• Je ne suis pas une balance, mes agresseurs ne sont pas des porcs. | Entre les lignes entre les mots
    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2017/11/17/je-ne-suis-pas-une-balance-mes-agresseurs-ne-s

    Il y a quarante ans, un vent de liberté de parole a soufflé sur les victimes d’agressions sexistes et sexuelles. Des dizaines d’entre elles ont témoigné en s’appropriant les médias de l’époque : les plateaux de télévision, les livres. Est ainsi paru, aux États-Unis, The courage to heal, un recueil décapant de témoignages de femmes victimes de viol pendant l’enfance. Les femmes de cette génération ont dit que la violence sexiste s’arrêtait ici et maintenant, que c’en était fini du patriarcat. Des lois ont été votées, telle, en France, en 1980, la première loi faisant du viol un crime passible de quinze ans de réclusion criminelle. Puis des associations qui préfiguraient l’actuel SOS Papa sont apparues, et avec elles la théorie anti-scientifique des faux souvenirs. La chape est retombée, les victimes de viol se sont tues.

    Il y a vingt ans, un vent de liberté de parole a soufflé sur les victimes d’agressions sexistes et sexuelles. Des centaines d’entre elles ont témoigné en s’appropriant les nouveaux médias de cette nouvelle époque : les forums sur internet. Sur l’ancien site web des Chiennes de garde, par exemple, s’est constitué le fil de discussion « banalités des violences sexuelles » au long duquel, en quelques semaines à peine, plus de six cents femmes ont décrit les violences qu’elles avaient subi, et les symptômes dont elles souffraient encore. J’avais vingt-cinq ans. J’ai expliqué à mes aînées que ce qu’elles n’avaient pas réussi à déclencher à la génération précédente allait enfin se produire, que la violence sexiste s’arrêtait ici et maintenant, que c’en était fini du patriarcat. En France, la notion de viol s’est élargie pour inclure celle du viol sur mineur de quinze ans et aussi celle, encore balbutiante (le consentement des deux époux étant présumé jusqu’à preuve du contraire), du viol conjugal. Puis l’affaire d’Outreau a déporté les projecteurs des victimes de viol vers les dérives judiciaires (tout le monde a oublié aujourd’hui que, dans cette affaire, même si l’on a désigné de faux coupables, de vrais enfants ont été violés pour de vrai). La chape est retombée, les victimes de viol se sont tues.

    Aujourd’hui, une fois encore, les victimes de la nouvelle génération entendent souffler le vent de la liberté de parole. Par milliers, elles s’approprient les réseaux sociaux : de « je connais un violeur » sur Tumblr à #balancetonporc. L’actrice américaine Alyssa Milano, qui a relancé le mouvement #metoo, a récemment expliqué dans une interview que la violence sexiste doit s’arrêter ici et maintenant, qu’on doit en finir avec le patriarcat.Le gouvernement français prépare un texte qui inscrira dans la loi le non-consentement présumé de l’enfant (à l’heure où j’écris ces lignes, l’absence de consentement doit être établie au cas par cas, indépendamment de l’âge de la victime) et, en 2010, a enfin disparu de la loi le consentement présumé des deux époux (autrement dit, se marier n’équivaut plus à consentir a priori à tout acte sexuel voulu par le conjoint). J’espère que la chape ne retombera pas. Mais…

    • C’est aussi celui de la radicalité des mouvements d’extrême droite, c’est aussi celui des millions de facho masculinistes « connectés à internet ». Donc ce n’est pas l’existence de cette technologie qui devrait changer grand chose (#techno-béat :p)

      (Et c’est faux, depuis le 19ème siècle les mouvements révolutionnaires, ouvriers, anarchistes, féministes, dialoguent entre pays et sont peut-être pas planétaires ok mais inter-nationaux quand même. Les militant⋅es de tel pays savaient qu’il y avait une grosse manif dans tel autre pays, sans internet et même sans téléphone, faut arrêter la réécriture progressiste du passé quand même.)

    • Oui je suis assez refroidie aussi, j’etais sur le forum des CDG en 2001 et aujourd’hui je constate que tout ce qui va rester de cette affaire Weishtein en France c’est que le seul violeur c’est Tarik Ramadan, que les pedovioleurs peuvent se faire plaisir avec des mineurs de 13 à 18ans et que le féminisme va servir de prétexte a la police pour harceler les hommes racisés.

    • En fait le texte répond à tes remarques de départ @fsoulabaille et c’est pas que ce que tu dit est faux et qu’il y a pas du positif dans le fait que les victimes s’expriment.
      Le fait que c’est pas identique à il y a 40 ans est clairement dit dans le texte et ce que j’ai mis ici n’est que le début. Ok il y a une différence d’échelle, on passe de « international » à « planétaire » et c’est pas pareil.

      Ce que j’aimais particulièrement dans ce texte c’est qu’il donne un peu de contexte historique. C’est pas la première vague de révélations du tout et je trouve important de rappeler les actions des féministes car elles sont aussi méthodiquement effacées de l’histoire que le message qu’elle porte. Planétairement les femmes témoignent des violences qu’elles subissent et planétairement les hommes n’en ont profondément rien a fiche et attendent que ca passe pour faire comme si de rien n’était. Avant ca, internationalement les femmes ont témoignés des violences qu’elles subissent et internationalement les hommes n’en ont rien eu à fiche.
      Si les témoignages pleuvent actuellement on sait que la chape de silence que le patriarcat fera retombé sera d’autant plus lourde. Pour la France l’affaire d’Outreau a servie à banalisé à nouveau l’inceste et à faire taire les victimes ( avec l’aide des faux souvenirs, SAP, SOS papa, maintenant garde-alterné imposé par défaut...).

      D’autre part ce texte me fait pensé à celui sur l’histoire des femmes et de l’imprimerie ( https://seenthis.net/messages/645682 ). Quand j’ai lu ce texte de Viennot j’avais l’impression qu’en décrivant les fraternités des clercs (étudiants, apprentis, compagnons...) elle décrivait le comportement des Kheys (frères) du forum 15-25ans de jeux-video qui à force d’insulter les femmes dans la littérature française et de menaces de viol via la prostitution sont arrivé à se faire appeler « Immortels » et « grands hommes » et à établir leur domination. Aujourd’hui le numero anti-relou n’est plus disponible et l’etat qui sois disant veut lutter contre le harcelement de rue n’interviens pas et ne propose pas de protection des victimes de harcelement et des outils qu’elles mettent en place.

      Je dit pas que 2017=1517 par contre je remarque que les hommes se donnent beaucoup de mal pour ne rien entendre, y compris sur seenthis (BCE et Butadaie ont donné beaucoup d’énergie pour discrédité le sujet). Et pour les réponses des politiques, Macron a exprimé sont rien-à-foutre, la press n’a rien changé dans sa manière de rigoler des viols et des enfants et femmes assassinées par les hommes.

      Enfin ce qui est bien dans ce texte c’est que la critique du tag « Balance ton porc » est faite sans discrédité la parole des femmes qui s’exprime tout en expliquant ce qui pose pbl avec ces mots.

    • @mad_meg merci <3 :-)
      « C’est pas la première vague de révélations du tout »

      Je suis totalement d’accord avec ça, et cet article est utile en cela qu’il nous le rappelle. L’Histoire ne se répète jamais deux fois, ce qui doit être rapproché à ce texte c’est qu’il commet cette erreur de perspective.

      Il ne s’agit plus d’un mouvement local/national dont la nouvelle se propage, ce n’est pas comparable. Ce n’est pas non plus un organisme (association, collectif, etc.) qui lance le mouvement. Il n’existe aucune coordination, aucun « hub » (un site web ou autre) par lequel passent l’ensemble de l’information.
      ça n’est vraiment pas comparable d’un point de vue sociologique ou culturel non plus.
      ça ne touche pas qu’un petit nombre d’hommes non plus.
      Les hommes ont commencé à se déchirer entre eux (i.e. Charlie vs Mediapart), la situation n’est donc pas sous leur contrôle comme elle pouvait l’être auparavant.

      @rastapopoulos
      Les mots ont un sens. Je les emploie avec délicatesse, je les choisis. Quand je les lis, je les comprend avec leur sens, je suis ce qu’on appelle, une lecteurice « littérale ».
      Me dire que ce que j’écris est faux alors que ce n’est pas le cas c’est très irritant car ton argumentaire est bon, mais il est tellement a coté de ce que j’écris que j’ai la sensation d’être une voix qui s’exprime dans le désert. J’ai beaucoup connu ça en politique, nier l’autre pour mieux rester droit dans ses bottes. C’est tellement « vieux monde » et machiste que ça discrédite l’intelligence de celleux qui enferment ainsi leurs pensées.

    • Je ne connais pas Saratoga qui signe l’article, mais je n’aime pas du tout comme iel écrit.
      Par exemple :
      « Les agresseurs ne sont pas des porcs et les témoins qui préfèrent se rincer l’œil plutôt que d’intervenir (combien de collègues rient des agressions verbales à mon encontre au lieu de protester) ne sont pas des porcs non plus. Tous ces hommes ont intégré, et revendiquent, le fait que le corps des femmes appartient à l’espace public. »

      deux phrases distinctes, la première, prise isolément, est à double sens contradictoires :
      1/ le vocabulaire employé n’est pas adapté à ce qui est dénoncé, c’est pire
      2/ le vocabulaire employé n’est pas adapté à ce qui est dénoncé, c’est exagéré

      la deuxième prise isolément est à double sens encore une fois :
      – ces hommes sont sincères et honnêtes et ne réclament que leur bien
      – ces hommes sont masculinistes.

      Du coup, je ne sais pas lire ce texte sans y voir le doute permanent, la bascule entre le sexisme et le féminisme est permanente tout au long du texte. Il est clair que l’auteurice manque de recul sur iel-même pour ce qui concerne les rapports femmes-hommes, entre le désir et le dégout.

    • Je voie pas ou le texte dit que l’histoire se répète à l’identique et je ne voie pas non plus ou il est ecrit qu’il y a rien de spécifique à l’affaire Weinstein.

      par raport à ceci :

      ça ne touche pas qu’un petit nombre d’hommes non plus.
      Les hommes ont commencé à se déchirer entre eux (i.e. Charlie vs Mediapart), la situation n’est donc pas sous leur contrôle comme elle pouvait l’être auparavant.

      les hommes dont tu parle sont en conflit depuis longtemps et les femmes ( mais sutrout Monsieur T.Ramadan) ne sont qu’un pretexte à un nouvel épisode de leur conflit qui est raciste et islamophobe. Du coup je comprend pas trop ce que ces machos de Charlie prouvent ni viennent faire ici. il y a des homme qui instrumentalisent les violences faites aux femmes pour se battre entre eux mais j’appel pas ca une nouveauté. Le fait qu’en france le seul agresseur affiché dans la presse soit musulman est inquiétant.

    • La répétition de l’Histoire n’est pas exprimée clairement dans une phrase. elle est sous entendue dans le texte avec la superposition des deux premiers paragraphes commençant et se terminant par les mêmes mots à un près :
      « Il y a quarante ans (...) La chape est retombée, les victimes de viol se sont tues.
      Il y a vingt ans (...) La chape est retombée, les victimes de viol se sont tues. »

      Ce texte est truffé de pièges et d’artifices, je ne l’aime pas du tout.

    • « Il y a quarante ans (...) La chape est retombée, les victimes de viol se sont tues.
      Il y a vingt ans (...) La chape est retombée, les victimes de viol se sont tues. »
      Pourtant c’est ce qui s’est passé. Après Outreau la chappe de plomb est tombé sur l’inceste en France, l’affaire Dutroux avait commencer le travail de détournement de l’attention populaire vis à vis de l’inceste.
      La comparaison historique est possible non ? Le fait de travailler sur une mémoire des actions des femmes et des féministes est pour moi une chose importante et ta vision sois disant global (ne pas considéré les faits un à un) n’apporte rien à la cause des femmes. Ce que tu dit me semble un discours largement entendu depuis le début de l’affaire weistein et ce qui m’interesse dans ce texte c’est qu’il donne d’autres perspectives. Il me semble plus interessant de prevenir la future chappe de plomb qui se fabrique collectivement (comme il s’en fabrique une à chaque fois) et d’y réfléchir plutot que de faire la fete comme si le patriarcat était tombé.

    • L’affaire d’Outreau c’est de l’entre-mecs juges et vrais ou faux coupables, pareil pour Dutroux. C’est entre les mains de la justice, de la police et de la presse. Il y a un calendrier administratif, on en connait les échéances on peut doser l’effet au fil du temps, faire monter la sauce, la laisser retomber etc.

      J’insiste sur la spontanéité de ce qu’il se passe en ce moment. On déboulonne Elie Wiesel, prix Nobel de la paix et harceleur sexuel, c’est passé comme un verre d’eau, ça n’a heurté personne ou si peu. La presse a chaque jour et presque chaque heure un nouveau scandale qui lui vient à la connaissance mais elle ne peut pas en faire grand chose car l’info est publique dans le même temps. Il n’y a pas de calendrier possible, rien n’est prévisible. je ne vois pas comment une chappe de plomb pourrait avoir une couverture planétaire désormais.

    • Je comprend pas ce que tu dit sur Outreau, mais ca change pas que cet « entre-mec » à eu comme résultat de faire taire les victimes et d’invisibilisé les problèmes d’inceste et violences dans la famille.
      Pour ton second paragraphe personne ne prétend que ce que tu dit n’est pas vrai, l’article en question ne dit pas que ce mouvement n’est pas spécifique et particuilier. Pour l’aspect spontané, la vague de témoignages sur le forum CDG en 2001 était spontanée aussi.
      Et pour le fait que tu voie pas comment une chappe de plomb planétaire se formerait, c’est pas une raison pour t’opposer à l’élaboration d’une réflection sur ce sujet. Perso je vois une bonne quantité de moyen pour que le silence retombe : euphémisation, retour du discours d’une égalité déjà la, prétexte que le sujet est connu et qu’il faut passé à autre chose, baisse de la majorité sexuelle en France, instrumentalisation du harcelement sexuel à des fins raciste, classistes, xenophobes, correctionnalisation des viols, peines legères voire symbolique pour les agresseurs et non-lieux en masse dans les procès suite à cette vague et lourde condamnation des victimes attaquées en diffamation, accusation des femmes d’en faire trop, victimisation des agresseurs, naturalisation de la domination sexuelle ... Dans le texte le fait que le « porc » devienne un argument retourné contre les femmes est possible, genre « les hommes sont des porcs, c’est leur nature que voulez vous ». Argument deja bien connu et très utilisé par les français·e·s qui s’accommodent de cet etat de fait.

      Pour le prix nobel je l’ai pas vu passé et je me focalise sur le contexte français, comme la personne qui écrit l’article de départ le fait aussi. Même si la parole est dénoué de manière planétaire (avec quand meme une seule japonnaise et beaucoup de pays qui n’ont pas fait de bruit du tout) en France il y a une forte résistance au féminisme et les masculinistes sont en position de force. Pour l’instant il me semble qu’en France le problème est en train de se réduir au cas Ramadan et d’un truc propre à Hollywood et je trouve utile de se servir des enseignements du passé pour empêcher que cela sois le cas.