• L’adage «Don’t feed the troll» ne fonctionne pas toujours | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/134282/adage-dont-feed-troll

    Ces derniers temps, trois cas de harcèlement ont retenu mon attention.

    Flo Marandet, prof d’espagnole, la trentaine, mariée, militante féministe active sur les réseaux sociaux. En juillet dernier, elle commence à recevoir des messages d’insultes, appels au viol et tout le toutim. On appelle ça, « le Classico ». Elle décide de les ignorer selon l’adage qui veut qu’on ne doit pas nourrir le troll, autrement dit lui accorder la moindre attention. Ça se calme certains jours mais ça finit toujours par redémarrer. Au bout de cinq mois de harcèlement, elle change alors de stratégie et décide de porter plainte. Elle l’annonce sur sa page Facebook. En l’apprenant, les agresseurs franchissent allègrement plusieurs degrés dans l’intimidation pour qu’elle retire sa plainte. D’abord, les menaces redoublent. Exemple : « Hé si tu lis ce message salope, fais attention à toi, ici on n’a rien à perdre tu vois. Si y’a un mec qui chope ton adresse, tu risques de prendre cher alors je te conseil vivement de retirer tes menaces futiles sur Facebook éspèce de trainée, on n’a peur ni de la justice ni de toi. »

    Ensuite, ils la dénoncent pour propos antisémites (qu’elle n’a jamais tenus évidemment) auprès de la Licra qui ne tombe pas dans le panneau. Ils contactent alors le collège où elle travaille pour la dénoncer. Elle serait antisémite, elle pénaliserait les garçons, elle tiendrait des propos militants en cours etc. Ils contactent également le rectorat, et même des parents d’élèves. Elle n’a pas retiré sa plainte mais elle est terrorisée. Elle vient d’obtenir 8 jours d’ITT et une prescription d’anxiolytiques. La journaliste de LCI qui a publié un article sur cette affaire a elle-même subi un déferlement de promesses de viols.

    Caroline de Haas, également militante féministe. En janvier 2016, elle est aussi victime de messages d’insultes, appels au viol, menaces. 200 messages par minute. Elle hésite un peu mais décide de porter plainte pour être en accord avec ses principes, elle qui répète régulièrement aux victimes de harcèlement de ne pas laisser faire. Elle poursuit deux personnes, pour des messages sur Facebook et Twitter, comme « va te faire violer par tes migrants salope de collabo tu te feras raser la tête poufiasse ». Mais là, surprise. Le parquet classe l’affaire en non-lieu. En fait, les deux entreprises –Facebook et Twitter– ont refusé de fournir les IP des profils en question, sans aucune explication. Ils ne « commentent pas les cas particuliers ». Et sans identification possible, fin de l’histoire. Résultat pour Caroline de Haas : pas mal d’argent et de temps perdu. Et un terrible sentiment d’impuissance.

    Ian Brossat, la trentaine, est élu communiste de la ville de Paris, et homosexuel. Lui aussi reçoit des dizaines de messages d’insultes et menaces de mort et viol. Comme Flo, il choisit de les ignorer. Mais au bout de deux ans, il en a ras le bol. Il se rend compte que l’adage d’internet ne semble pas fonctionner. Il décide de porter plainte en avril 2015, il en fait une action politique pour dénoncer l’homophobie, pour tous ceux qui ne peuvent pas, ou n’osent pas le faire. Le procès vient d’avoir lieu.Ian Brossat avait choisi de poursuivre deux comptes précis. David Perrotin a suivi l’audience pour Buzzfeed. Il raconte qui sont les harceleurs. Un homme de 37 ans, banquier au chômage. Il a écrit notamment : « Salut la petite fiotasse, alors tu t’es bien fait enculer dernièrement par le fion lol ?! » Message qu’il explique ainsi : « J’étais mal réveillé, c’était un lundi matin, c’était par rapport à la politique HLM de la ville de Paris. Je plaide l’immaturité et la bêtise. »

    L’autre accusée est une femme, Nadia A., absente à l’audience parce que déjà incarcérée pour une autre affaire. « Ton cul est réservé ce soir ? On devine par qui ? SALE PD. HONTE SUR VOUS TOIT BOUR MOI LE CUL PLAINTE UMP PENAL. » Elle plaide : « J’ai tweeté cela car Ian Brossat est très arrogant sur Twitter. Dès qu’il n’est pas d’accord, il bloque » et « Je n’ai pas mesuré la portée et le sens de mes propos. » Deux à trois mois avec sursis ont été requis.

    #harcèlement #sexisme #misogynie #homophobie #culture_du_viol

    • a la fin de cet article un texte sur la bienveillance de twitter vis à vis des harceleureuses.
      https://www.buzzfeed.com/charliewarzel/twitter-echoue-depuis-dix-ans-a-lutter-contre-le-harcelement

      Depuis toujours, ou presque, Twitter a non seulement fait preuve de tolérance vis-à-vis du harcèlement et des discours haineux, mais pour ainsi dire tout mis en œuvre pour les encourager. Aujourd’hui le réseau social a une croissance en berne et des utilisateurs de plus en plus remontés. Comment la plateforme qui se posait en « champion de la liberté d’expression dans le parti pour la liberté d’expression » compte-t-elle régler le problème ? BuzzFeed News a recueilli les témoignages de ceux qui tentent de répondre à cette question depuis bientôt dix ans.

      #zuckerberk

    • Oui ce que tu dit est conforme à ce qu’explique le texte sur buzzfeeder. Les personnalités publiques sont les seuls pour lesquels il peu y avoir un politique de modération anti-harcelement. Pour les particulier.e.s le texte dit que Twitter ne fait rien du tout. Pour le cas de Macron Ca doit être un effet de sur protection certainement opportuniste, car les boîtes du genre Twitter doivent bien aimer le neo-liberalisme décomplexé de ce mec et toutes les défiscalisation que ce fourtiquet va leur offrir. du coup pas touche au Macron, c’est leur Grisbi.