Articles repérés par Hervé Le Crosnier

Je prend ici des notes sur mes lectures. Les citations proviennent des articles cités.

  • De la disparition des communs à leur retour - Les Amis de la Terre-Belgique
    http://amisdelaterre.be/spip.php?article5915
    http://amisdelaterre.be/IMG/arton5915.jpg?1504176546

    Par Geneviève Azam

    Il est de plus en plus clair que nous atteignons un point de bascule entre un vieux monde qui ne fonctionne plus et un nouveau qui peine à éclore. Dans cet entre-deux, des initiatives variées, qui font la part belle à l’implication citoyenne et à l’ancrage local, montrent de nouveaux chemins. Qu’il s’agisse d’une gestion plus collective ou partagée des ressources, des infrastructures, de la connaissance, etc., un dénominateur commun les fédère : l’idée de « communs ». Longtemps oubliés au profit de l’exploitation toujours accrue des humains et de la nature par quelques-uns, le balancier de l’histoire semble pencher à nouveau en faveur des communs : une société inclusive, coopérative, soucieuse de préserver le fragile équilibre écologique.

    La réflexion sur les « biens communs », très présente au XVIIIème et XIXème siècle, a quasiment disparu de la réflexion au XXème siècle : la propriété a été en effet envisagée soit comme propriété privée soit comme propriété étatique. L’existence d’un secteur public important, appuyé sur des services publics, a été souvent considérée comme la condition nécessaire et suffisante de la justice et de la cohésion sociale par l’essentiel des forces dites « progressistes ». Cette représentation, qui oppose État et marché, a ignoré le fait que ces institutions sont loin d’être étanches car l’État institue et rend possibles les marchés ; cette fonction est devenue centrale avec les politiques néolibérales depuis les années 1980.

    Cette notion de « communs » est différente de celle du Bien commun, qui s’inscrit dans une perspective éthique et politique autour de la « vie bonne ». Selon cette conception, inspirée par Aristote et reprise ensuite par Thomas d’Aquin, l’être humain est destiné à vivre en société et se réalise pleinement en participant au bien commun.

    Elle est aussi différente de l’idée d’un « bien commun de l’humanité » ou d’un patrimoine commun et par extension de celle d’un « d’intérêt général mondial ». Cette dernière induit une nouvelle coopération internationale, avec la prise de conscience de la vulnérabilité de la biosphère et de l’épuisement des ressources. Toutefois, en sous-estimant les rapports de force et les conflits entre acteurs réels, l’invocation d’un « intérêt général mondial » peut couvrir de nouvelles formes d’ingérence et de domination. Par ailleurs, elle peut laisser assimiler les communs à des res nullus, des biens auxquels aucun droit ne serait attaché, légitimant de ce fait la possibilité de puiser sans entraves dans ces « ressources », comme c’est le cas pour la bio-piraterie et la privatisation des richesses génétiques.

    La notion de « communs » est aussi différente des biens communs de la théorie économique qui sont des biens rivaux et non exclusifs, par nature : les ressources halieutiques par exemple. Or, les communs sont caractérisés par un type de propriété, ni privé ni étatique, par des règles qui les instituent comme « communs ». Dans leur extrême diversité, des communs naturels aux communs sociaux ou immatériels, ils sont définis à la fois par une ressource commune et par des règles précises d’usage, de restitution, de partage de la ressource qui engagent et constituent une communauté.

    #Communs #Protection_ressources