• Réforme de l’assurance chômage : patronat et syndicats alertent le gouvernement
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    Les organisations patronales et syndicales gestionnaires de l’assurance chômage s’inquiètent de la réforme du régime prévue pour 2018. Elles craignent une baisse de l’indemnisation avec la remise en cause du caractère assurantiel du régime où l’indemnisation dépend des cotisations versées. Or, le gouvernement souhaite supprimer la cotisation salariale d’assurance chômage...
    L’assurance chômage. Après le Code du travail, voilà le prochain chantier que va mener le gouvernement pour continuer de réformer le marché de l’emploi. Les travaux techniques liminaires ont déjà débuté et Edouard Philippe a indiqué que la réforme serait sur pied pour l’été 2018. On en connaît les contours et les objectifs, le candidat Emmanuel Macron les ayant évoqués durant la campagne électorale. Le président de la République souhaite que l’Etat revienne dans la gestion de l’assurance chômage qui, jusqu’à présent, revient aux seules organisations patronales et syndicales, gestionnaires de l’Unedic, l’organisme qui fait fonctionner l’assurance chômage. Il propose également d’étendre le bénéfice de l’assurance chômage aux indépendants et aux salariés démissionnaires (dans la limite d’une fois tous les cinq ans cependant).

    Parallèlement, le nouveau gouvernement compte réaliser dix milliards d’économies sur l’assurance chômage à l’horizon de cinq ans, via notamment un meilleur contrôle de la réalité de la recherche d’emploi par les chômeurs indemnisés, un durcissement des règles d’indemnisation pour les seniors... et surtout, en tablant sur un abaissement du taux de chômage à 7% en 2022 contre 9,5% actuellement.

    Patronat et syndicats veulent une concertation
    Dans ce contexte, les organisations syndicales et patronales représentatives au niveau national et interprofessionnel se sont réunies mardi 5 septembre 2017 pour déterminer l’attitude à adopter face à cette volonté de réforme. Et dans un communiqué où chaque mot semble avoir été soigneusement étudié, les partenaires sociaux alertent le gouvernement sur la méthode et le contenu de la future réforme.

    Les organisations entendent « prendre part de la manière la plus constructive possible aux travaux préparatoires à la concertation annoncée par le gouvernement ». Façon de signifier que les partenaires sociaux exigent de la concertation et non des décisions unilatérales.

    Patronat et syndicats souhaitent « un débat collectif et approfondi sur les questions posées, notamment sur le sujet de l’indemnisation des démissionnaires, des travailleurs indépendants ainsi que sur la gouvernance et le financement ».

    Quel serait le coût d’une extension du régime à d’autres publics ?
    On est là au cœur du sujet. La volonté d’étendre l’assurance chômage à d’autres publics que les salariés privés d’emploi peut sembler, certes, une idée généreuse. Mais il faut la financer. Durant la campagne, les experts de l’équipe Macron estimaient à 1,5 milliard d’euros le coût de l’extension aux salariés démissionnaires et à 1 milliard celle aux indépendants. Depuis, le think tank Institut Montaigne a produit ses propres projections et estime que le coût serait plutôt de 2,7 milliards d’euros pour l’accès au régime des démissionnaires et 2,1 milliards pour les indépendants. Or, les finances de l’Unedic sont loin d’être reluisantes avec un « trou » annuel qui dépasse les 3 milliards d’euros et une dette cumulée de 35 milliards d’euros, soit une année de cotisations.

    Quant à la gouvernance, depuis la création de l’assurance chômage en 1958 par les partenaires sociaux, ceux-ci sont les seuls maitres à bord, même si l’Etat se porte garant pour les emprunts réalisés par l’Unedic et même si chaque convention d’assurance chômage - la dernière a été conclue en avril dernier - doit être agréée par l’Exécutif. Or, Emmanuel Macron veut imposer une sorte de « nationalisation » de l’Unedic, avec un retour en force de l’Etat. Mais devant l’hostilité des organisations syndicales et patronales, le gouvernement évoque, désormais, plutôt une « co-gestion ».

    #chômage #allocations