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Académie ESJ, et cacadémie esj

  • Quand parlent les chiffres LGS - 19 Aout 2017

    Voici le petit problème à résoudre : dans l’élevage intensif, une poule pondeuse a droit à un espace équivalent à une feuille A4. Sachant qu’elle pèse environ 1,5 kg, quel serait l’espace dévolu à un animal de 60 kg ?
    La réponse est 2,5 m² (c’est le résultat de 0,21*0,297*60/1,5).

    À ce stade, le facétieux Diogène de Synope aurait jeté, aux pieds de son interlocuteur, le pauvre volatile, après l’avoir plumé, et lancé : « voici l’Homme de Platon ! » Ceci pour moquer cet archétype du philosophe conservateur, qui avait défini l’homme « comme un bipède sans cornes et sans plumes ».

    Revenons à notre sujet : dans le « monde merveilleux » de l’agroalimentaire, où la viande est un minerai, un animal de 60 kg aurait donc droit à 2,5 m².
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    Dans les prisons françaises, les femmes auraient droit à une cellule de 11 m² pour cinq, soit 2,2 m² par femme. Soit, proportionnellement, moins que les pondeuses en cage !
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    Nice : les détenues (dont trois sont enceintes) se retrouvent à cinq voire six dans une cellule de 12 m2. "Il y a vingt matelas par terre, de plus en plus de tensions avec les personnels", déplore un représentant syndical.
    http://www.nicematin.com/faits-divers/au-bord-de-lexplosion-le-quartier-des-femmes-de-la-prison-de-nice-est-le-
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    Si c’est ici le meilleur des mondes possibles, que sont donc les autres ?

    #prison #élevage_industriel #Femmes #mathématiques #Nice #cage #cellule

    • Quand parlent les chiffres L’intégrale
      https://www.legrandsoir.info/quand-parlent-les-chiffres.html

      Que vous aimiez les maths ou qu’elles vous rebutent, un petit calcul vaut parfois mieux qu’un long discours.

      Au « Pays des Grands Principes », qui prétend éclairer le Monde, il est loin des idéaux, généraux et généreux, à la pratique quotidienne, comme il est loin de la coupe aux lèvres.

      Totem national oblige, une histoire de gallinacé s’impose. Ce n’est pas une histoire de fipronil, mais l’occasion de réviser ses bases : « la règle de trois ». Ne fuyez pas déjà, c’est simple et édifiant !

      Voici le petit problème à résoudre : dans l’élevage intensif, une poule pondeuse a droit à un espace équivalent à une feuille A4. Sachant qu’elle pèse environ 1,5 kg, quel serait l’espace dévolu à un animal de 60 kg ?

      La réponse est 2,5 m² (c’est le résultat de 0,21*0,297*60/1,5).

      À ce stade, le facétieux Diogène de Synope aurait jeté, aux pieds de son interlocuteur, le pauvre volatile, après l’avoir plumé, et lancé : « voici l’Homme de Platon ! » Ceci pour moquer cet archétype du philosophe conservateur, qui avait défini l’homme « comme un bipède sans cornes et sans plumes ».

      Revenons à notre sujet : dans le « monde merveilleux » de l’agroalimentaire, où la viande est un minerai, un animal de 60 kg aurait donc droit à 2,5 m².

      Qu’en est-il dans la réalité, dans la vraie vie ?

      Une invitée de la Matinale de France Inter a retenu mon attention : Adeline Hazan, Contrôleur Général des Lieux de Privation de Liberté (1). Le jugement a été sans appel, le constat accablant. Les phrases percutantes se sont succédé :
      « malheureusement, il y a beaucoup à faire »,
« établissements non respectueux des droits des personnes », 
« attacher et isoler sans aucun contrôle », 
« on n’a pas de chiffres [...] pour une raison inquiétante », 
« 25 à 30 % des détenus sont atteints de psychose [...] n’ont rien à faire dans les prisons », 
« injection forcée dans une prison »,
« à Nice, 5 femmes détenues dans une cellule de 11 m2 »,
« culture de l’enfermement », 
« le fléau de la justice en France, c’est la question de la surpopulation carcérale », 
« plus judicieux de prononcer un travail d’Intérêt général », 
« 850 mineurs dans les prisons », 
« les punaises, les rats dans les lits » (2).

      Dans les prisons françaises, les femmes auraient droit à une cellule de 11 m² pour cinq, soit 2,2 m² par femme. Soit, proportionnellement, moins que les pondeuses en cage !

      Il paraît que « comparaison n’est pas raison » : chacun reste libre de conclure.

      Petit rappel : l’article 8 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, inscrite dans le préambule de la Constitution de la Cinquième République, dit que « la loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires. »

      Que penser de ce qui s’apparente, cruellement, à un bannissement de l’Humanité ?

      En reprenant les termes de Montaigne (3), il est tentant de formuler : « Les criminels, nous les pouvons donc bien qualifier de cruels, eu égard aux règles de la raison, mais non pas eu égard à la société capitaliste, qui les surpasse en toute sorte de cruauté ».

      Ailleurs, la situation est ou fut pire : dans une prison secrète de « notre ami le roi », les détenus connurent « cette aveuglante absence de lumière » (4) et les affres de la mort lente ; ailleurs, les prisons sont gérées par le secteur privé et pour le lucre : les détenus sont ainsi, eux aussi, matière à profit.

      Ici, cette dérive honteuse est, déjà, bien amorcée avec les partenariats publics-privés.

      Ici, l’univers carcéral ne va pas s’améliorer : car « il [faudrait] engager une révolution culturelle ». « C’est un problème de courage politique », mais « ce n’est pas dans le sens que veut l’opinion publique » (2).

      « Quittant la barre pour se rapprocher des jurés, il leur dit : ’’ Juger sur les apparences, c’est se faire bourreau’’. Puis, le doigt pointé sur les fenêtres derrière lesquelles montait la rumeur ignoble, il fustigea ’’l’opinion publique qui frappe à la porte de cette salle’’, citant le mot célèbre de maître Moro-Giafferi : ’’ Elle est une prostituée qui tire le juge par la manche. Il faut la chasser de nos prétoires. Lorsqu’elle entre par une porte, la justice sort par l’autre.’’ » (5)

      Bien sûr, « il serait intéressant que la France soit condamnée, non pas par plaisir de voir la France condamnée, bien évidemment, mais comme cela s’est passé en Italie, la Cour Européenne de Droits de l’Homme peut enjoindre le pays condamné à prendre toute une série de mesures » (2).

      « Candide épouvanté, interdit, éperdu, [encore sujet à la nausée], tout palpitant, se disait à lui-même :’’Si c’est ici le meilleur des mondes possibles, que sont donc les autres’’ » (6).

      « Personne »,
      2 fructidor an 225

    • « Au bord de l’explosion », le quartier des femmes de la prison de Nice est le plus surpeuplé de France
      http://www.nicematin.com/faits-divers/au-bord-de-lexplosion-le-quartier-des-femmes-de-la-prison-de-nice-est-le-

      « La situation de notre parc carcéral est aujourd’hui au-delà du tolérable. Il faut de nouvelles places de prison », avait admis Jean-Jacques Urvoas, le garde des Sceaux, lors de sa visite, le 25 août, à la prison de Nice.

      La maison d’arrêt de Nice a battu un nouveau record de surpopulation ce week-end. Dans les quartiers des femmes, les 200% de surpopulation carcérale ont été dépassés, selon le syndicat UFAP-UNSA Justice.

      « Nous avons 79 détenues pour 39 places. Nice devient la prison de femmes la plus surpeuplée de France. Le paradoxe est que cette prison est l’une des moins bien dotées en personne. »

      Conséquences : les détenues (dont trois sont enceintes) se retrouvent à cinq voire six dans une cellule de 12 m2. « Il y a vingt matelas par terre, de plus en plus de tensions avec les personnels », déplore un représentant syndical.

      « La situation de notre parc carcéral est aujourd’hui au-delà du tolérable. Il faut de nouvelles places de prison », avait admis Jean-Jacques Urvos, le garde des Sceaux, lors de sa visite, le 25 août, à la prison de Nice.

      Avec 680 détenus pour une capacité théorique de 356 places, la prison de Nice attend plus que jamais le plan carcéral que Manuel Valls, le Premier ministre, doit annoncer à l’automne.

    • Adeline Hazan : « Quand on présente une pathologie aussi grave que la schizophrénie, on ne doit pas être en prison »
      https://www.franceinter.fr/emissions/l-invite-de-8h20/l-invite-de-8h20-17-aout-2017

      Adeline Hazan est l’invitée de Pierre Weill pour parler des lieux de privation de liberté et de la détention des malades mentaux, faute de place en hôpitaux psychiatriques.

      Près de 17 000 détenus relevant de l’hospitalisation plutôt que de la détention, une surpopulation carcérale, aucune étude sur les conditions de détention pour les détenus victimes d’affections psychiatriques... La contrôleuse générale des lieux de privation de liberté Adeline Hazan a réagi ce jeudi au rapport publié par l’Observatoire international des prisons sur les conditions de détention des personnes atteintes de maladies mentales.

      Des conditions de détention qui ont été sensiblement améliorées depuis la loi encadrant les soins dans les établissements pénitentiaires, mais qui ne répondent pas aux besoin de ces détenus malades.
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