CQFD

Mensuel de critique et d’expérimentations sociales

  • En marge et au pilori par Nicolas Arraitz
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    La neige est aux portes de la ville, les Roms aussi. Et l’imaginaire local les confond avec les loups. « Depuis qu’on est arrivés, on n’a vu personne du quartier, seulement la police », constate Sandou le patriarche. Les riverains ne s’approchent plus de la pinède où ils avaient l’habitude de promener le chien. Ils se contentent de menacer les bénévoles des associations qui apportent vivres, médicaments et couvertures à ces familles démunies, victimes d’expulsions à répétition.

    C’est dans ce bosquet coincé entre une école d’ingénieurs et une résidence fermée que le campement de fortune s’est installé. Cabanes, caravanes, tentes faites de bâches de plastique… « Nous, on est tziganes, mais on parle surtout le roumain. » Mariana, jeune mère de trois enfants dont le mari a disparu depuis plus de deux ans, nous reçoit dans la solide cabane que son père, Sandou, a construite en une journée. L’intérieur est accueillant. Des pièces de moquette assurent l’étanchéité entre vieux volets et planches récupérées. Un poêle à bois et l’hospitalité réchauffent l’ambiance. On offre le café, ainsi que des cigarettes. Depuis cinq ans qu’elle est arrivée à Marseille, la famille a d’abord connu le squat, cité Félix-Pyat, puis la galère des campements : à proximité de la gare de Saint-Louis, sous la passerelle de Bougainville, puis dans un entrepôt désaffecté de La Capelette.