• Hadj-Ali Abdelkader : un musulman communiste dans les années 1920 – CONTRETEMPS

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    Les rapports entre musulmans et socialistes révolutionnaires ont souvent été problématiques. Il y a quelques années, en France, une violente controverse éclata dans le Nouveau Parti Anticapitaliste lorsqu’une femme musulmane, portant un hijab, a été désignée candidate aux élections régionales[1]. Pourtant, au début des années 1920, l’Internationale communiste avait une approche très différente de la question. Le congrès des peuples d’Orient de Bakou, en 1920, attira des centaines de délégués musulmans[2]. En 1922, Willem van Ravesteyn fit un rapport sur la « question orientale », pour le quatrième congrès de l’Internationale Communiste, dans lequel il écrivait :

    Les peuples islamiques sont en position de pouvoir détruire le pont qui alimente l’impérialisme britannique. Si ce pont s’effondre, alors cet impérialisme s’écroulera également. Sa chute aura une résonance si forte dans l’ensemble du monde musulman et oriental que l’Empire français ne pourra survivre à ce souffle. La libération du monde islamique de toute forme de domination politique européenne, tout particulièrement en ce qui concerne les pays du Proche-Orient, est non seulement dans l’intérêt des peuples qui s’y trouvent, les paysans et ouvriers des territoires orientaux, pas encore sous l’emprise du capitalisme. Elle représente également un intérêt fondamental pour le prolétariat d’Europe occidentale et du monde entier[3].

    L’année suivante, Trotsky argua en faveur d’une « attitude différenciée envers les Grand-Russes et envers le nationalisme musulman : vis-à-vis du premier, lutte sans merci, strict refus, spécialement dans les cas où celui-ci est représenté dans les sphères administratives et gouvernementales ; vis-à-vis du second — patience, attention, travail d’éducation méticuleux[4] ».