Vanderling

La conversation n’est féconde qu’entre esprits attachés à consolider leurs perplexités.


  • http://www.harakiri-choron.com/articles.php?lng=fr&pg=116&mnuid=605&tconfig=0

    Premier et dernier éditorial.
    La Gueule Ouverte n°1-Novembre 1972

    Si, à compter de leur participation aux manifs de Bugey-Cobayes, rien ne pouvait plus être pareil pour beaucoup de gens, cela était encore plus vrai pour les organisateurs desdites manifs. Quand, rendant à Emile, qui m’avait embarqué dans l’aventure Bugey, la monnaie de sa pièce, je l’ai embarqué dans l’aventure du « journal écologique », il n’a pas résisté. On ne résiste pas, n’est-ce pas, à l’incarnation du Destin dans l’Histoire.
    Après Bugey, mes deux pages hebdomadaires ne pouvaient suffire. Le noyautage de la grande presse ayant abouti au peu de résultats escompté, les petits journaux écologiques, dont la valeur est grande mais les moyens dérisoires, se sont multipliés.
    En tentant aujourd’hui, sans garantie de réussite, de donner à la #contestation_écologique, grâce au soutien logistique des francs-tireurs de l’équipe Hara-Kiri, une tribune plus spécifique et si possible aussi efficace que Charlie-Hebdo, nous n’avons pas la prétention de concurrencer les autres feuilles écologiques, au contraire. Nous sommes conscients qu’un journal est une solution de compromis et qu’il risque, du seul fait qu’il existe, de démobiliser. Nous sommes conscients des contradictions quotidiennes dans lesquelles nous enfonce le journalisme professionnel. Et nous savons bien que faire un journal dans une mairie de campagne désaffectée, encouragés par le hennissement sympathique du cheval du voisin, n’est pas une garantie d’honnêteté suffisante. Nous avons dû, englués que nous étions dans les problèmes matériels que pose un tout relatif « retour à la terre », nous secouer pour nous mettre au travail. Nous nous sentions si ridiculement faibles, face au rouleau compresseur du capitalisme emballé… la tentation était telle de se consacrer, enfin, à vivre de cette vie que nous côtoyons, de couper notre bois, de faire notre pain, de retourner à l’homme des bois… LA VIE est là, tout près. A peine sorti le premier numéro, voici que nous assaille la tentation de tout remettre en cause, de pousser plus loin, aussi loin que d’autres, un désengagement dont nous savons bien qu’il se fera toujours plus exigeant : la disproportion des forces en présence impose, à qui refuse l’inéluctable, une radicalité sans cesse plus affirmée. Mais se faire plus radical que la situation actuelle ne l’exige, c’est encore un piège dans lequel nous ne voulons pas tomber.
    Vous aurez compris que, si ce journal ne se veut rien de plus qu’un journal, ni sa forme ni ses objectifs ne sont pour autant fixés, qu’il est un canevas, un prétexte, une base de départ et d’aventure. Nous ne savons pas où nous allons.

    Fournier

    http://archivesautonomies.org/spip.php?article2746
    #La_Gueule_Ouverte #Pierre_Fournier #archives