Les rêves en ce moment
Vont souvent par trois
Et sont très illogiques
Émile rentre de L’EMPRO
Avec une demi-douzaine de camarades
Je ne suis pas dépassé par les événements (irréel)
Mon père débouche du 93 pour mon Grand-Père
Ils échangent à propos de la vie sentimentale
Ils se tutoient (invraisemblable)
Mon cousin Raymond
Fait le pitre au piano
Mais ne fait rire personne (rare)
Moment de grand silence
Avec Émile, tous les deux
Assis sur la margelle, matin
Cafés à répétition
Pour retarder
Le moment de s’y mettre
S’y mettre finalement
Dans l’espoir, déçu
Toujours déçu, de l’oublier
Malgré tout, peindre, discuter
Peindre, couche après couche
Discuter, année après années
Clément me parle d’un chantier
Démarré dans le but d’oublier
Et son plaisir, désormais, d’y habiter
Sarah nous apporte un café
Nous avons les mains pleines de laque
Le café a un goût d’esprit blanc
Après la douche, tenter
De retrouver ses pensées et domestiquer
Le tremblement des mains sur le clavier
Souffrir de solitude
Au milieu des siens
Tous attentionnés
Déjeuner et rire
Dans le vacarme
D’une débrousailleuse
Tes deux manuscrits n’avancent guère
Tu n’as pas encore fini de lire un livre
Mais les volets se teignent de rouge basque
Rouge basque
Rouge basque
Rouge basque
La tentation est grande
D’écrire des poèmes
En avance
Décrire une autre vie
Écrire des poèmes performatifs
Faire advenir un futur proche rêvé
Mais non,
Surtout n’en rien faire
Et tarir tout espoir d’elle
Puisque c’est bien elle seule
Qui manque à la félicité
Vraiment ! du moment
Enregistrer le son
De la débroussailleuse
Y trouver une musicalité
Faire de la terrasse ombragée
De la Cézarenque le lieu
Des conversations fondatrices
D’abord Émile, avant-hier
Puis Zoé cet après-midi
Sarah, en Arles, plus tard ?
En photographie, toujours eu
Le sentiment que les nouvelles
Images détrônaient les anciennes
Avec l’écrit au contraire, relire
Des passages d’ Une Fuite en Égypte
M’intimide et me tarit
La chaleur des siestes ici
N’est pas très bonne
Pour penser à autre chose
Une scutigère prisonnière
De sa marie-louise rend
Très étrange Le Départ de la course
Je laisse mon livre de côté
Au bord de la rivière
Et je m’endors
Sieste de très courte durée
Réveillé par les cris
D’enfants mal élevés
Ma bonne humeur est inaliénable
Je souris en réalisant que j’ai dormi
Dans le lit de la rivière en hiver
Un vieux robinet qui lâche
Et c’est l’économie de la maison
En péril relatif
Courgettes farcies
Au pélardon et oignons confits
Sous-bois, soupirs d’aise
J’offre Une Fuite en Égypte
À mes voisins cévenols
Incrédules et heureux
C’est souvent dans le regard
De mes voisins cévenols
Que je réalise le grandissement des enfants
Émile me ressemble
Au même âge
Mais j’étais plus mignon (Claude)
Il fait nuit noire, quand je rentre
Les ombres d’ici ne me font plus peur
La peur se retire de ma vie
Je me lave les dents
Dans un seau d’eau
Comme il y a quarante ans