Finalement, non, je m’en doutais un peu
Un rêve médiocre, une partie de volley-ball
Dans une rame de métropolitain, c’est bien aussi
Mon ordinateur le matin
Tandis que je m’approche de lui
« De quoi a encore-t-il rêvé cette nuit ? »
Macron révise
Sa stratégie
De communication
Le chef de l’État
Estime que la phase de raréfaction
De sa parole est terminée
Un collègue a découvert Une fuite en Égypte
On en parle en plein open space
Tel est le cours, parfois surprenant, de ma vie
Et tu écris à propos de quoi maintenant ?
Et je lui montre mon écran
Ouvert sur les Anguilles les mains mouillées
Il fait soudain un temps de cochon
Au café, relisant, écrivant
Je détache mal ma pensée d’elle
Il
Faudrait
Pourtant
Sur le petit écran de mon appareil-photo
Je retrouve les images de mes enfants cet été
Cela redonne un sens à ma vie, un si petit écran
Mon voisin à la terrasse du BDP
Est un jeune ouvrier poussiéreux
Qui mange de bon appétit son poulet massala
J’aime le soin qu’il prend
A disposer ses couverts
Et assaisonner son repas
Phil, fais-moi ce plaisir, cette grâce
Détache ton esprit
Tu n’as pas droit à ce malheur
Le malheur
C’est pour les opprimés
Un peu de décence !
Et ça va
Tout de suite
Un (peu) mieux. Presque
Relisant Élever des chèvres en open space
Jusqu’au bout tu dois te méfier de toi-même
De ton désir de parler de ton train électrique
Mais
Tu touches
Au but
Tu fignoles
Comme tu faisais enfant
Avec tes maquettes d’avion
Un des plaisirs pervers de ma vie
Ecouter une conférence d’Onfray
En voiture. En route vers Autun
Sur la même route j’apprends
Qu’Orson Welles s’est intéressé
A l’affaire Dominici
Et d’autres trucs
Qui m’intéressent
Moins
Dans l’atelier d’Isa
En m’installant je sursaute
Une couleuvre, non un jouet en plastique
À la table de mes amis
On parle trois langues
Et ce n’est pas simple
Plaisir, toujours
De baragouiner
Un peu d’Allemand
Ça fait du bien d’être à Autun
Ca la repousse un peu
Pas seulement elle
Je m’endors d’un coup
Comme si je m’enfonçais
Dans mon lit, cela ne m’arrive jamais