Lever, tel un ressort
A cinq heures, je me rue
Sur Les Anguilles les mains mouillées
Rêve tellement frustrant
Et tellement littéral
Elle ne veut plus me voir
Pierre
Feuille
Ciseaux (et puits)
Pour
Sophie
une histoire de piano :
Un jour on détruit un vieux piano
Dans une grange, quarante ans plus tard
Ce piano vient vous hanter dans vos rêves
Puis. Perdu du côté de Sèvres
Secouru par un agriculteur
Qui me fait cadeau d’un beau morceau de viande
Un péage acrobatique
Pour rejoindre la A13
Poursuivi par une voiture de course
Sons et lumière à Rocamadour
Produit par une Marie Richeux
Qui préférerait faire bûcheronne
Il m’a fallu une heure, de 5 à 6
Pour retranscrire ce rêve
Long de deux pages
Incapable
Ensuite
De me rendormir
Le mélange riche et copieux
Des ingrédients de la veille
Aura donc produit ce rêve tortueux
Je me demande s’il existe
Des outils pour mesurer
Les séismes en moi en ce moment
Le plaisir, presque, de retrouver
L’open space ce matin
Surtout les photos de mes enfants
Le soleil rougeoyant de l’aube
Tombe sur ces petites images
Apposées contre mon écran
Les échanges de textes avec Zoé
Qui m’écrit depuis le bus
Moi qui réponds depuis le bureau
Doucement
Le
Café !
Doucement
Les
Cafés !
Des fois
Je trouve, tout de suite
Le mot juste, séjourné
Au café, tout un chacun
Bat la mesure et fredonne en chœur
Au refrain, I’m just a gigolo !
La serveuse du BDP
Vérifie son maquillage
Dans le rétroviseur de son scooter
Alors que s’éteignent les éléphants d’Afrique,
Les Chinois ont pris le contrôle
Des routes de l’ivoire
Zuckerberg contre Trump,
L’affiche dont rêve
La Silicon Valley
Au café, je me retourne subitement
Et vois, en pleine clarté, au travers de la baie vitrée
La consultation de photographies d’un téléphone de poche
Est-il possible
Que j’ai déjà vu
Ces photographies ?
Ces photographies
Représentent la femme qui
Les regarde sur son téléphone
Mais alors
Où ai-je déjà vu
Ces photographies ?
Je tente d’apercevoir
Le visage de cette femme
Que je vois de dos
Chaque fois qu’elle est
Sur le point de se retourner
Un passant la masque
Quand enfin j’aperçois son visage
Je comprends que je ne la connais pas
Mais que je sais qui elle est
Et, oui
Je l’ai déjà vue
Nue. Dans un film.
Le Défenseur des droits
Préconise un « droit à l’erreur ».
Toubon dangereux révolutionnaire !
Au Togo, une marée humaine
Dans les rues de Lomé
À l’appel de l’opposition
« Notons que la principale
Qualité de Pierre Gattaz
Est d’être sorti du vagin de sa mère ! »
(@monolecte)
Le jeune homme qui s’avance vers moi
Sous la halle du marché à Montreuil
Est l’auteur de l’Étreinte , Adrien
J’aime qu’arrivant à la maison
Adrien s’assoit comme s’il était déjà venu
De tout temps
Nous avons beaucoup à échanger
Et nous avons aussi beaucoup de travail
Quel désordre et quel labyrinthe !
Où je découvre des méthodes de travail
Et des façons de voir les choses
Aux antipodes des miennes, envie de foncer
Adrien et moi avons lu en même temps
Tout ce qu’il y avait à lire à propos de la Shoah
Mais pas au même âge !
Je suis subjugué que parlant
Des mêmes images
Nous ne voyons pas les mêmes choses
Photographies clandestines à Birkenau
Shoot de Chris Burden
Les sept pendues de Georges Méliès
Avec Adrien nous avons en commun
Que regardant de vieilles images
Nous sachions regarder des morts