• « Les étudiants sont très conscients des hiérarchies entre les universités »
    http://www.lemonde.fr/campus/article/2017/11/27/les-etudiants-sont-tres-conscients-des-hierarchies-entre-les-universites_522

    Les seize universités de l’Ile-de-France sont loin d’accueillir les mêmes publics et d’offrir les mêmes perspectives à tous les étudiants, constate Leila Frouillou dans sa thèse.

    Dans sa thèse « Ségrégations universitaires en Ile-de-France », récompensée par l’Observatoire national de la vie étudiante et publiée par la Documentation française, Leila Frouillou, docteure en géographie de l’université Paris-I, étudie les inégalités d’accès et les trajectoires des étudiants.

    Votre thèse montre que le système universitaire en Ile-de-France est loin d’être uniforme, et que des logiques de « ségrégation » sont à l’œuvre. Quelles sont ces logiques ?

    On a tendance à penser que l’enseignement supérieur en Ile-de-France, qui concentre plus de 600 000 étudiants, dont un peu plus de la moitié sont inscrits dans une des seize universités publiques de la région, est un système uniforme face au monde sélectif des classes préparatoires, aux écoles et aux BTS, sans compter le secteur privé de l’enseignement supérieur. Le regard des sociologues est souvent polarisé sur les filières d’excellence : combien d’enfants d’ouvriers rentrent à Sciences Po ou à Louis-le-Grand ?

    Mais les différences de recrutement dans les universités ont été laissées dans l’ombre alors qu’elles permettent de comprendre la répartition des étudiants dans un territoire hiérarchisé et inégalement accessible. J’ai essayé de montrer, dans ma thèse, que c’est l’articulation de plusieurs facteurs qui jouent dans la ségrégation universitaire, pour dépasser l’idée que le seul critère géographique joue un rôle.

    Quand on regarde les origines sociales des étudiants en première année de licence, on voit clairement les premières disparités sociales entre établissements qui proposent des filières équivalentes. Par exemple, il y a 4 % d’enfants d’ouvriers à Paris-II (Assas) contre 14 % à Paris-XIII (Villetaneuse), et, inversement, il y a 45 % d’enfants de cadres à Paris-II contre 18 % à Paris-XIII. Ces écarts sont encore plus marqués en droit qu’en AES [administration économique et sociale], et ils sont particulièrement forts à l’entrée en première année de licence.

    #université #étudiants #sélection #ségrégation