• Le conflit syrien se termine mais les USA restent sur le terrain
    Par M.K. Bhadrakumar, 11 septembre 2017
    Article original : Syrian conflict is ending but US stays put | traduction : Jean-François Goulon
    https://blogs.mediapart.fr/jean-francois-goulon/blog/120917/le-conflit-syrien-se-termine-mais-les-usa-restent-sur-le-terrain

    (...) Il y a deux choses en jeu – l’une, la saisie des vastes champs pétrolifères qui reposent à l’est et au nord de Deir ez-Zor, lesquels sont les joyaux de l’économie syrienne ; la seconde, le contrôle de la frontière syro-irakienne le long de l’Euphrate et plus loin vers le sud, à travers laquelle un « isthme » pourrait potentiellement relier Damas à Téhéran via Bagdad. Par conséquent, tant en termes économiques que pour des raisons géopolitiques, les USA (encouragés par Israël) font une course contre la montre dans cette phase finale du conflit afin d’établir une présence militaire dans les régions orientale et sud-orientale de la Syrie.

    Ces raisons géopolitiques sont triples : a) Les USA chercheraient à avoir « leur mot à dire » dans quelque règlement syrien que ce soit ; b) Les USA espèrent défier l’influence en cascade de l’Iran en Syrie et au Liban ; et, c) Les USA se sentent obligés d’être des pourvoyeurs de sécurité pour Israël. Ces trois facteurs sont liés. Le fait est, comme le souligne un reportage du Times of Israel, qu’Israël reconnait ses limites pour combattre militairement l’Iran par ses propres moyens. Le général Yair Golan, ancien chef d’état-major adjoint de l’armée israélienne aurait dit, jeudi dernier, dans un discours étonnant devant le Washington Institute of Near East Policy [1] :

    Nous [Israël] vivons dans un monde où nous ne pouvons pas opérer seuls, pas seulement parce que nous n’avons aucune force expéditionnaire en Israël […] Et tandis que nous pouvons remporter une victoire décisive contre le Hezbollah […] et tandis que nous pouvons vaincre toute milice chiite en Syrie […] nous ne pouvons pas nous battre seuls contre l’Iran […] Donc, sans doute, peuvent-ils nous affecter, et nous pouvons les affecter. Mais tout cela n’est qu’une question d’usure […] Si l’on veut remporter quelque chose de plus profond, nous ne pouvons le faire seuls. Et c’est une réalité. Il vaut mieux l’admettre. Nous devons connaître nos limites.

    Il est inutile de dire qu’Israël ne permettra pas à l’administration Trump d’approuver un retrait total de Syrie des troupes nord-américaines. Autrement dit, une sorte de présence étasunienne le long des rives orientales de l’Euphrate est dans les tuyaux, à l’insistance d’Israël. On lira avec intérêt un article d’opinion intitulé Trump’s Big Decision in Syria, de David Ignatius et publié dans le Washington Post la semaine dernière à propos du débat à Washington.(...)