• La plus grande bataille est en cours pour renverser Assad. L’arme privilégiée : les réfugiés. | Elijah J M | ايليا ج مغناير
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    Les USA et leurs alliés régionaux et occidentaux, qui se sont évertués à alimenter la guerre en Syrie, ont perdu la bataille visant à changer le régime par des moyens militaires. Mais ils sont loin d’avoir lâché prise. Bien au contraire, ils s’apprêtent à livrer la plus grande bataille d’entre toutes : faire tomber le président syrien Bachar al-Assad par la voie des urnes, plus particulièrement en comptant sur les votes des millions de réfugiés dispersés à l’extérieur du pays, loin du contrôle du gouvernement central à Damas.

    Selon les Nations Unies, il y aurait environ 6 millions de réfugiés déplacés à l’intérieur du territoire syrien et 5,1 millions à l’extérieur de la Syrie (surtout en Turquie, au Liban, en Jordanie et en Irak), plus environ un million en Europe.

    Les pays abritant des réfugiés syriens se font constamment recommander de garder ces réfugiés où ils sont et de les empêcher de retourner en Syrie, surtout dans les secteurs libérés par l’armée syrienne. Des pays comme le Liban ont été avertis sans ambages que le retour des réfugiés syriens constitue une « ligne rouge » et qu’il doit être évité coûte que coûte (apparemment parce que « ce n’est pas encore leur moment d’entrer en scène »).

    Les recommandations liées au retour des réfugiés syriens reposaient sous trois conditions : ce devrait être un retour volontaire, dans un environnement sûr et qui ne constituait pas une menace à la sécurité nationale.

    Ces trois conditions peuvent-elles être remplies ? Premièrement, le retour volontaire des réfugiés se complique lorsqu’ils bénéficient d’une aide financière substantielle dans le pays hôte (qui représente une fortune comparativement à ce qu’ils peuvent gagner chez eux). Deuxièmement, la guerre en Syrie n’est pas encore terminée, rendant ainsi impossible un retour en toute sécurité de l’ensemble des réfugiés. Troisièmement, la plupart des réfugiés à l’extérieur de la Syrie sont considérés comme hostiles par le gouvernement de Damas, qui craint donc leur retour malgré le programme de réconciliation en cours mis sur pied par Damas ces dernières années, qui invite tous les éléments antigouvernementaux à retourner chez eux sans craindre pour leur sécurité.

    La communauté internationale se prépare en vue des prochaines élections présidentielles anticipées en Syrie, dont la supervision internationale exigée par l’entremise des Nations Unies se ferait non seulement en Syrie, mais aussi à l’extérieur de la Syrie, où des millions de réfugiés pourront démontrer qu’Assad n’a pas l’appui de millions de Syriens. Pour sa part, Damas est bien conscient de ces préparatifs et rejettera tout ce qu’il soupçonne de violer sa souveraineté. Le gouvernement syrien se méfie de la manipulation et de la corruption d’élections précédemment observées au Liban voisin, où l’Arabie saoudite a investi deux milliards de dollars pour obtenir quelques sièges supplémentaires au parlement libanais pour ses mandataires, le « mouvement Avenir » dirigé par Saad Hariri, le premier ministre national actuel qui possède la double nationalité. Damas ne va certainement pas perdre par la voie des urnes ce qu’il a gagné après plus de six ans de guerre, au moment même où les pays de la région ont déjà perdu les centaines de milliards de dollars qu’ils ont investis en armes et en aide financière pour renverser le régime syrien.