Rêves mortifères
Aube grise
Corps endolori
Un nouveau médicament est découvert
Pour guérir les autistes, le Césium
Je m’oppose à ce qu’Émile en prenne
Mon plus grand plaisir dans la vie
― Peut-être au-delà de ses fellations ―
Une gorgée de café en face du Mont-Lozère
La pluie m’a réveillé fort tôt
Et me prive du spectacle
De l’aube sur l’adret
Je trempe mon spéculoos
Dans mon café cévenol
Cela ne me projette pas à Loos
Césium
Muiséc
Musique !
Après le rêve de cette nuit
Je cherche de quoi le césium est le nom
C’est un anagramme imparfait de musique !
Élément atomique
Du groupe des alcalins,
Métal mou, jaune
Et lui, l’autre homme
Sait-il à quel point
Sa compagne me manque ?
Dans la vallée
Un bûcheron
Entame tôt
Sur l’écran trois textes ouverts
Mon oiseau bleu, La Grève des rêves
Une fuite en Égypte (version courte)
mon_oiseau_bleu.rtf
la_greve_des_reves.rtf
une_fuite_en_egypte_scene.rtf
&#{[|\@]}£¤*% , tous ces caractères
Que je n’utilise jamais dans mes poèmes
Quel gâchis !
Matin calme, fenêtre ouverte
Je lis Des Inuits aux Batignolles de Sarah
Je ris de tendresse pour mon amie
Je ris de tendresse pour Sarah
Je ris de comprendre in fine
Que nous ayons en partage l’autodérision
Je ris (et je pleure) avec Sarah
De l’évocation des années
De poussette et de sacs plastiques
Et j’éclate de rire :
Le Mélodie n’a pas franchi
Le détroit de Gibraltar
J’ai la gorge serrée
Quand les enfants disent
C’est là qu’on habitait
Le tour de rein inédit
Dégénère et ressemble, en fait
À des maux de dos bien connus
Quand j’ai mal au dos dans les Cévennes
J’ai le sentiment que les murs et les marches
De la maison se moquent de moi
À la dureté des lauzes cévenoles
Ma colonne vertébrale vermoulue
Ne peut opposer que le courage
Je retarde le chantier de peinture
En cuisinant un clafoutis aux abricots
Pour le dîner aux truites avec Valérie ?
Et dans la maison
Nul ne bouge
Profondément endormis
Reprenant ma couette au bord de fenêtre
Mise à aérer, je sens l’humidité de l’air
Prisonnière du drap alourdi
Finalement ce matin
Il n’y a pas d’autres urgences
Que celle de lire. J’y retourne
Tiré de ma lecture
Par l’odeur du caramel
Merde, le clafoutis ! Foutaclis ?
Rouge basque
Rouge basque
Rouge basque
Sieste, un orage lointain
Et les gargouillements de mon estomac
Forment un étonnant duo
Parfois à l’unisson
D’autres fois décalés
Un duo parfait
L’orage s’éloigne
Les gargouillements perdurent
Tels un orage à l’intérieur de moi
J’aimerais tellement qu’elle écoute
Cet orage captif
La tête posée sur mon ventre
Elle ne restait jamais en place
La tête posée sur mon ventre
Je bande en écrivant un poème
En fait je viens de le comprendre
Et l’idée ne me fait pas plaisir
Mon tour de rein relève du rhumatisme
Après le début de l’andropause, l’arthrose
Voilà que je suis désormais sujet
Aux variations hygrométriques
Et for de cette découverte
Je sens bien que je ne renonce
Pas encore à une vie érotique
Contrariées par la pluie
Les buses se retrouvent
Sur les pentes de l’ubac
Points sombres
Contre l’ombre
Chuintement pluvieux
Ces deux jours d’intermittence
De la pluie pourraient-ils
Etre porteurs de girolles d’été ?
Les rideaux de pluie successifs
Peignent des lavis de plus en plus dilués
Sur les pentes successives, s’estompant
Spectacle silencieux
Promesses de rivière annulées
Sortons les jeux de société !
Je suis mon pire bourreau
Hier chaussures neuves
Aujourd’hui fauteuil trop bas
L’adolescence d’Anne Collongues
Et sa jeunesse ressemblent aux miennes
Avec vingt ans d’écart. L’immuable ?
Jusqu’au nom d’Art Institute
Jusqu’aux banlieues retrouvées
Jusqu’à l’ennui et la rencontre de l’Inde
Jusqu’à l’ennui
Et la manière de s’en sauver :
La photographie
Je ne suis jamais allé en Inde
Mais j’y ai vécu, je sais dire Thé ?
En tamoul.
Par temps gris
Rien ne vaut un goûter
À la Cézarenque
Deux petites bourrasques de vent
Et le ciel se dégage, chaleur humide
Et lumières de fin de jour, blanches
Zoé me regardant lire le journal
Est-ce qu’il y a une photo de Macron
À toutes les pages ?
Vérifiant par elle-même
Quelques pages plus loin
Ah non il y a Trump aussi !
Truites en papillotes
Pommes de terre en robe de chambre
Clafoutis (réussi, pas foutu) aux abricots
Parties d’échecs
À couteaux tirés
Avec mon fils Émile
Finales serrées (après une guerre du centre)
Maigres avantages (de position)
Qui se monnayent cher (Émile gagne)
Dans la salle de bain
J’aggrave mon tour de rein
Et je pense au titre Falsche Bewegung
Clément me donne un de ses opiacés
Dont il me donne le nom après l’avoir avalé
Le Tramadol auquel je suis intolérant
Néanmoins le Tramadol fait effet
Couplé avec le respirateur nocturne
Cela relève de l’anesthésie