Monolecte đŸ˜·đŸ€Ź

Fauteuse de merde 🐘 @Monolecte@framapiaf.org

  • Mais que devient l’#argent des #pauvres ? - Une heure de peine...
    â–șhttp://uneheuredepeine.blogspot.fr/2017/07/mais-que-devient-largent-des-pauvres.html

    Ce sur quoi insiste Matthew Desmond, et bien d’autres chercheurs, c’est que ces dĂ©penses ne sont pas la cause de la pauvretĂ© : tout au contraire, elles en sont la consĂ©quence. C’est parce que l’on a si peu que tout utilisation vertueuse de son argent, toute tentative d’accumulation, d’épargne, de sauvegarde est vouĂ©e Ă  l’échec. Ou plutĂŽt demanderait des sacrifices si importants et si incertains qu’il est beaucoup plus rationnel de ne pas les faire : il vaut mieux se faire un festin de homard aujourd’hui, quitte Ă  avoir faim tout le mois, plutĂŽt d’avoir faim pendant plusieurs annĂ©es pour pouvoir, peut-ĂȘtre, si la conjoncture et la providence le permettent, si l’on ne se fait pas voler ou tuer avant, si l’on ne tombe pas malade, et si l’on trouve comment faire, stabiliser un tout petit peu sa situation... C’est l’une des discussions centrales d’Evicted, mĂȘme si elle est Ă©parpillĂ©e entre les chapitres et les notes de fin : Matthew Desmond dĂ©monte sciemment les arguments autour de la « culture de la pauvretĂ© », l’idĂ©e selon laquelle les pauvres seraient pauvres parce qu’ils auraient certains comportements particuliers. Il insiste sur le fait que « la pauvretĂ©, c’est la pauvretĂ© », autrement dit que la situation Ă©conomique Ă  elle seule permet de comprendre ce que font les individus, qu’elle est une cause avant d’ĂȘtre une consĂ©quence, qu’on n’a pas besoin de la thĂ©oriser en lui adjoignant une « culture »... Et que, finalement, si chacun d’entre nous se retrouvait Ă  vivre comme les plus pauvres, il ferait probablement pareil.

    #sociologie

    • Vraiment ? vous pouvez lire des recherches qui partent de ce prorata ?

      Il y a quelque chose de vrai lĂ -dedans : si les pauvres sont pauvres, c’est bien, en partie au moins, parce que leurs revenus sont dĂ©pensĂ©s de façon excessive, d’une façon qui les enferme dans leur situation prĂ©caire.

    • Dans son ethnographie des expulsions Ă  Milwaukke, Matthew Desmond refuse prĂ©cisĂ©ment de nier ces problĂšmes : “il y a deux façons de dĂ©shumaniser les gens”, note-t-il, “leur nier toute vertu, les absoudre de tout pĂ©chĂ©” ("There are two ways to dehumanize : the first is to strip people all virtue, the second is to cleanse them of all sin", p. 378).

    • Sur l’#immobilier, la #location et la #guerre_aux_pauvres

      Quand les immeubles ont commencĂ© Ă  apparaĂźtre Ă  New York au milieu du XIXe siĂšcle, les loyers dans le pire ghetto Ă©taient 30% plus Ă©levĂ© que dans les beaux quartiers. Dans les annĂ©es 1920 et 1930, les loyers pour les habitations vĂ©tustes des ghettos noirs de Milwaukee, de Philadelphie et d’autres villes du Nord Ă©tait plus Ă©levĂ©s que ceux pour de biens meilleurs logements dans les quartiers blancs. A la fin des annĂ©es 1960, les loyers dans les plus grandes villes Ă©tait plus Ă©levĂ©s pour les Noirs que pour les Blancs pour des logements Ă©quivalents. Les pauvres ne se concentrent pas dans les quartiers en mauvais Ă©tat parce que les loyers y sont moins Ă©levĂ©s. Ils sont lĂ  - et c’est tout particuliĂšrement le cas pour les Noirs pauvres - parce qu’ils y sont autorisĂ©s.
      Les propriĂ©taires des logements du bas du marchĂ© ne baisse gĂ©nĂ©ralement pas les prix pour satisfaire la demande et Ă©viter le coĂ»t des impayĂ©s et des expulsions. Il y a des coĂ»ts Ă  Ă©viter ces coĂ»ts. Pour beaucoup de propriĂ©taires, il est moins cher de supporter le coĂ»t d’une expulsion que de remettre leur bien en Ă©tat. Il est possible d’économiser des coĂ»ts de maintenance si les locataires ont continuellement des loyers de retard (were perpetually behind). Et beaucoup de locataires propres ont continuellement des loyers en retard parce que leur loyer est trop Ă©levĂ© (p. 75).

      +

      ’il y a bien lĂ  quelque chose qui explique la pauvretĂ© des plus fragiles : une forme d’exploitation de leur prĂ©caritĂ©

      Le #marchĂ©_de_la_pauvretĂ© est un nouvel eldorado, s’y engouffrent les formateurs de CV, l’anpe, toutes les administrations et contrĂŽleurs de pauvres, les assistantes sociales, les propriĂ©taires qui leur font payer leur maison en louant des studios, et en plus il faut dire merci

      le pauvre fait dĂ©cidĂ©ment vivre beaucoup de gens sur son dos pouilleux, respect !