C’est nu que j’écris
Les récits
Des Anguilles
Je pisse
Je me pèse (121,4 kg !)
J’écris
Dans mon rêve de ce matin
Mes voisins cévenols ourdissent
Un traquenard pour me tuer !
Je découvre son dernier mail
Qui répond sans répondre
Cette femme est une artiste
En revanche
Je le lis dans les lignes
Elle ne reviendra jamais
Où je découvre
À 52 ans, il serait temps
Le sentiment de la jalousie
Matins d’été
Aller au travail
Rues peu animées
En revanche
Peu de compagnie
Au bistro
Travailleurs détachés :
Macron déclenche
Une crise diplomatique avec la Pologne
La Pologne
Fustige
L’arrogance de Macron
Harvey
Pire ouragan depuis Katrina
S’abat sur les côtes du Texas
Trump gracie
Le très controversé
Shérif Arpaio
Et finalement
Après m’être curé le nez
Je lui envoie un long mail
Allemagne :
Un infirmier soupçonné
D’au moins 90 meurtres
Ma cheffe : « ? tout ce qui ne nous tue pas
Nous rend plus fort
Moi : ? jusqu’à ce que quelque chose nous tue »
Même au café
On trouve
Des tire-aux-flancs !
J’assemble les récits
Qu’on me confie
Avec ceux que j’imagine
Les fictions
Mes vraies boussoles
Parfaitement détraquées
Longtemps que j’ai perdu
Toute illusion
De m’orienter
Tu as rendu arables des terrains trop vastes
Désormais tu creuses des sillons profonds
Dans ton minuscule jardinet
Tu avais des prétentions d’empereur
Tu as revu tout à la baisse
Désormais tu vis dans une cabane
Dans le café trois auteurs
Ecrivent et s’observent
Quelle est le plus inspirée des trois ?
Ce n’est même plus du bruit au café
Un vacarme. Tu décides
De l’accepter. Pour voir. Pour entendre
Au BDP je suis assis à la table
Sur laquelle est née Ursula
Pierre Hanau s’en souvient peut-être
Quand j’écris au stylographe
Je perds tout repère
Et je perds le rythme !
Et de douze
Petits poèmes
Écrits au café !
Certains jours d’été
Te rappellent
Tous les étés !
Sur un chantier des radiateurs
Que l’on hisse à de hautes fenêtres
En peine canicule
Au restaurant d’entreprise
Tu accuses un découvert
De 0,64 euros
De retour au café, les deux auteures
Que tu avais laissées loin derrière
Font leur retard, et elles sont trois maintenant
Tu croises Julien
En chemin vers son atelier
De bandes dessinées
Vous parlez d’un roman en cours
Il y est question de l’île de Pitcairn
Voir l’Atlas des îles abandonnées
Tu remontes dans ton open space
Et ce n’est plus la même limonade
L’île de Pitcairn est repassée de l’autre côté
Poème écrit avec les mains
Qui dérapent sur le clavier
(De sueur)
Et tout d’un coup
La chambre de Zoé
Est rangée (et propre)
Ce n’est pas tous les jours
Que l’on atteint
Un Everest personnel
Un coup de téléphone de Sarah
Me rappelle utilement
Que je suis le père de quelques enfants
Des fois je n’écris pas si bien
Et mes fictions sont faibles
Me dis-je en ne recevant pas de réponse
Commençant le travail de relecture
Des Anguilles les mains mouillées
Je me souviens à nouveau de mes rêves
Et puis je les oublie
À nouveau
Jusqu’à la prochaine relecture
Modifiant telle ou telle phrase
Des Anguilles les mains mouillées
Je fais attention de ne pas toucher au rêve
Le garagiste t’a soulagé de la moitié
De tes économies, constates-tu
Sur tes comptes bancaires en ligne
Coup de téléphone à mon cousin Raymond (47’)
Coup de téléphone de mon voisin cévenol (13’)
Coup de téléphone de B. (une petite heure)
Voilà bien la fiction : le traquenard
De mes voisins cévenols en rêve, dans la réalité
Mon voisin Georges prend de mes nouvelles !
Et la semaine prochaine
L’apiculteur qui monte à Paris
Me livre mon miel à domicile !