ARNO*

Geek dilettante habitant une belle et grande propriété sur la Côte d’améthyste

  • Vu le #film A Cure for Wellness, 2017, de Gore Verbinski. (Il me faudrait une liste des films dont le titre original en anglais est traduit en version française par un autre titre en anglais, généralement moins bon. Ici : A Cure for Life.)

    Je note celui-ci, parce que c’est un cas d’école : je ne sais pas comment on fait pour rater à ce point un film qui commence de manière aussi inratable. Je ne vois qu’un explication : Gore Verbinski a visé au-dessus de sa catégorie, et a été incapable d’assumer le truc (en clair : le type est un mauvais, ce que sa filmographie aurait dû me faire comprendre avant).

    Parce que vraiment, il y a des choses qui interdisent de rater le film :

    – une tripotée de références, certaines très clairement assumées, certaines plus confidentielles… The Shining (1980) évidemment, The Phantom of the Opera (allez, la version de 1925), The Road to Wellville (Aux bons soins du docteur Kellogg, 1994)…

    – une photo magnifique, quelques plans très malins…

    – une anecdote de début, avec ces traders/escrocs qui ont une enquête de la SEC au fesse et qui veulent ramener un cadre qui est parti en cure en Suisse, ça excite bien le neurone au niveau des possibilités d’un gentil discours fleurtant entre politique et fantastique…

    – deux personnages « jeunes » dans un univers où tous les patients sont vieux… je sais pas, il y a des choses à creuser, là. Un petit quelque chose sur les prédateurs, vieux et/ou traders. Ou encore le monstrueux docteur qui est lui-même le prédateur dans un monde de prédateurs…

    Et puis badaboum, au bout d’une demi-heure, c’est juste mauvais et ça ne fait que s’enfoncer. Rien n’est abouti, rien n’est cohérent, rien n’est assumé. Même la scène de la cérémonie avec les gens masqués en grand costume, mais ça sort d’où cette secte ? L’histoire des vilains traders, ça se perd en route. Le héros qui se remémore le suicide de son père, c’est répétitif, sans aucune surprise, et on s’en contrefout. L’horreur autour des anguilles, c’est bof. L’angoisse de ce que deviennent les gens, c’est bof bof. Les « pistes » sont à la fois totalement prévisibles et souvent idiotes (le « passage secret » au milieu du jardin utilisé la nuit à la vue de tous). Et puis l’argument (le docteur immortel tout ça…) alors qu’on a clairement entretenu une ambiance de fantastique (ce genre où l’on ne sait jamais trop si l’on est dans le rêve, le surnaturel, la folie…) qui se termine dans l’explication grand-guignol et sans subtilité… Arg, c’est mauvais mauvais mauvais. (Déçu déçu déçu.)

    • vu également, hier soir. Terrible. Dommage.
      Hypothèse : le gars veut pas filmer. Il veut faire des images . Il a des images en tête - une danse de derviches hypnotisés, une jeune fille sur un mur qui picote des paysages gothiques, des règles et des anguilles dans une piscine qui tourbillonnent - et il les veut, ses images, il veut les placer coûte de coûte, rien d’autre ne le tient. Il sait peut-être, il se doute, que ça donnerait de vilaines peintures ridicules préraphaélites et ça, quand même, en 2017, on peut pas peindre des conneries pareilles (en fait, si, j’en vois souvent, mais disons que G.V. se rend bien compte que c’est grotesque). Alors il fait des plans, il ne peint pas des tableaux. Mais des plans, ça fait pas un film. Des images, ça fait pas un scenario. Aucune rigueur, aucune logique interne à ce scenario, juste ldes plans, une brocante d’image qu’il veut à tout prix. Il espère qu’on va être pris, qu’on se rendra pas compte que c’est au delà de con, de malfoutu. Le tout est très pompièrement filmé, ça se regarde tourner tant que ça en est embarrassant de vanité. C’est con, j’aimais bien les anguilles, les vieux secs, le mélange possible de conte de fée et de trading, les relents de littérature de sana, tout ça. Mais rien n’est à sa place, tout n’y est que posture lissée. Et l’abondance de références, laborieuse, concoure à embrouiller le bordel, à délier tout ça, à le disloquer. Manque de sens, d’intelligence, de cinéma.