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Rêve de savoir jouer du piano comme Dollar Brand
Rêve d’une nouvelle procédure judicaire
Rêve de ma pendaison par la maladresse de mon père
C’est un pic-vert
Opiniâtre
Qui me réveille
Le pic-vert matinal
M’envoie un message
En morse, ce n’est pas SOS
Un vent du Nord
A créé du désordre
Dans ma chambre
Le vent du Nord
Ne savait pas quoi nous apporter :
De grands fourreaux de nuages
Le vent du Nord
Souffle fort au sommet
Les nuages passent vite
Le vent du Nord
Brosse la canopée
Sans bruit, continument
Le vent du Nord
Me donne envie d’un café
Avec des spéculoos !
Je reproduis un rituel photographique
Sans y croire, par pure habitude
Ma photographie est devenue superstition
Les fesses froides sur la margelle
Les doigts qui brûlent autour de la tasse
Le visage dans les nuages, là
Le ciel se couvre, plus un rai de soleil
Émile arrive pour son petit déjeuner
Je vais aller faire de la peinture
Tout à l’heure, des nuages gris
Se découpaient sur ciel bleu,
Maintenant nuages blancs sur ciel gris
Un premier rideau de pluie
Franchit le Bousquillou
Nous n’y couperons pas
Je voudrais décrire la beauté
D’une partie d’échecs avec Émile
Mais n’est pas Nabokov qui veut
Le vent du Nord
Joue avec
Mes nerfs
La musique me fait penser à elle
La poésie me fait penser à elle
De quelles beautés faut-il me couper ?
La photographie
Ne me fait pas penser à elle
Mais je n’en fais plus, je devrais
Il n’était pas neuf heures
Quand ma voisine est venue voir si cela allait
J’avais déjà peint cinq volets. Ça va mieux !
Rouge basque
Rouge basque
Rouge basque
Ma voisine a fini de lire hier soir
Une fuite en Égypte
Son sourire en dit long. Ému
Une fois par an, des jurons
Et un litre de mélange à 4%
Pour ressusciter la débrousailleuse
Tous les ans je mesure les progrès
D’Émile dans sa spatialisation
En passant la débroussailleuse
Je délègue le déjeuner aux filles
Et je retourne sous l’arche
Manger de la poussière
Le vent du Nord
Plein de remords
A dispersé tous ses nuages
La factrice apporte le journal
Abonnement de mes parents
Zoé : « encore des articles sur Macron ! »
Un article retrace l’affaire Fillon
Les dates qui l’émaillent au printemps
Sont celles de mon histoire avec elle
Mais mains sont pleines
De rouge basque et laissent
De petites tâches sur mon clavier
D’après le journal, les nouveaux députés
Macronistes viennent de l’entreprise
Et parlent de bench marking à l’Assemblée
Je m’interdis
La lecture
Du journal
Je m’interdis la lecture du journal
J’ai bien assez de livres comme ça
Au hasard : Partages d’A. Markowicz
Les rêves de sieste
Sont tellement prompts à la fuite
De vrais lézards sur des murs chauds
De fins rideaux de pluie se succèdent
Douchent les velléités de rivière
Et encouragent le ponçage
Deux belles parties siciliennes
Avec Émile, par deux fois
Les Noirs l’emportent
La vie des maisons cévenoles
En hiver donnent du souci
À leurs habitants en été
C’est un Juif qui parle
À un autre Arabe…
(André Markowicz)
Pour Philippe De Jonckheere
À la même table, dans la même vie
André Markowicz (25 mars 2017)
Dans la nuit du 24 au 25 mars
Je m’en souviens
Elle m’a …
Le 25 mars au matin
Je lui ai cuisiné une omelette
Qu’elle a trouvé parfaite
Et le 25 mars au soir
Je la retrouvais dans Paris
Visiter l’exposition de Twombly
Le 25 mars, je l’ai photographiée
De dos devant l’École de Fontainebleau
C’est l’unique image que j’ai d’elle
Le 25 mars, nous avons dîné
De frites et de légumes crus délicieux
À la terrasse du Père Fouettard
Le soir du 25 mars, je la déposais
Devant chez elle, dans un grand rire
Elle m’a montré ses fesses dans mes phares
Après mûre réflexion
Je décide de ne pas
Arracher la page de dédicace
Hanno arrive
Avec Till et Mila
Je les vois sur la route
Dîner désordre
Mais bon
Mais désordre
Le soir, les enfants partis dans leurs chambres
Nous parlons avec Hanno, je lui parle d’elle
Nous parlons des États-Unis, des Arts Déco
Nous parlons des États-Unis, des Arts Déco
Mais nous ne sommes pas d’anciens combattants
Au contraire des personnes avides de comprendre
Quelques paroles tellement vraies entre nous
Tu ne fais plus de photos ? Non, j’écris. Oui, bien sûr
C’est la différence entre exister un peu, et pas du tout
Nous reparlons de la mort de mon frère
De cette douleur de toute une vie
Hanno se souvient de comment j’étais avant
On reparle d’amis perdus de vue
Des voyages à Saint-Dizier
Et de ma petite voiture, l’AX
Je suis triste, Hanno me dit
Que je ne devrais pas. C’est juste
Le mauvais moment de l’année, fin juillet
Il est minuit quand nous montons
Je reçois un gentil message de B.
Elle me manque
Je m’endors en relisant le message de B.
J’ai noté trois mots sur un papier
Pour ne pas les oublier. Nuit