• Sans-papiers et hébergement d’urgence : les assos refusent de collaborer avec Collomb - Libération
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    Les relations entre les associations de lutte contre l’exclusion et le ministère de l’Intérieur se tendent de plus en plus. Ce vendredi à la mi-journée, une vingtaine d’entre elles, dont Emmaüs, la Cimade, Médecins du Monde ou encore le Secours catholique, ont purement et simplement claqué la porte d’une réunion avec Gérard Collomb (Intérieur) et Jacques Mézard (Territoires), lors de laquelle les ministres ont présenté une circulaire prévoyant de permettre à des équipes mobiles de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii) de vérifier l’identité des personnes bénéficiaires d’une place en centre d’hébergement d’urgence, afin de faire sortir les sans-papiers du dispositif. Le but : libérer des places pour les personnes sans domicile fixe en situation régulière, alors que l’hiver approche et que dans certaines régions, le Samu social est débordé. Dans le bassin parisien, seules trois personnes sur dix obtiennent ainsi une place pour dormir au chaud. Un tri inacceptable, dénoncent les associations, qui refusent de collaborer avec les autorités.

    « Nous refusons le recensement, l’étiquetage et le triage des personnes qui entrent dans l’hébergement d’urgence », a expliqué Patrick Doutreligne, président de l’Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux, selon des propos rapportés par le Monde. Dans un communiqué, Médecins du Monde rappelle que « l’accueil inconditionnel de toute personne en situation de détresse présente sur le territoire est un principe socle du code de l’action sociale et des familles : il s’oppose au tri des sans-abri en fonction de leur situation administrative » et que « les services de police ne peuvent intervenir dans les centres d’hébergement en dehors de l’application d’une décision de justice. […] Le renforcement des mesures de contrôle des personnes dans les lieux d’hébergement va précariser les personnes ».
    « Rétention de confort »

    Depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement d’Edouard Philippe accentue la lutte contre l’immigration irrégulière. S’il n’en est pas à l’origine, il a ainsi soutenu une proposition de loi, portée par le groupe des « constructifs », permettant de placer en rétention les migrants « dublinés », c’est-à-dire qui devraient se trouver non pas en France mais dans le premier pays européen où ils sont arrivés (ou ont laissé leurs empreintes ou toute autre trace). L’Assemblée nationale, à majorité LREM, a approuvé dans la nuit de jeudi à vendredi le texte, même si la gauche a dénoncé « un virage sécuritaire » (La France insoumise) et un risque de « rétention de confort » (Gauche démocrate et républicaine). Des critiques balayées par Gérard Collomb, qui a jugé le texte « équilibré », affirmant qu’il préservait « les droits fondamentaux ».

    Dès sa nomination au ministère de l’Intérieur, Gérard Collomb avait annoncé la couleur, en invitant notamment les associations présentes dans l’ancienne « jungle » de Calais à « aller exercer leurs talents ailleurs ». Depuis, les associations dénoncent régulièrement des « chasses à l’homme » et du « harcèlement policier » contre les migrants, comme à Calais où, même si l’hiver approche, les migrants se voient régulièrement confisquer duvets et abris de fortune.