• Vu de Russie : Moscou sort gagnante de la crise des missiles entre l’Ukraine et la Corée du Nord
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    Le président ukrainien Petro Porochenko s’est empressé de qualifier d’absurdes les accusations concernant la vente de moteurs de missiles à la Corée du Nord.
    Crédits : Wikimedia

    Moscou a reçu un cadeau précieux : le scandale autour des moteurs de missiles nord-coréens produits en Ukraine ne cesse de prendre de l’ampleur.

    Lundi 14 août, le New York Times a annoncé, citations d’experts et des services spéciaux à l’appui, que la Corée du Nord pourrait avoir acheté des moteurs de missiles ukrainiens sur le marché noir, qui lui auraient permis de mener des tirs réussis.

    Le raisonnement est simple : le chaos règne en Ukraine et les autorités ne contrôlent pas la situation dans le pays ; estimons-nous heureux qu’elles aient fait sortir à temps du territoire les armements nucléaires à l’époque.

    Kiev, naturellement, nie tout en bloc et essaye de rejeter la faute sur Moscou. Mais le Kremlin a reçu un atout qui, pour l’heure, est imparable. Le département d’État américain a même été contraint de reconnaître, dans une déclaration officielle, que ces accusations devaient être attentivement étudiées. D’autant plus qu’elles émanent de la presse américaine, dont les positions sont connues [sur le dossier russo-ukrainien, ndlr]. Même si, bien entendu, Washington fait totalement confiance à ses amis ukrainiens.

    La Russie a, quant à elle, joué un coup très simple : les célèbres auteurs de canulars téléphoniques russes Vovan et Lexus ont contacté le directeur de l’usine ukrainienne Ioujmach [qui produit les moteurs, ndlr] et lui ont demandé, au nom d’Oleksandr Tourtchynov, secrétaire du Conseil de sécurité et de défense ukrainien, comment des moteurs de missiles s’étaient retrouvés en Corée du Nord. Celui-ci leur a répondu que son entreprise n’y était pour rien mais que, peut-être, leurs collègues du Bureau d’études Ioujnoïe [établissement ukrainien consacré à la conception de satellites, de lanceurs et de missiles balistiques intercontinentaux, ndlr] en avaient livré via la Chine, avec laquelle ils coopèrent depuis longtemps. L’enregistrement a été diffusé à la télévision fédérale russe, prouvant une fois de plus de quel bord politique les deux humoristes font partie.

    Quoi qu’il en soit, les répercussions politiques sont évidentes. Regardez comme l’Ukraine fait un bon allié des États-Unis : elle va jusqu’à armer un de leurs principaux ennemis. Et vous, les États-Unis, vous essayez encore de lui vendre vos armes, alors qu’elles pourraient elles aussi se retrouver sur le marché noir et être achetées par des terroristes.

    Encore une fois, tout ceci tombe très à propos dans la perspective des négociations russo-américaines sur l’Ukraine. Une rencontre doit justement bientôt avoir lieu entre les représentants spéciaux russe et américain en Ukraine, Kurt Volker et Vladislav Sourkov. Les Russes pourront y user d’un argument de poids : contrairement aux jeunes démocraties, eux sont des partenaires fiables.