Tradfem

La collective TRADFEM est née en 2013 autour de plusieurs projets de traductions, en particulier le texte d’Andrea Dworkin « Je veux une trêve de 24 heures durant laquelle il n’y aura pas de viol ». Ce texte a été travaillé par un petit groupe de gens qui ont alors souhaité prolonger cette collaboration. Celle-ci s’est ensuite étendue avec l’arrivée de nouvelles personnes. Aujourd’hui (2016), la collective rassemble une dizaine de membres, qui ne sont pas nécessairement des professionnel.le.s de la traduction et qui s’y investissent selon leurs possibilités respectives. TRADFEM est mixte avec des personnes vivant en France, au Québec, en Espagne et en Allemagne.

  • #Rebecca_Mott : : L’enfer est ici, sur Terre
    https://tradfem.wordpress.com/2017/08/08/rebecca-mott-lenfer-est-ici-sur-terre


    Je veux aujourd’hui, par ce billet, explorer l’intérieur de mon silence.

    Je ne sais pas si cela va fonctionner, ou même si ce sera compréhensible. Mais pour atteindre le lieu de mon enfer, je dois creuser profondément.

    Je n’ai pas de mémoire visuelle — quand je pense, je ne vois pas d’images, je me vois simplement entourée d’émotions ou de l’absence d’émotions.

    Je crois que j’ai arrêté de voir parce que mon esprit ne pouvait contenir la réalité de cet enfer, alors il l’a stockée dans le reste de mon corps.

    Donc, cet enfer m’a valu de nombreux cadeaux.

    Le cadeau de la souffrance de souvenirs inscrits dans mon corps, qui dictent à mon esprit certaines vérités.

    Le cadeau de l’hypervigilance et d’un sommeil qui refuse d’être trop profond.

    Le cadeau d’émotions mortes qui entravent mes liens avec les autres.

    L’enfer qui a pour nom la prostitution d’intérieur — que ce soit la « GirlFriend Experience », la fonction d’escorte ou la danse sexuelle — et qui reste inscrit dans chaque cellule de mon corps.

    Je suis fière d’être une femme sortie du milieu, fière que mon blogue atteigne et transforme autant de gens, fière d’être toujours en vie et en mouvement dans la bonne direction.

    Mais l’enfer que j’ai vécu à l’intérieur ne me quitte jamais complètement.

    C’est l’enfer qui me saisit à la gorge et m’étouffe alors que je suis déterminée à vivre.

    C’est l’enfer d’une nausée permanente.

    C’est un enfer qui se moque de chacune de mes tentatives d’être simplement normale et libérée de l’industrie du sexe.

    Je me bats tous les jours en vue de cette liberté.

    Traduction : #Tradfem
    Version originale : https://rebeccamott.net/2017/08/08/hell-is-a-place-on-earth

    #système_prostituteur #abolitionnisme #traumatisme