Luc Ferry, les “quartiers pourris”, “leurs 98 nationalités” et nous sur le terrain | Bondy Blog
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Il a bien fallu vingt-quatre heures avant que la gravité des propos de Luc Ferry, ministre de l’Éducation nationale de 2002 à 2004 ne soit relevée, puisque BFMTV a été incapable d’apporter ne serait-ce qu’une contradiction tenace et énergique.
Dans la séquence qui nous occupe, M. Ferry commence par répondre par une pirouette à une question concernant le classement PISA de la France. “PISA n’évalue pas les systèmes éducatifs mais les performances des élèves”. Plutôt que de se questionner sur notre modèle de formation pédagogique, encore très perfectible et des moyens alloués pour lutter contre la grande difficulté scolaire (qui n’est pas l’apanage des quartiers défavorisés), Luc Ferry a préféré nous resservir les vieilles antiennes des parents démissionnaires dans les quartiers populaires qu’il juge davantage responsables que le système éducatif des inégalités scolaires. Mais avançons car le vrai problème, hélas, c’est la suite.
“Si on supprimait les 15% de quartiers pourris en France, avec des établissements dans lesquels il y a 98 nationalités, on n’arrive pas à faire cours, eh bien nous serions classés numéro 1 à PISA”
L’ancien ministre en est d’ailleurs tellement conscient qu’il prend quelques précautions oratoires : il annonce qu’il va être brutal, prend soin d’expliquer qu’il ne pouvait pas dire cela avant : “Je vais vous dire les choses très carrément, quand j’étais ministre c’était un peu difficile à dire”. Puis finit par placer les propos fâcheux dans la bouche de son directeur de l’évaluation : “Mon directeur de l’évaluation, il est venu me voir (…) et il m’a dit voilà, si on supprimait les 15% de quartiers pourris en France, avec des établissements dans lesquels il y a 98 nationalités, on arrive pas à faire cours, eh bien nous serions classés numéro 1 à PISA“. Mais le paravent s’arrête là, il pousse jusqu’à expliquer à la journaliste que si “on vous met vous, chère amie, dans un collège un peu compliqué du 9 cube (sic), vous ressortez en tutu dans le quart d’heure“. Ces propos vulgaires, qui assimilent les élèves des collèges défavorisés à des agresseurs qui arrachent les vêtements de leurs enseignants, ne suscitent absolument aucune réaction sur le plateau. Puisqu’on ne peut pas laisser dire de telles choses, parlons un peu d’expérience de terrain.