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« vivere vuol dire essere partigiani » Antonio Gramsci

  • Le 14 juillet : M. Macron ou l’histoire pour les nuls par Francois Cocq

    Aujourd’hui 14 juillet, dans son discours Ă  l’issue du dĂ©filĂ©e des armĂ©es, le PrĂ©sident Macron revisitait Ă  nouveau l’Histoire de France en rĂ©duisant l’EgalitĂ© Ă  l’égalitĂ© des chances – « En ce 14 juillet, nous cĂ©lĂ©brons ce qui nous unit [
]. Cette ambition de donner Ă  chacun sa chance qu’on appelle Ă©galitĂ© » –

    Les rĂ©fĂ©rences Ă  la Grande rĂ©volution de M. Macron tĂ©moignent dĂ©cidĂ©ment d’une vision au mieux superficielle et plus certainement rĂ©visionniste de l’épisode fondateur du peuple en tant que corps politique constituĂ©. On se souvient en effet de la rĂ©fĂ©rence de M. Macron Ă  SieyĂšs et Mirabeau pour tenter de fustiger l’absence de Jean-Luc MĂ©lenchon et des dĂ©putĂ©s Insoumis lors du CongrĂšs de Versailles le 3 juillet. Jean-Luc MĂ©lenchon lui avait Ă  juste titre rappelĂ© alors que SieyĂšs est justement celui-lĂ  mĂȘme qui avait portĂ© la suppression du fait de siĂ©ger par ordre et avait appelĂ© Ă  la transformation des Ă©tats-gĂ©nĂ©raux en assemblĂ©e constituante. On aurait Ă©galement pu rappeler Ă  sa majestĂ© contemporaine que Mirabeau intervenait au mĂȘme moment dans le dĂ©bat pour nommer l’AssemblĂ©e et proposait alors « AssemblĂ©e des reprĂ©sentants du peuple », dimension sur laquelle s’assoit allĂšgrement le Sieur Macron lorsqu’il use et abuse des ordonnances pour couper court Ă  l’intervention de ladite AssemblĂ©e.

    Ce mĂȘme 3 juillet, en Ă©coutant sa majestĂ© Macron s’exprimer depuis le dĂ©cor dorĂ© du chĂąteau de Versailles oĂč il avait convoquĂ© le CongrĂšs, j’étais dĂ©jĂ  choquĂ© par la rĂ©ouverture caricaturale de la plaie entre jacobins et girondins : « La centralisation jacobine traduit trop souvent la peur Ă©lĂ©mentaire de perdre une part de son pouvoir. Conjurons cette peur. Osons expĂ©rimenter et dĂ©concentrer, c’est indispensable pour les territoires ruraux comme pour les quartiers difficiles. Osons conclure avec nos territoires de vrais pactes girondins, fondĂ©s sur la confiance et la responsabilitĂ© » dĂ©clarait alors le chef de l’Etat.

    Passons sur le fait que M. Macron feigne de ne pas voir que le mouvement jacobin est justement celui qui a Ă©tĂ© le plus loin dans l’exigence dĂ©mocratique pour chercher Ă  se se prĂ©munir de la dĂ©lĂ©gation de pouvoir dans la reprĂ©sentativitĂ©. Mais il pourrait au moins se souvenir, en ce 14 juillet, que les paroles de La Marseillaise, chant rĂ©volutionnaire rĂ©digĂ© dans la nuit du 25 au 26 avril 1792 peu aprĂšs l’entrĂ©e en guerre, sont une mise en musique d’un texte de La sociĂ©tĂ© des amis de la constitution, plus connue sous le titre de Club des jacobins, placardĂ© la veille sur les murs de Strasbourg oĂč se trouvait Rouget de Lisle :

    « Aux armes, citoyens ! L’étendard de la guerre est dĂ©ployĂ© : le signal est donnĂ©. Aux armes ! Il faut combattre, vaincre ou mourir !

    « Aux armes, citoyens ! Si nous persistons Ă  ĂȘtre libres, toutes les puissances de l’Europe verront Ă©chouer leurs sinistres complots. Qu’ils tremblent, ces despotes couronnĂ©s ! L’éclat de la libertĂ© luira pour tous les hommes. Vous vous montrerez dignes enfants de la libertĂ© ; courez Ă  la victoire, dissipez les armĂ©es des despotes, immolez sans remords les traĂźtres, les rebelles qui, armĂ©s contre la patrie, ne veulent y entrer que pour faire couler le sang de nos compatriotes !

    Marchons ! Soyons libres jusqu’au dernier soupir, et que nos vƓux soient constamment pour la fĂ©licitĂ© de la patrie et le bonheur de tous le genre humain ».

    M. Macron va-t-il aller jusqu’à se dĂ©dire de La Marseillaise en ce 14 juillet ? Si tel est le cas, il pourra peut-ĂȘtre se rabattre sur ce qui est le chant premier du 14 juillet, avant que La Marseillaise ne devienne chant national sous le directoire puis hymne national en 1879, Ă  savoir le Ah ça ira : c’est en effet ce chant lĂ  qui fĂ»t repris le 14 juillet 1790, source autant que le 14 juillet de l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente de notre fĂȘte nationale. Mais il n’est pas sĂ»r que les paroles coĂŻncident mieux avec la relecture qu’en fait M. Macron : l’égalitĂ© – et non l’égalitĂ© des chances – Ă©tait alors Ă©rigĂ©e en valeur fondatrice du peuple : « Ah ça ira, ça ira, Nous n’avions plus ni nobles ni prĂȘtres, Ah ça ira, ça ira, l’égalitĂ© partout rĂšgnera ». Et la Loi, expression de la volontĂ© gĂ©nĂ©rale rousseuiste, cĂ©lĂ©brĂ©e comme contrat social dans les mains des reprĂ©sentants du peuple : « A h ça ira, ça ira, suivant les maximes de l’Evangile, Ah ça ira, ça ira, Du lĂ©gislateur tout s’accomplira, Celui qui s’élĂšve on abaissera, Et qui s’abaisse on l’élĂšvera, Ah ça ira, ça ira, Le vrai catĂ©chisme nous instruira, Et l’affreux fanatisme s’éteindra, Pour ĂȘtre Ă  la Loi docile, Tout Français s’exercera, Ah ça ira, ça ira ». Pas sĂ»r en effet que cela cadre si bien que cela avec l’idĂ©e que se fait sa majestĂ© Macron des riens et de leurs reprĂ©sentants


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