Résumons. Dans l’hypothèse minimaliste d’une spoliation des épargnants de seulement ¼ de point résultant du gel du taux de rémunération du livret A à 0,75 %, ces épargnants pourraient y perdre plus de 2,3 milliards d’euros par an, tandis que les banques pourraient y gagner plus de 1,7 milliard, le logement social 390 millions d’euros et l’État 202 millions d’euros. Et ces chiffres seraient doublés ou triplés, si d’aventure l’inflation repartait un petit peu plus…
CQFD ! Dire que cette opération favoriserait le logement social est une arnaque pure et simple, puisque dans l’opération, il y aurait d’immenses perdants, les épargnants ; de très gros gagnants, les banques, et des petits gagnants, en l’occurrence le logement social et l’État. Depuis des lustres, l’Inspection des finances et la direction du Trésor, dont Emmanuel Macron est devenu le porte-étendard, ont des obsessions… Elles aimeraient balayer tout ce qui est constitutif du modèle social français et le livret A est l’une de ses supposées vieilleries, contre lesquelles Bercy veut sans doute donner le dernier coup de boutoir.
Pendant des années, les banques privées ont mené campagne contre le monopole de distribution du livret A dont bénéficiaient les Caisses d’épargne et La Poste, ce que Nicolas Sarkozy leur a accordé. Mais maintenant que les banques ont capté cette clientèle, elles aimeraient bien la faire basculer sur des produits d’épargne beaucoup plus rémunérateurs pour elles. Et elles verraient évidemment d’un bon œil que s’installe durablement un taux de rémunération du livret A inférieur à l’inflation : cela accélérerait fortement ce mouvement de bascule.