• stop aux violences familiales, conjugales et sexuelles : Assiste-t-on à un tournant historique pour les victimes de violences sexuelles avec le mouvement #BalanceTonPorc et #MeToo ? Article de la Dre Muriel Salmona
    http://stopauxviolences.blogspot.fr/2017/10/le-vent-tournerait-il-en-faveur-des.html

    Il est essentiel que ce mouvement spontané se fasse le porte parole de toutes les personnes victimes de violences sexuelles, et particulièrement de toutes celles qui ne peuvent pas être entendues sur les réseaux sociaux, dans les médias et dans la rue et qui en sont les principales victimes, à savoir les enfants, les personnes les plus vulnérables (personnes handicapées, présentant des troubles du spectre de l’autisme, migrantes, sans domicile fixe, marginalisées, victimes de la traite, personnes placées dans les institutions, etc.), ce sont les plus nombreuses, elles représentent une masse invisible en grande détresse, le plus souvent abandonnées. Il faut aller vers elles, pour savoir ce qu’elles subissent et se battre pour elles, pour qu’elles soient enfin protégées et que leurs droits soient respectés.

    La lutte contre ces violences est un combat politique de toute la société et des pouvoirs publics qui sont dans l’obligation de protéger impérativement toutes les personnes qui y sont exposées, et plus particulièrement celles qui les subissent majoritairement : les filles, les femmes et les personnes les plus discriminées et vulnérables.

    Une société gangrénée par les inégalités, le déni et la culture du viol

    Une société encore trop inégalitaire et un long passé de culture du viol consistant à culpabiliser, humilier, discriminer et mépriser les victimes, de tolérance et de complicité avec les agresseurs, ont entravé et ralenti une prise de conscience de la gravité de ces violences et de l’injustice faite aux victimes, et ont empêché la mise en place de réformes nécessaires.

    Nos structures éducatives, sociales, sanitaires et judiciaires ont toutes échoué presque totalement à protéger et à prendre en charge les victimes, ainsi qu’à empêcher ces crimes sexuels de se produire à grande échelle, principalement sur les personnes les plus vulnérables et discriminées. La gravité des conséquences des violences sexuelles sur leur vie et leur santé à long terme n’est pas encore reconnue comme un problème majeur de santé publique et de société. Les professionnels du soin ne sont toujours pas formés et l’offre de soin est très insuffisante. La protection, la solidarité et les aides sociales ne sont pas à la hauteur. La justice est quasi absente. Les victimes de ces crimes sont confrontées à des injustices en cascades, et leur perte de chance en terme de santé et d’intégration sociale est énorme, d’autant plus qu’une prise en charge précoce et des soins appropriés éviteraient la majeure partie des conséquences des violences ainsi que la production de nouvelles violences.

    Aux termes du droit international, l’Etat peut être tenu responsables d’actes de violence sexuelle perpétrés par des particuliers s’ils ont manqué à leur obligation d’empêcher ces actes ou de protéger les victimes.