Philippe De Jonckheere

(1964 - 2064)

  • Dans tes poches lundi matin
    Tu retrouves un ticket de cinéma,
    Un reçu du musée et un billet de concert

    Législatives : Macron
    Obtient sa majorité absolue,
    Mais pas un " blanc-seing "

    Vue du lundi
    Cette semaine
    Paraît un Everest

    Pour une érection
    Puissante
    Et sans faille !

    Cet été,
    Remplacez votre secrétaire
    Sans embaucher

    Son nom
    Dans ma boîte de réception
    Une électrocution !

    Au café, Philippe Rebbot,
    Comme dans ton rêve du 12 mai
    Trop timide pour l’aborder, j’ai rêvé de vous ?

    Votre Horoscope
    Amour
    100% Gratuit

    Pause-café, tu sors du bureau
    Tu repasses devant le Bal
    Où, samedi, on te proposait de la drogue

    Tu as été tenté de prendre
    Des Méthoxyamphétamines
    A cent mètres de ton open space

    Grand-père tenté par
    Des Méthoxyamphétamines
    A cent mètres de son bureau

    Sara,
    Ton pépé
    Est un guédro

    Mes collègues s’interrogent
    Me placardiserait-on ?
    Ah si seulement !

    Son nom
    Dans ma boîte de réception
    Qui dit non

    Rage de dent bienvenue
    Tu penses
    Moins à elle

    Des hommes de mon âge au café
    Qui parlent boulot
    Quelle existence pourrie !

    La révolution ce serait
    De centraliser tous les services

    Assure l’un d’eux. La révolution ?

    On parle créneaux, business models
    Conduite des affaires pendant vingt ans
    Et donc, révolution

    La serveuse m’apporte mon Perrier tiède
    Oublie la commande de Zoé
    Et met de la mauvaise musique !

    Dans un groupe d’hommes de mon âge au café
    Deux hommes parlent tout le temps
    Deux se taisent et boivent leur café, cachés

    Dans les rues de Paris
    De belles passantes
    Ne font que passer

    Au Centre Médico Pédago Psychologique
    Dans la salle d’attente
    Je lis Jean-Luc Nancy à propos de Lacan

    Un des psychologues
    Du Centre Médico Pédago Psychologique
    Est carré comme un talonneur

    J’en ai assez de relire
    Élever des chèvres en open space
    Plus tard les lecteurs en auront assez de le lire

    Pour soigner mes peines de cœur
    Je lis Jean-Luc Nancy, et Alain Badiou,
    Dans la salle d’attente du CMPP

    J’alterne, je relis dix pages de mon tapuscrit
    Puis je lis dix pages de Jean-Luc Nancy
    Je rougis et ne retourne pas au tapuscrit

    Que peux-tu bien avoir
    À ajouter de la sorte
    À Élever des chèvres en open space ?

    Quand tu écris tu te fais l’effet
    D’un impénitent bavard
    Tu ferais bien de te taire. Sors !

    En fin de journée
    La chaleur retombe
    Pas le manque d’elle. Au contraire.

    Philippe Rebbot
    Placardisé ?
    Jean-Luc Nancy

    #mon_oiseau_bleu