dire que je me fous de la conséquence, juste que je cherche ce qui est plus efficace !

      @mona pose une autre question intéressante : « Si le problème n’était que de désespoir économique tout le monde aurait voté Mélenchon, non ? » que je reformule ainsi : « quand l’ultralibéralisme engendre la colère, pourquoi cette colère va plus vers l’extrême droite que vers l’extrême gauche ? » Je pense que les réponses sont complexes et contextuelles, mais j’en vois quelques unes :
      –les réponses de l’extrême droite sont plus simples à comprendre (c’est la faute aux immigrés)
      –les réponses de l’extrême droite qui flattent l’égoïsme sont plus populaires en temps de crise, quand on a moins envie de partager
      –les réponses de l’extrême droite donnent l’illusion qu’on peut s’en sortir sans complètement renverser le système capitaliste
      –les réponses de l’extrême droite, le racisme en particulier, sont bien relayées dans les médias et par les grands partis en France
      –beaucoup de membres de l’extrême gauche viennent de la gauche, et cette gauche en France est jugée (à tort ou à raison, mais parce qu’elle a participé à plusieurs gouvernements) comme complice du « système » et du marasme ultralibéral dans lequel on se trouve
      –peut-être aussi qu’en effet la gauche et l’extrême gauche, en France mais aussi dans le monde entier, on mal fait leur boulot d’explication et que, depuis 30 ans, on n’entend plus beaucoup les idéaux de gauche, et ils ne sont plus si clairs que ça
      –si le but de certains électeurs est de faire un gros « FUCK », de se venger en faisant chier le monde, alors voter FN est plus efficace que voter à l’extrême gauche
      Il y en a sûrement d’autres, qu’en pensez-vous ?

    • Qui vote FN et pour quelles raisons, demande @reka ici :
      https://seenthis.net/messages/595617

      Et quelques pistes :

      –Pourquoi les pauvres votent à droite, de Thomas Frank (livre, 2013)

      –Retour à Forbach, de Régis Sauder (film, 2017)

      –Les Français d’abord, de Valérie Igounet (livre, 2017)

      –Le Vote FN au village, Violaine Girard (livre 2017)
      https://seenthis.net/messages/595570

      –Mon voisin vote Front national, par Willy Pelletier (article, 2017)
      https://www.monde-diplomatique.fr/2017/01/PELLETIER/56999
      (mais #paywall)
      Et une causerie sur le même sujet ici :
      https://seenthis.net/messages/594804

    • je trouve épouvantable de pouvoir encore exonérer la gauche ainsi :

      ...cette gauche en France est jugée (à tort ou à raison, mais parce qu’elle a participé à plusieurs gouvernements) comme complice du « système » et du marasme ultralibéral dans lequel on se trouve

      Complice ? du début de destruction des droits des chômeurs dès 1982 à la création des centres de rétention, du blocage des salaires au déblocage des loyers, de la modernisation de la police à coups de milliards (depuis 1981) à l’état d’urgence, de la glorification de l’entreprise comme coeur de la société aux privatisations, de l’explosion - sous l’égide du « mérite »- des inégalités de revenu à la multiplication des pauvres, de la multiplication des stages et d’innombrables de précarisation... bon j’arrête là une liste interminable des ACTES de cette gauche (de droite) depuis 36 ans.

      le fondé de pouvoir du capital Macron vient après l’élève d’Hec Hollande. Ni "trahison, ni « complicité », un rôle premier, décisif, majeur dans la restauration capitaliste.

      Si « la gauche et l’extrême gauche, en France mais aussi dans le monde entier, on mal fait leur boulot d’explication » (une foi dans la pédagogie dont le rapport avec l’émancipation n’ a rien d’évident), c’est peut-être aussi de ne toujours pas réussir à déciller sur le rôle de cette gauche. Qui éduquera les éducateurs ?

    • J’ai tenté de comprendre le vote FN et le rôle de Macron et ses copains banquiers dans tout ça.

      J’aimerais préciser une chose : quand je dis qu’il me semble que la crise pousse les gens vers le FN, je ne veux pas forcement dire que je pense qu’elle ne pousse que les plus pauvres vers le FN. En partie, cela pourrait être vrai, mais en partie les plus pauvres finissent surtout par cesser de voter.

      Le phénomène qui est probablement le plus efficace pour le FN est celui des classes moyennes qui s’appauvrissent un peu, mais surtout qui voient des gens en dessous d’eux s’appauvrir beaucoup et qui sont terrorisés de devenir comme eux (c’est d’ailleurs une stratégie connue du capitalisme : avoir un fort taux de chômage permet de faire pression sur ceux qui ONT un emploi pour qu’ils soient tellement « contents » qu’ils ne réclament ni augmentation de salaire, ni amélioration des conditions de travail, de chômage, de retraite ou même de transport, d’éducation et de soins de santé).

      Le reste du raisonnement reste valable : la terreur entraîne la recherche d’un bouc émissaire, ce bouc émissaire (l’immigration qui, effectivement, peuple les couches inférieures du confort moderne) est soufflé par ceux qui ne veulent pas être rendus responsables et, finalement, le racisme du FN est surtout une conséquence indirecte (bien que grave) du capitalisme. Macron et ses copains en étant la principale cause. C’est mon opinion en tout cas, mais je peux me tromper...

      Néanmoins, revenons aux plus pauvres...

      Depuis quelques semaines j’ai parfois eu du mal à expliquer pourquoi je m’abstenais, quel était le calcul, la motivation etc. Et puis hier soir, je suis allé voir (en retard par rapport à tout le monde), I, Daniel Blake, le dernier film de Ken Loach. En sortant de ce film, j’ai compris rétrospectivement pourquoi je n’ai pas voté et pourquoi je ne pourrai jamais voter pour Macron. La politique de Macron et ses amis banquiers est celle qui désespère le monde, qui donne envie, au choix, de pleurer, de tuer, de se suicider et/ou de voter FN. On a gagné 5 ans, mais on a pris le plus court chemin pour s’y rendre...

      #Ken_Loach #Cinéma #Daniel_Blake

      https://seenthis.net/messages/534010
      https://seenthis.net/messages/539415
      https://seenthis.net/messages/542080
      https://seenthis.net/messages/596365

      Et la réalité dépasse clairement la fiction :

      Prison ferme pour vol d’une valeur de 20 euros
      Le Figaro, le 25 avril 2017
      https://seenthis.net/messages/593354

      #Justice #Injustice #Vol #Prison

    • Je dis tout ça, et je m’aperçois qu’au même moment, l’équipe de #Osons_Causer (quoi qu’on en pense) dit à peu près la même chose ici :

      10.6 millions d’électeurs FN : Diaboliser ou entendre ?
      Osons Causer, Youtube, le 10 mai 2017
      https://www.youtube.com/watch?v=-qiNlCkiqII

      Critiqué là :
      https://seenthis.net/messages/597540

      Avec des références, ce qui donne (je n’ai pas tout lu) :
      https://seenthis.net/messages/597642

    • Donc je suis convaincu que Macron n’est pas la solution à Le Pen. Macron est la cause de Le Pen, et celui qui jette de l’huile sur son feu. Pour combattre le racisme de Le Pen, il faut combattre sa source qui est, selon moi, dans l’ultralibéralisme de Macron. Je me demande même si on n’a pas perdu trop de temps à combattre le racisme sans combattre le capitalisme, car pendant ce temps, plus de 7 millions de Français ont rejoint le vote FN. Ce sont ces 7 millions de Français qui devraient poser question. Toute solution cherchée ailleurs, chez les abstentionnistes par exemple, est d’une myopie qui, me semble-t-il, ne résoudra rien, ni à court ni à long terme...

      Tout à fait @sinehebdo et je suis persuadée que combattre le racisme c’eut été de voter au premier tour pour le programme le plus égalitaire, celui de L’avenir en commun de la France Insoumise même si on éprouvait de l’aversion pour JLM, le meilleur programme selon Jean Gadrey.

      « Pour que les choses soient (encore plus) claires, je n’ai pas voté pour B. Hamon mais pour J.L. Mélenchon. Pour son programme, le meilleur selon mes critères, plus que pour sa personnalité... »
      http://alternatives-economiques.fr/blogs/gadrey/2017/05/10/l%e2%80%99echec-de-benoit-hamon-s%e2%80%99explique-aussi-pa

    • Bon, je ne veux pas trop en rajouter sur Tevanian que j’aime bien par ailleurs, et dont j’aime bien aussi la « La mécanique raciste », mais il me semble ici qu’il passe à côté de la question posée.

      Qu’il y ait des racistes pauvres et des racistes riches, et des mécanismes spécifiques, ne fait aucun doute.
      Que le racisme soit au minimum l’un des ressorts du vote FN, ne fait aucun doute non plus.

      La question posée à laquelle il ne répond pas est : y a-t-il d’autres raisons que le racisme qui peut pousser quelqu’un, riche ou pauvre, à voter FN ?

    • Virginie Despentes est d’accord avec Tevanian et les autres... :

      #Virginie_Despentes : “Ma colère est une colère de vaincu”
      Nelly Kaprièlian, Les Inrocks, le 26 mai 2017
      https://seenthis.net/messages/601851

      D’après toi, les gens votent FN par détresse ou par ignorance de ce qu’est vraiment ce parti ?

      Je ne crois pas trop à l’ignorance dans ce pays. Je ne crois pas que le vote FN soit un vote contestataire, c’est un vote raciste, un vote pro-répression policière, un vote pro-torture, un vote de gens qui croient qu’il suffit de taper fort pour que tout rentre dans l’ordre. Un vote d’enfant qui croit qu’il faut que papa soit autoritaire et qu’alors tout va bien se passer. Il me semble que les électeurs FN imaginent que ça ne va s’appliquer qu’aux délinquants ou aux Arabes, et comme on leur explique que le problème en France, c’est pas la pauvreté et la confiscation des richesses, mais les Arabes, ils se disent que ça ira mieux.

      #paywall

    • Je copie à la main une autre citation de la fin de l’entretien, qui contredit (il me semble) la précédente :

      C’est clair que je suis plus en colère.
      La crise de 2008, on commence seulement à comprendre qu’elle est sous-tendue par une théorie. Dans La Stratégie du choc, Naomi Klein écrit sur les théories de Chicago : si un groupe est choqué par une tempête, ou un attentat, et si tu provoques un deuxième choc, les gens feront ce que tu veux, un gouvernement pourra faire passer toutes les lois qu’il veut, ils ne réagiront pas. Je pense que c’est concerté ; les plus riches ont décidé de nous faire une guerre, ce que dit aussi la sociologue Monique Pinçon-Charlot. Je suis furieuse de ne pas l’avoir compris à ce point-là, et furieuse car ça provoque la montée des populismes en Hongrie, en Pologne, en France.

      Alors, le Vote FN, contestataire ou raciste ?

    • Pourquoi c’est forcement l’un à l’exclusion de l’autre ? Les personnes subissant la stratégie du choc décrit par Naomi Klein ET qui sont racistes votent FN. Les gens qui subissent la même chose mais ne sont pas racistes ne votent pas FN. Et il y a des gens qui ne subissent pas la stratégie du choc mais en bénéficient largement et qui sont racistes et qui votent FN. Le gros de l’electorat FN ce sont les commerçants, les militaires, les flics, les agriculteurs et après tout ca il y a des ouvriers.

      S’en ficher du racisme au point de voter FN pour être prétendument contestataire c’est être raciste. Voter FN c’est choisir un vote réactionnaire qui est aussi une regression pour les femmes et la persecuution des homos assurés. Les gens qui choisissent de contester de cette manière ne peuvent pas être dispensé du caractère raciste (sexiste et homophobe) de leur choix.

    • La crise de 2008, on commence seulement à comprendre qu’elle est sous-tendue par une théorie.

      Vraiment ?
      Je trouve cela particulièrement lent à la détente, parce qu’il suffit d’être du côté de la cognée pour comprendre très très vite de quoi il en retourne vraiment : https://blog.monolecte.fr/2008/10/09/ceci-nest-pas-une-crise

      Pour le racisme et le FN, ça marche tant que tu penses que le FN est raciste. Si tu as un tout petit peu d’historicité, tu sais que le FN est raciste, mais…

      Le markéting politique, ça marche. Pas tout le temps (hein, Fillon, mais la marche était tout de même vachement haute !) et pas sur tout le monde, mais ça marche.
      Donc oui, le #pinkwashing de Marine Le Pen a marché et il faut avouer que les médias industriels l’ont bien aidée en banalisant totalement son parti. Bien sûr, pas sur tout le monde, mais quand même. Il y a aujourd’hui des gens racisés qui pensent réellement que le Pen fille n’est pas sous-tendue par une pensée raciste et qui croient en toute bonne foi qu’elle s’est vraiment fritée avec son père pour des questions idéologiques (et non stratégiques). Y a des gens qui pensent que le FN sera totalement normalisé quand le père Le Pen passera l’arme à gauche. Il y a des jeunes qui ne connaissent pas la vie et l’œuvre du père Le Pen, qui ont une éducation historique limitée et qui trouvent dans le FN un parti accueillant pour les jeunes. Y a même des gens qui croient que le FN est vraiment un parti populaire, c’est à dire, préoccupé par le petit peuple et qu’il a un programme social.

      Ne pas oublier non plus le #confusionnisme cultivé avec beaucoup de soin et de cynisme par l’extrême droit en général et le FN en particulier : quand on voit les empoignades que ça a pu créer chez des gens politisés, éduqués et prévenus, je ne vois pas comment ça n’aurait pas fait des ravages dans la population que l’on va qualifier de moins attentive, ceux qui s’informent devant TF1 ( France 2 ou M6) et se distraient devant Hanouna, par exemple. D’ailleurs, leur rhétorique #anti-système a tellement bien marché que tout le monde s’en est emparé pour grappiller des voix, avec le succès que l’on connait. Donc, ce serait bien de ne pas négliger l’efficience de la #propagande de #banalisation et de confusion que nous nous tapons depuis des années.

      Ne pas négliger non plus le fait que comme un bateau qui coule, tout le landernau politique donne sévèrement de la gite à droite, ces derniers temps et que quand tu entends un Premier ministre socialiste tenir publiquement et revendiquer des propos délibérément racistes, avec l’approbation plus ou moins prononcée d’une part des classes politiques et médiatiques, il y a de quoi être confus quant à ce qui définit le #racisme : « Bah, c’est pas raciste de dire que les gitans, c’est tous des voleurs, hein, tout le monde sait ça ».
      De la même manière que nos #institutions sont à présent et de manière évidente, devenues profondément racistes : pour qu’on s’émeuve des crimes policiers contre les racisés, il a fallu qu’un gars se prenne 10 cm de matraque dans l’anus… Rien que d’énoncer les faits me file le vertige. Et encore, j’ai comme l’impression que l’émotion est bien passée et que tout le monde trouve plus ou moins normal aujourd’hui que les racisés risquent tout le temps d’être brutalisés ou tués par la #police. De la même manière que la plupart des gens ne s’émeuvent pas plus que cela du fait que les racisés prennent systématiquement des peines de prison fermes pour des délits mineurs quand les blancs prennent du sursit pour des faits plus lourds et que les riches ne sont jamais inquiétés, même pour des crimes.

      Tout cela est devenu banal, normal, tout comme tout le monde s’est habitué à l’idée qu’à une #manifestation, tu prends le risque réel et tangible d’être grièvement blessé…

      Donc oui, le FN est un parti raciste, oui les racistes continuent à voter massivement et fidèlement pour ce parti qui leur correspond, mais non, ce n’est pas la seule composante de l’électorat FN. Eh oui, des gens croient sincèrement que le FN n’est pas raciste, mais que cet honorable parti fait l’objet d’une campagne de dénigrement organisé par les #merdias (ce mot est un indicateur encore plus précis que celui d’anti-système) qui veulent saboter le seul parti anti-système !

      Oui, ne pas oublier que le #complotisme et la #victimisation font aussi partie de la #stratégie de #contamination des esprits du FN…

    • Ne pas négliger non plus le fait que comme un bateau qui coule, tout le landernau politique donne sévèrement de la gite à droite, ces derniers temps et que quand tu entends un premier ministre socialiste tenir publiquement et revendiquer des propos délibérément racistes, avec l’approbation plus ou moins prononcée d’une part des classes politiques et médiatiques, il y a de quoi être confus quant à ce qui définit le #racisme.

      Ah oui, on peut affirmer que lorsque le bateau société fait eau de toute part, le Landernau politique (et l’opinion par conséquent) se réfugie à tribord. Les « bons-vieux » fantasmes de retour à « l’ordre et à la morale » ne mourront jamais complètement.
      La plus grande confusion s’est emparée de l’équipage et des passagers mais ce qui définit le racisme n’a pas changé : c’est principalement ceux ou celles qui le définissent qui sont à la ramasse.

    • Perso je ne comprends pas comment le FN est banalisé. Tout ce que j’ai vu c’était des journalistes qui cognaient de manière agressive sur des représentants du FN qui étaient invités, contrairement à toutes les autres formations politiques. L’auditeur de radio (ou de télé j’imagine) qui en a marre et qui veut tout changer, je le trouve pas idiot de se dire que le parti anti-système c’est le FN vu le traitement médiatique qui en est fait.

    • Je suis d’accord avec la confusion qu’il y a avec le mot racisme aujourd’hui et l’impacte de la TV. J’ai pas la TV et les seuls personnes susceptibles de voter FN que je croise dans la vie sont dans la bourgeoisie, du coup j’ai une vision probablement déformée des choses.

      Admettons que les programme à la Hanouna influent sur la normalisation des idées du FN, faut quand même être à la base homophobe et sexiste pour regarder ce programme et s’en divertir. Qu’il y ai beaucoup de personnes des classes populaires qui regardent ca c’est possible mais faut déjà être des classes populaires ET homophobe pour trouver ca amusant. Et je pense pas que être de classe populaire implique automatiquement d’être homophobe ou que l’homophobie soit plus rependue chez les classes populaires que dans les autres classes. Par contre il faut être homophobe pour trouver « l’humour » de cette émission divertissante.

      Je pense qu’il est important de parler du racisme, de la xénophobie, (et aussi sexisme, homophobie) le définir et rappeler l’historique du racisme au sein du FN, et de surtout pas faire comme si la spécificité du FN ne reposait pas là dedans. C’est la clé du problème. Si il y a quelques ouvriers qui sont ignorants du racisme du FN il faut les en informé et pas faire comme si le FN n’était pas/plus raciste. J’ai l’impression que le fait de parler en terme de « contestation OU racisme » ou dire que le vote ouvrier FN pourrait ne pas être raciste (+sexiste+homophobe+) c’est encore banalisé le FN. Même pensé sérieusement que le FN soit un vote contestataire ca me dérange. C’est pas vraiment ce que j’appellerai « contestataire » ou alors c’est de la contestation « réactionnaire » car le FN est un parti qui prône un retour vers un système et des valeurs traditionnelles.
      J’ai pas de contacte avec ces ouvriers qui votent FN et ne savaient pas que c’était un parti raciste, sexiste, homophobe dont le programme est réactionnaire. Peut être qu’ils sont nombreux, mais je peu pas croire que ce soit vraiment le cas. Je pense que les gens (ouvriers ou pas) comprennent très bien le fond de ce qu’est la « préférence nationale » et que ceux qui votent FN entendent profité de leur privilèges au détriment d’autres personnes. Qu’ils fassent les hypocrites ou qu’ils soient dans le déni de dominants est typique, c’est comme ca que ca fonctionne, mais c’est pas parce que c’est des ouvriers qui se comportent ainsi qu’on devrait jouer le déni qu’ils demandent.

    • J’ai écrit mon message du dessu après celui de @monolecte du coup je suis en retard.

      Sur le fait que les médias ne banalisent pas le FN, j’ai quant même souvent l’impression que le vocabulaire et les thématiques du FN sont banalisées par les partis et les médias. Mais je ne sais pas comment sont traité les candidat·e·s puisque c’est pas le genre de choses que je regarde dans la press.
      Par rapport à la banalisation du FN il y a cet article de libé trouvé ce matin qui me semble exemplaire :
      https://seenthis.net/messages/603160

      edit sur le sois disant éléctorat ouvrier du FN voire ceci https://seenthis.net/messages/603055

    • #racisme (banalisation du) : certains l’assument ouvertement

      Lu ce matin dans la presse locale :

      Un garçon originaire du Rwanda a été insulté, son ami frappé, dans et devant un bar de la rue Bressigny à Angers, dans la nuit du vendredi 5 au samedi 6 mai.
      Cette nuit-là, les deux amis se rendent dans cet établissement pour boire un verre.
      A peine sont-ils entrés dans le bar qu’ils sont alpagués par un individu, qui s’adresse au garçon blanc (le pote du Rwandais) : « Ton pote, c’est une sous-race. Sa race est inférieure à celle de mon chien ».
      Un autre individu y va de ses remarques : « Vive la race blanche ».
      Propos agrémentés de saluts nazis. Ambiance.

      Après enquête, trois jeunes garçons ont été identifiés et sont convoqués en justice le 28 juin prochain.

      Parmi eux François-Aubert Gannat , fils de Pascal Gannat , chef de file régional du Front national.

      Un détail de poids, au-delà de l’étiquette politique (tiens ? on dirait que l’étiquette politique a quand même de l’importance) , quand on sait que ce même garçon a été condamné pour des faits similaires… deux jours seulement avant ces nouveaux actes !

      En savoir plus sur le lascar :
      https://www.google.fr/search?q=francois+aubert+gannat&sa=X&sqi=2&ved=0ahUKEwi5rtaLjZ3UAhXGtBoKHa2JD