Articles repérés par Hervé Le Crosnier

Je prend ici des notes sur mes lectures. Les citations proviennent des articles cités.

  • Les sulfureuses privatisations d’Emmanuel Macron | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/070717/les-sulfureuses-privatisations-d-emmanuel-macron?onglet=full

    ême si le gouvernement n’a encore donné que très peu de détails sur les privatisations qu’il envisage pour la durée du quinquennat, deux raisons majeures font craindre qu’elles ne soient les plus controversées que la France ait jamais connues. D’abord, la France a déjà abandonné aux appétits privés les sociétés industrielles, financières et commerciales qu’elle contrôlait et ne détient plus dans certains de ces groupes que des participations minoritaires. L’essentiel des futures cessions d’actifs pourrait donc porter sur des biens d’un autre type : des « biens communs », comme disent les économistes, c’est-à-dire des entreprises qui assument des missions de service public. Ensuite, si le passé parle pour l’avenir, les privatisations conduites par Emmanuel Macron du temps où il était ministre de l’économie constituent un très mauvais présage pour les futures opérations.

    Une cession des parts dans Orange (13,5 % du capital pour environ 5 milliards d’euros) ou dans Air France-KLM (17,6 %, pour un peu plus de 600 millions d’euros) poserait tout autant des problèmes stratégiques. En pleine révolution numérique, est-il par exemple concevable que la puissance publique abandonne au privé tous les leviers de la téléphonie et de l’accès à Internet, facilitant la constitution d’immenses fortunes, réalisées en un temps record, le plus souvent sur le démembrement des anciens monopoles publics, comme en ont profité des milliardaires tels que Patrick Drahi ou Xavier Niel ?

    Autre question de même nature : alors qu’à la fin de la guerre, la puissance publique avait à juste titre considéré que le pluralisme de la presse reposait aussi sur l’universalité de sa diffusion, et avait donc adopté une loi célèbre pour la garantir, connue sous le nom de « loi Bichet », est-il concevable que les kiosques du futur, qui seront numériques, ne soient pas assujettis au même principe d’universalité et ne mettent en vente sur leurs portails, à l’image du portail SFR Presse de Patrick Drahi, que les journaux qui leur plaisent ? À l’aune de cette seule question, dont l’État se désintéresse totalement, on mesure la gravité qu’aurait un retrait total de celui-ci dans un domaine aussi stratégique que la téléphonie et l’accès à Internet.

    L’affaire n’en est pas restée là. Car quelque temps plus tard, à l’automne 2016, les actionnaires chinois de l’aéroport de Toulouse-Blagnac se sont servi un dividende exceptionnel de 15 millions d’euros, en puisant dans les réserves accumulées les années antérieures. En bref, ils sont allés puiser dans les réserves de la société, mises de côté pour faire face aux investissements futurs, pour se rembourser d’une partie de leur mise de départ. Le vote sur ce dividende a été acquis avec l’appui des représentants de l’APE. En somme, les investisseurs chinois et l’État, en totale complicité, se sont comportés comme un fonds rapace, siphonnant la trésorerie de l’entreprise, au risque de mettre à mal son développement.

    Le 28 juin, les investisseurs chinois ont franchi un pas de plus – toujours avec l’appui de l’État français – en faisant voter un nouveau versement de dividendes de 7,85 millions d’euros (lire ici l’article d’Actu Toulouse), comprenant une nouvelle ponction sur les réserves de l’entreprise à hauteur de 1,5 million d’euros. Au fil des mois, les collectivités locales (le département et la Région), qui ont essayé de défendre les intérêts publics, ont ainsi eu la consternante surprise de constater que l’APE avait partie liée avec les oligarques chinois contre eux, pour les aider à siphonner le plus possible d’argent. Pour mémoire, le commissaire aux participations de l’État, Martin Vial, qui pilote de la sorte l’APE et brade ainsi l’intérêt général, est l’époux de Florence Parly, l’ex-socialiste promue par Emmanuel Macron ministre des armées.

    En somme, la privatisation de l’aéroport de Toulouse est sans doute la pire, économiquement la plus dangereuse et éthiquement la plus contestable, que la France ait connue. Malheureusement, sous le prétexte de financer la nouvelle économie, elle marque sans doute aussi par anticipation l’ouverture d’une ère nouvelle : les sulfureuses privatisations du quinquennat Macron…

    #politique_France #services_publics #intérêt_général