Facebook ouvre ses « poubelles » à une élue allemande - Le Temps
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Pas de formation ni de soutien psychologique
1,8 milliard de personnes ont un compte Facebook dans le monde, dont 28 millions d’Allemands. Depuis l’automne 2015, Arvato filtre une partie de ces contenus, dans la plus grande confidentialité. « Personne à part Facebook ne connaît les règles d’effaçage des contenus illicites », souligne le quotidien Süddeutsche Zeitung, qui avait consacré en décembre 2016 une longue enquête aux conditions de travail des salariés d’Arvato.
Selon l’article, les 650 salariés de l’entreprise seraient contraints de regarder – du début à la fin – 2000 vidéos à contenu illicite par jour, sans formation particulière, et sans soutien psychologique, le tout pour un salaire à peine supérieur au salaire minimum.
Des consignes ambiguës
Le protocole d’entretiens menés avec des salariés et d’anciens salariés d’Arvato avait choqué l’opinion allemande. « J’ai vu des choses qui me font douter sérieusement de la bonté humaine », rapporte l’un. « Je sais qu’il faut bien que quelqu’un fasse ce travail, mais il faudrait que ce soient des gens formés pour ça », explique une autre. « Les règles étaient incompréhensibles, ajoute un ancien salarié. J’ai demandé à mon chef d’équipe : « C’est pas possible, cette image est pleine de sang et de brutalité. Personne ne doit être obligé de voir ça ! » Mais il m’a juste dit : « Ça, c’est ton opinion. Tu dois penser comme Facebook veut que tu penses. »
« Les salariés n’ont pas le droit d’effacer des contenus illicites, si ceux-ci sont acceptés par Facebook », résume l’avocat de Würzburg Chan-Jo Jun, qui dénonce par ailleurs le fait que « les salariés sont obligés de regarder des vidéos brutales dans leur intégralité, tout simplement parce que Facebook n’accepte pas de respecter le simple critère de la dignité humaine comme critère de filtrage de ses contenus illicites. »
Mettre fin au manque de transparence
Le texte que doit adopter le Bundestag d’ici l’été entend mettre fin à ce manque de transparence. Facebook & co ne disposeraient plus que d’un délai de 24 heures pour retirer du net tout contenu haineux ou illicite signalé par les utilisateurs. Les réseaux sociaux seront par ailleurs obligés de communiquer le nom de l’auteur d’un contenu litigieux à sa victime.