• Nous faisons l’hypothèse que personne n’affirmera qu’il y a plus de 2 millions de bourgeois ou de politiques en Catalogne.

    Hypothèse pleine de bon sens mais c’était sans compter certains crétins « anarchistes » du Sud-Ouest.

    Référendum en Catalogne. Classe, hégémonie et indépendantisme catalan
    http://www.contretemps.eu/referendum-catalogne-classe-hegemonie
    Référendum en Catalogne. Classe, hégémonie et indépendantisme catalan

    L’un des arguments typiques, de « sens commun » de la gauche traditionnelle pour ne pas soutenir le référendum catalan du 1er octobre est que le Procés est dirigé par la bourgeoisie. Exprimée ainsi, cette appréciation est complètement fausse et elle ne peut que se fonder sur deux malentendus, le premier malveillant alors que le second ne peut qu’être le produit de l’ignorance ou d’un déplacement de catégories tellement absurde qu’il s’invalide de lui-même.

    Le caractère erroné de cet argument peut être vérifié empiriquement. La grande bourgeoisie catalane a pris position régulièrement contre le Procés, car ce dernier serait irresponsable et qu’il provoquerait l’instabilité pour les « affaires économiques » (investissements). Cela peut être vérifié pour quiconque se donne la peine de chercher sur Google les déclarations de l’organisation patronale catalane Foment del Treball. L’ignorance découle du type de définition de la bourgeoisie, un concept que la gauche espagnole a utilisé au cours des quarante dernières années exclusivement pour faire référence à la Catalogne ou, dans le cas du Parti communiste espagnol (PCE), pour justifier sa politique d’alliances avec la bourgeoisie progressiste et nationale (sic) qui aurait été représentée en 1978 par Adolfo Suárez1.

    « Bourgeoisie » est un concept de l’économie classique repris par le marxisme, qui définit la classe dominante en son rapport avec la propriété des moyens de production. Ainsi que nous l’avons signalé, les élites de ce secteur social sont opposées au Procés : le Foro Puente Aéreo [« conclave » de grands entrepreneurs de Madrid et de Barcelone, qui s’est réuni au siège de Madrid de la compagnie pétrolière espagnole Repsol le 19 septembre – voir photo], l’organisation patronale Foment del Treball, l’élitaire Círculo Ecuestre, le Círculo de Economía ou encore la Trilateral commission [fondée en 1973, elle réunit certaines des « personnalités » les plus puissantes au monde ; le président de sa branche européenne est l’ancien président en second de la BCE, Jean-Claude Trichet] ont manifesté à de nombreuses reprises leur opposition à l’indépendance, tout comme José Manuel Lara (du groupe de presse et d’édition Planeta), Isidre Fainé (président de la CaixaBank), Josep Lluís Bonet (Freixenet, producteur du fameux « champagne catalan », le cava) ou encore Josep Oliu (Banque Sabadell, célèbre auteur, en juin 2014, de la formule selon laquelle la création d’un Podemos de droite était nécessaire).

    Certains secteurs du Foment del Treball ont toutefois appuyé, devant le fait accompli, le Procés, dans l’espoir d’améliorer leur position et leurs prébendes face à la bourgeoisie du reste de l’Etat ainsi que sur le plain international. La dynamique de mobilisation populaire du Procés a reçu l’aval de la majorité des entrepreneurs des PME, organisés dans des entités telles que la PIMEC [Micro, petita i mitjana empresa de Catalunya], la Cecot ou encore la Cámara de Comercio.