• Vers l’humain consommable – Corps viande : le devenir animal et l’homme zombie – DIACRITIK
    https://diacritik.com/2017/07/12/vers-lhumain-consommable-corps-viande-le-devenir-animal-et-lhomme-zombie


    Pilar Albarracin, She Wolf, 2006, vidéo © Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois, Paris

    La définition de vivant ne va plus de soi depuis des années notamment face à une médecine dont le progrès brouille les frontières entre corps vivant, malade et cadavre. L’état de mort cérébrale en est l’exemple le plus frappant. Cependant une approche du concept semble apparaître en ce début du XXIe siècle : après l’ère de la robotique, de l’homme androïde, du corps métallique qui fut le fantasme du siècle dernier – depuis les hommes robotisés des peintures de Fernand Léger au mouvement cyberpunk des années 90 –, la chair organique revient comme modèle du nouveau vivant. Mais ce n’est pas cette chair saine et bien portante à laquelle certaines médecines douces tentent de redonner ses titres de noblesse mais une chair qui retourne à sa définition originelle. Chair modeste, trop modeste, une simple chair comestible… Car le corps humain, roseau pensant, malgré la grandeur d’âme qu’il peut contenir, qu’est-il au final si ce n’est un assemblage d’os, de muscles et de veines ? Que devient-il, privé de sa pensée, si ce n’est un simple tas de viande ?

    Une prise de conscience de notre proximité avec l’animal, qui constitue pourtant une des bases de notre alimentation, semble connaître dernièrement un certain intérêt. En conséquence, zombies et cannibales reviennent avec succès dans les intrigues de fictions et les préoccupations philosophiques. Pensons à l’exposition de 2011 à La Maison rouge : « Tous Cannibales ». Dans la tradition de la maxime « l’homme est un loup pour l’homme » théorisée par Hobbes dans son Léviathan, l’exposition proposait des corps fragmentés, en proie à la violence de l’homme par l’homme, connaissant ainsi un retour au statut chair. La commissaire Jeanette Zwingenberger a décrit l’événement comme une proposition de la chair en tant que définition propre du vivant, résultat de la mise au point de la greffe d’organe, souci de l’unité du corps éclaté. Mais aussi, a-t-elle ajouté, il s’agirait d’une invitation à méditer sur la question de la dévoration de l’autre en général : n’y aurait-il pas absorption, voire dévoration, dans la relation à autrui, ce semblable avec qui je partage et construis mon moi ? Comme le souligne Claude Lévi-Strauss, dans une citation mise en exergue par la commissaire de l’exposition : « Nous sommes tous des cannibales. Après tout, le moyen le plus simple d’identifier autrui à soi-même, c’est encore de le manger » (La Repubblica, 1993).

    #cannibalisme #viande #zombies
    via @dora_ellen

    • Article ratiocentré. Sans pensée nous avons toujours des émotions, de la sensibilité, on est loin du tas de viande.
      D’ailleurs l’auteur confond relation, par ex. symbolique et cannibalisme ce qui n’a rien avoir.
      Une des définition de l’art qui a existé durant un temps, c’est précisément un objet de consommation qui ne se consomme pas.

    • Il existe des millions d’êtres humains qui se proposent d’être dévorés par les leurs. Las, ils ne trouvent nul preneur. Leur chair décharnée, mal nourrie infestée de maladie sinon périmée est impropre à la consommation