• #zone_euro : le #chômage « caché », un défi pour la #BCE
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    Une agence pour l’emploi à Eichstätt (Bavière, Allemagne) © Reuters La BCE s’est interrogée sur les raisons de la faible croissance salariale en zone euro. Pour elle, la situation sur le marché de l’emploi est plus préoccupante que ce que les chiffres officiels du chômage peuvent laisser penser, notamment en raison du sous-emploi.

    #Economie #crise_de_la_zone_euro #emploi #inflation #Mario_Draghi

    • Cette « énigme » est l’objet d’un chapitre du Bulletin économique de la BCE, paru ce mercredi 10 mai. Les équipes de l’institution de Francfort y répondent en notant qu’en réalité, le chômage de la zone euro est beaucoup plus important que ne le laissent entendre les chiffres d’Eurostat, calculés sur la base de la définition de l’Organisation internationale du travail (OIT). Trois catégories d’individus, en effet, sont exclues de ces données : ceux qui sont « découragés » et ne recherchent pas d’emplois, mais pourraient travailler ; ceux qui recherchent un emploi mais ne sont pas « disponibles » pour travailler et, enfin, ceux qui travaillent à temps partiel et voudraient travailler davantage. Les deux premières catégories sont appelées la « force de travail supplémentaire potentielle » ; la troisième, le « sous-emploi ». Cette dernière catégorie concernerait, selon la BCE, pas moins de 7 millions de personnes en zone euro, soit 3 % de la population en âge de travailler.

      Au total, la BCE refait ses calculs. Ce qu’elle appelle la « mollesse du marché du travail » (« labour market slack ») en zone euro concernerait 18 % de la population active étendue à la force de travail supplémentaire potentielle. Un taux qui est donc deux fois plus élevé que le taux de chômage officiel [9.5%]. Certes, cette mesure est incertaine. Beaucoup de personnes sous-employées ne peuvent effectivement pas travailler davantage malgré leur désir et beaucoup de personnes « découragées » ne sont pas prêtes à revenir dans la vie active. Mais il n’en reste pas moins que la BCE, en corrigeant ces éléments, estime que ce « chômage élargi » atteint 15 % de la population active.

      Dès lors, la conclusion s’impose : les données officielles d’Eurostat sur le chômage ne permettent pas de rendre compte du vrai niveau de sous-utilisation de la main-d’œuvre dans la zone euro. Elle est beaucoup plus importante qu’on ne le pense et, concluent les équipes de la BCE, « cette sous-utilisation encore élevée continue probablement à contenir la hausse des salaires ». Pour sortir de l’assouplissement quantitatif sans dommage et disposer d’une vraie dynamique d’inflation et de croissance, il faudra donc régler ce problème de chômage élargi.