Mandat de dépôt | La Plume d’Aliocha
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Tribunal correctionnel de Paris 28 septembre, une audience parmi d’autres. Le tribunal lit son jugement à l’encontre de trois prévenus poursuivis pour… je ne vous dirai pas quoi, ce n’est pas le sujet. Les deux premiers ont écopé de prison avec sursis pour l’un, aménageable pour l’autre. Tous comparaissent libres. Le troisième s’avance à la barre. Derrière lui une dizaine de robes noires. Sur le côté, autant de journalistes.
La magistrate égrène sur un ton dur la liste des faits que le jugement retient contre lui. Il y croit encore sans doute, qu’il sortira libre. Astreint à des obligations, dans le viseur de la justice, incertain sur l’aménagement ou pas de sa peine de prison, mais libre. Il le faut. Il doit se dire qu’il ne supportera pas l’autre scénario, celui qu’il ne nomme pas. Ce serait d’autant plus injuste que les autres vont repartir du palais de justice, respirer l’air, sentir la pluie, retrouver ce soir leur chez eux, leurs proches, leur lit toutes ces choses importantes ou dérisoires qui constituent un refuge. Mais il lui trouve le ton vraiment dur à la juge, et puis la liste des reproches s’allonge un peu trop. Son avocat l’a prévenu sans doute. Il a du lui dire : ne paniquez pas si vous entendez le mot prison, la peine peut être prononcée avec sursis, ou être susceptible d’aménagement. Mais il a du lui dire aussi sur un ton plus doux, plus prudent, sur le ton que l’on prend pour annoncer une nouvelle grave : théoriquement, le tribunal peut prononcer un mandat de dépôt, il faut vous y attendre, dans ce cas vous irez en prison à l’issue de l’audience.