Supergéante

Retoquée profesionnelle.

  • De la difficulté de se faire stériliser

    J’avais 29 ans et j’étais célibataire sans enfants la première fois que j’ai demandé à me faire stériliser. Mon médecin s’est pincé les lèvres comme si j’avais sorti une absurdité. Je vais sans doute vouloir, m’a-t-il assuré, des enfants en vieillissant. Au milieu de la trentaine, j’ai demandé à un autre médecin, une femme cette fois-ci. Elle m’a conseillé de rentrer chez moi et de discuter de ma fertilité avec mon mari ou mon petit ami – je n’avais ni l’un ni l’autre à l’époque.

    L’idée de me faire stériliser m’a hantée pendant la majeure partie de ma vie d’adulte. Il a pourtant fallu près d’une décennie et demie pour que quelqu’un me prenne au sérieux. Plus tôt ce mois-ci – à l’âge de 42 ans, toujours célibataire sans enfants – j’ai enfin subi une ligature des trompes par laparoscopie.

    https://www.vice.com/fr/article/zmxbw9/de-la-difficulte-de-se-faire-steriliser

    • j’ai suivi le parcours interminable, infantilisant, d’une normativité clinique étouffante et d’une autorité sur les corps insupportable, de ma compagne dans cette démarche (elle avait tout de même presque 40 ans, bordel ! toujours pas d’empire sur son propre corps ! Mais quand, alors ?? Quand une femme de 35 ans n’a pas de gosses, il lui est encore impossible de faire entendre que c’est un foutu choix de vie et pas une tare psychique ou un retard au démarrage d’un cours prétendument normal de la chaîne des désirs et des accomplissements sociaux). Vingt ans avant, c’est pour la simple pose d’un stérilet que j’avais suivi avec effarement le parcours du combattant de ma compagne (elle avait 25 ans), ligne pointillée de menaces, chantages, infantilisations etc. Saloperies de médecins.

    • Oui, j’ai une amie d’enfance qui n’a jamais voulu de gosses. Je crois qu’elle aussi, elle demandé sa première stérilisation avant 30 ans, refusée, bien sûr… par des types qui — on le sait maintenant — n’avaient pas le moindre problème à stériliser sans leur consentement des femmes dont ils jugeaient qu’elles ne devaient pas ou plus se reproduire…
      Finalement, elle a obtenu ce qu’elle voulait à 40 ans, en Irlande, où elle vit actuellement. Elle a vécu ce jour comme une délivrance.

    • De mon coté il m’a fallu 10 ans pour pouvoir bénéficié enfin de la procédure. J’ai même eu le cas d’une gyneco que je venais voire pour un IVG vers mes 24-25 ans. Après l’IVG elle veux m’imposer la pilule. Alors que la grossesse que j’avais interrompu était survenu sous pilule et que je fumais plus d’un paquet par jour et que je refusait la pilule. Elle m’a dit péremptoirement « Vous allez arrêter de fumer »

      J’ai demandé un DIU elle a refusé au prétexte que j’étais nullipare.
      J’ai demandé la stérilisation, elle a refusé au prétexte que je lui ferais obligatoirement un procès dans quelques années !
      Ça à fini en noms d’oiseau et claquage de porte. Je suis partie sans aucune methode de contraception et j’ai pas revu de gyneco pendant 10 ans jusqu’à ce que je trouve les infos ultra secrète dont j’avais besoin pour disposé de mes droits sur mon propre corps et avoir enfin accès à la contraception que je désire.
      Par rapport aux infos ultra secrète, je les ai trouvées via une connaissances de ma mère qui connaît une femmes dans un planning familial qui aurais des infos. J’ai appelé une première fois à ce planning familiale et demandé la personne qu’on m’a conseillé. Elle était pas là. Lors de ce premier appel on m’a expliqué que c’était réservé aux femmes qui ont déjà des enfants. Ce qui est faux. J’ai rappeler et cette fois la bonne personne était présente. Elle m’a quant même dit qu’il me faudrait l’autorisation de mon conjoint alias le véritable propriétaire de mon utérus.
      Une fois à l’hôpital le médecin m’a dit que cette autorisation n’était pas nécessaire. (Encor heureux ! )
      Après l’intervention au moment de payé, la personne en charge de cette étape, m’a expliqué quant même que c’était un scandale ces jeunes filles qui demandent la stérilisation par simple flemme de prendre la pilule et que cette contraception devait être réservé aux femmes plus agées... J’étais un peu sonné de l’opération j’ai laissé passé mais cette remarque m’avais beaucoup heurté. D’un coté ça enfonçait l’idée que les jeunes femmes ont un devoir de prendre la pilule pour resté potentiellement fécondes et aussi le fait qu’à 36-38 ans j’étais délivré de cette obligation en tant que vieille peau à jetter. Comme ca venais d’une personne qui étais sensé être un peu éveillée sur ce sujet, ca m’avais particulièrement déprimé de retrouvé ce genre de discours.

    • Par rapport à cette demande d’autorisation du conjoint/propriétaire et cette idée que le conjoint est propriétaire des organes génitaux et reproducteur de sa conjointe-propriété. C’est une croyance assez commune qu’on retrouve plutot avec l’IVG.

      Près d’un Français sur cinq est persuadé qu’une femme qui décide de subir un avortement doit absolument avoir l’autorisation de son conjoint.

      http://www.europe1.fr/sante/ivg-comment-lutter-contre-les-idees-recues-2521073

      Cette croyance me semble très emprunte de #culture_du_viol

    • Oui d’ailleurs en face tu as le tabou sur les mères qui n’ont pas le droit de dire qu’elles regrette d’être mère.
      http://www.liberation.fr/debats/2016/07/10/le-regret-d-etre-mere-ultime-tabou_1465328

      J’ai quelques copines qui m’ont confié que si on leur avait expliqué vraiment comment ca se passe elles n’auraient pas eu d’enfant. J’ai déjà entendu aussi l’idée qu’il ne faut pas donner de détails déplaisants sur la grossesse, l’accouchement, et les suites aux filles et jeunes femmes car sinon elles ne voudrons pas faire d’enfants.

    • Sur la question gynéco, j’avais lu aussi quelque chose sur certaines maladies utérines qui nécessitent une hystérectomie, qu’on fait trainer des années avec cette idée de maintenir la fertilité alors que les femmes souffrent de cette affection au quotidien avec des règles pléthoriques atroces et sont majoritairement stériles quand elles en sont affectées, il faut que je recherche les références. Ça finit à 99% par l’ablation, mais impossible d’avoir l’opération avant 35 ans ou seulement en cas de danger mortel.

    • Sympa la question de ta copine @supergeante
      Ca me fait pensé à un cas contradictoire par rapport à l’endométriose. Un des rare « traitement » contre la maladie est le déclenchement d’une ménopause artificiel. Ca ne guérie pas l’endométriose mais ca peut parfois atténué la douleur qui se fait plus forte au moment des règles. Une copine qui est atteinte d’endométriose assez lourde et qui désir avoir des enfants, s’est vu prescrire un traitement hormonal déclencheur de la ménopause vers ses 30 ans sans que lea gyneco ne lui donne aucun détail là dessus. C’est en regardant sur internet avant de commencer le traitement qu’elle à découvert cet effet.

      Je ne sais pas ce qui à fait que cette femme pouvait devenir stérile contre son gré dans la plus parfaite indifférence du gyneco. Elle étais tatouée mais blanche, c’était peut être une question de classisme, je ne sais pas. Je sais qu’il y a un biais racial, car les femmes racisées se voient souvent proposé et parfois imposé l’IVG, la stérilisation ou des contraceptifs dangereux qui peuvent facilement rendre stérile ou donner le cancer.
      Je pense que les femmes en situations de handicape doivent etre facilement stérilisées aussi, sans trop qu’on leur demande leur consentement.

      #eugénisme

    • @mad_meg @supergeante : oui oui c’est temporaire. En fait c’est débile qu’ils appellent ça comme ça. Ça montre d’ailleurs que quand on n’est plus fertile, on est un peu mise de côté, du côté des ménopausées en quelque sorte. Il y a d’autres façons de traiter l’endométriose même s’il n’y a pas de panacée, entre autres via un certain type d’alimentation, l’endométriose étant une maladie inflammatoire. Mais ce n’est clairement pas le chemin vers lequel vous incite à aller tout le corps médical, comme d’habitude vu que ça n’engraisse aucun labo.

      Concernant les témoignages de refus de ligature des trompes et de stérilets, ça me tue à chaque fois que je lis ça. La preuve ultime que nous sommes assignées à une fonction de reproductrice, quelles que soient les orientations personnelles ou professionnelles que nous donnons à nos vies. Quand parviendrons nous à reprendre contrôle de nos corps ? Le corps médical est clairement un obstacle à cela et je ne vois pas de solution pour l’instant, à mon plus grand désespoir ! Rejoindre des collectifs de femmes axés sur ces sujets par exemple les femmes atteintes d’endométriose etc permet au moins d’avoir les bonnes infos.

      Par rapport aux infos ultra secrète, je les ai trouvées via une connaissances de ma mère qui connaît une femmes dans un planning familial qui aurais des infos

      On dirait une enquête policière lol

      Quel combat !