• De la « bienveillance »

    Hier matin, 15 mai, dans la matinale de France Culture, nous avons eu droit à la logorrhée tiédasse de quelques candidats aux législatives REM. 
    Au côté de l’art de la périphrase dont Emmanuel Macron est passé maître et qui a l’air d’être devenue la marque des nouveaux adeptes de son mouvement, un mot revient sans cesse comme un mantra : bienveillance !
    Ce mot n’est pas aussi innocent qu’il paraît surtout dans un mouvement qui veut devenir hégémonique ( forme « moderne » du parti unique ?) et dont le chef emblématique marque symboliquement son investiture par l’image conquérante de la remontée des Champs Elysées dans une voiture militaire ( même De Gaulle n’avait pas osé !). Horizontalité disent-ils ? Horizontalité de celles et ceux qu’ils veulent à plat ventre mais pas de leur chef visiblement ! Mais E. Macron n’a pas caché son style avant d’être élu ( ses initiales pour nom de son mouvement, une marche ( militaire ?) que « rien n’arrêtera », recours aux ordonnances, désir de majorité absolu aux législatives et discours martial au lendemain des élections « nous serons des guerriers »... ).
    Les paradoxes et oxymores entre les déclarations, les attitudes a de quoi inquiéter car ils sont propres à brouiller les esprits et à nous anesthésier.
    Alors pourquoi s’arrêter sur ce mot « bienveillance » ?
    D’abord parce que répété sans cesse et comme seule réponse aux questions précises sur le programme politique il ressemble à ces déclarations main sur le cœur qui disent le contraire de ce que pense réellement la personne.
    Mais même si les REM et EM étaient sincères en l’employant que signifie ce mot ? Son sens commun, et un peu rapide et superficiel, que l’on lui donne est positif :"vouloir le bien pour quelqu’un". Mais à y regarder de plus près et à entendre la petite musique qui vient de plus loin, ce mot m’a toujours hérissé. En effet Bienveillance vient aussi du langage religieux, chrétien ; Dieu bienveillant pour les fautes des hommes. Et d’ailleurs
    jusqu’au XXème siècle il y a un sous-entendu de condescendance dans le mot et il raisonne toujours quand je l’entends. On est bienveillant de supérieur vers un inférieur. Et donc le terme peut dériver vers la condescendance, le mépris arrogant et faussement protecteur.
    « La bonté dans une âme, comme la bienveillance dans une autorité quelle qu’elle soit, porte à dimension de l’existence humaine l’harmonie universelle, et accomplit toutes les autres vertus, comme créatrice de volonté et de sens. »
    Un tel gouvernement est un danger ! Il est proche du bruit de bottes qui se cache sous le « silence des pantoufles » .
    C’est la main de fer dans un gant de velours, E. Macron n’a-t-il pas rendu hommage à Margaret Thatcher ?
    Margaret Thatcher qui dès les premiers mois de son mandat à promulgué une loi rendant obligatoire le vote à bulletin secret dans les entreprises pour décider d’une grève, ce qui a ballonné tout mouvement de grève. Margaret Thatcher qui en 1981 imposa une épreuve de force aux prisonniers jusqu’à ce que l’un des grévistes de la faim, Bobby Sands ainsi que 9 autres prisonniers furent morts de faim !
    Quand j’entends « bienveillance » dans la bouche de EM et des ses adeptes je me mets debout face au sourire mielleux et hautain et je demande seulement du respect !

    Texte trouvé sur fb.