• La fille de la bande | Haute Résolution
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    Mais qu’est-ce qui nous empêche ?
    La réflexion qui germe dans ma tête, attablée à un bureau où les documents de l’ARCEP sont joyeusement entassés à côté du manuel de sémiologie, c’est que, si moi, qui n’ai pas la culture ni le pedigree estudiantin, je peux avoir de l’intérêt pour ces questions, et si moi je peux comprendre (un peu) ces sujets, mais qu’est-ce qui empêche les milliers de filles qui aiment l’informatique et le réseau, qui ont les bons neurones remplis de maths pour comprendre comment ça marche, de faire ce métier ? Il faut absolument avoir un kiki pour configurer des routeurs ? A quel moment c’est indispensable ?

    Moi je vois bien, qu’on a en France des filles comme Sarah Nataf qui arrivent très très bien à faire marcher BGP. Je vois qu’on me conseille de lire la prose de Delphine Cuny (rédactrice en chef adjointe de Rue89, rien que ça), Sandrine Cassini (journaliste au Monde) ou Sarah Belouezzane (journaliste au Monde, aussi !) dans la presse. Donc les filles sont capables non seulement de comprendre ces sujets, mais d’en rendre compte. C’est possible.

    Alors oui, je vois les barrières à l’entrée, qui sont nombreuses, et que j’ai effleurées au cours de mon parcours :

    – Accepter que faire du réseau, en étant une fille, c’est pas criminel (aka, passer au dessus de l’intériorisation d’un sexisme latent, qui fait que tu ne t’autorises pas à aimer telle ou telle chose, parce que c’est des « trucs de mec ») ;

    –La difficulté de faire valoir à ses parents que, « si, je veux être ingénieur réseau plus tard, et oui, « c’est un métier de mec », mais je m’en fiche » ;

    –L’école d’ingénieur, où l’on n’est pas bien nombreuses, et où on ne sait pas si tu es entrée parce que politique de quotas de filles dans l’école, ou vraies compétences (et où la sociabilité à base de chansons au goût douteux peut ne pas faciliter ton entrée dans le groupe) ;

    –Le milieu, plutôt tendance hostile, où il est difficile de se faire une place (dans des métiers autres que commerciaux) sauf à avoir le caractère vraiment trempé (parce que les hommes autour n’ont pas appris la délicatesse vis-à-vis des filles en école d’ingénieur, et ne se sont pas forcément améliorés sur ce point depuis leur diplôme). Sur l’hostilité du milieu, le site Un éléphant dans la vallée (https://www.elephantinthevalley.com) peut donner des clés sur la difficulté à ne pas aller au travail ventre noué en quinze.

    –Et les choses dont j’ai pas idée ou que je ne mesure pas de là où je suis.

    Et il faudrait développer de manière fine et documentée chacun de ces points.

    Oriane PIQUER-LOUIS
    #informatique #femmes #FDN #témoignage