Les mots se cachent-ils pour mourir ? - Livres - Télérama.fr
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Le sujet est sensible pour les éditeurs. Faire disparaître un mot du dictionnaire est une sentence lourde : à défaut de le tuer, c’est au moins en produire l’acte de décès. « Nous nous refusons à retirer des mots de notre dictionnaire, promet Marie-Hélène Drivaud, directrice éditoriale du Robert. Les mots laissent une trace : désuet et moderne doivent coexister, “java” comme “teuf”. Nous annotons d’une mention “vieilli” ceux qui peuvent être dits par des gens de 80 ans et d’un “vieux” ceux qui ne sont plus dits du tout. Pour s’en assurer, on fait tout simplement des enquêtes dans nos entourages ou auprès des plus jeunes. Ma fille est la première à me le dire lorsque j’utilise un mot inconnu. »
De « cossard » (« fainéant ») à « cibiche » (« cigarette »), Le Petit Robert se veut historique et conserve ainsi les termes du vieux français : « Cela permet de comprendre l’étymologie et l’évolution du langage, justifie Marie-Hélène Drivaud. Et puis certains mots disparaissent et reviennent, comme “thune”, qui est à l’origine l’aumône puis la pièce de cinq francs au XIXe siècle, avant d’être oublié. Il a ressuscité il y a une vingtaine d’années sous un sens différent, désignant l’argent en argot. »