SerpentⒶPlumes

Le désordre des êtres est dans l’ordre des choses

  • texte intéressant qui inscrit les zad dans une histoire politique, loin des clichés véhiculés par les médias, sans parler des délires de certains tentant de faire passer la zad de nddl pour un « vietnam des pauvres » (lire l’hilarant et intelligent article de Télérama : http://www.telerama.fr…/a-notre-dame-des-landes,-le-vietna… )
    par contre il me semble que l’auteur - Guillaume Origoni - ne fait que caresser un aspect politique sans jamais le nommer : l’écologie. il me semble que c’est pourtant un aspect essentiel des zones à défendre... car ce qu’elles défendent c’est aussi un rapport à notre environnement, en questionnant la société productiviste et marchande dans laquelle nous vivons, ainsi que les politiques d’aménagement du territoire. c’est un point de rencontre entre la tradition urbaine de la mouvance libertaire et celle de l’écologie radicale (qui peut parfois être éloignée dans sa vision du monde de celle des libertaires). l’auteur le décrit sans l’écrire quand il parle des zad comme des usines pour « la légitimité et l’identité de l’ultra-gauche actuelle ». car cette identité a du intégrer - ou développer - l’écologie dans son corpus idéologique. on pourrait alors ouvrir les références vers Murray Bookchin (qui irrigue également peut-être moins pour l’écologie que pour le le communalisme libertaire, le combat des Kurdes), vers d’autres expériences de vie collectives comme Tarnac, Longomaï ou la Vieille Valette. il faudrait aussi parler de l’influence qu’ont pu avoir les expériences de campements provisoires contre les frontières (comme le camp no border à Strasbourg en 2002), qui eux-même influencèrent la forme des mobilisations contre les sommets internationaux avec par exemple en 2003 le Village alternatif anticapitaliste anti-guerres (vaaag) à Annemasse, en plein mouvement altermondialiste. ces expériences portaient en elles les germes des zad. les questions écologiques étaient déjà fortement inscrites dans les fondations de ces expériences. il y eut d’ailleurs un camp action climat en 2009 à nddl à la suite duquel les premiers zadistes s’installèrent.

    sinon, deux remarques. il me semble qu’il y a une erreur dans ce passage de l’article : « Le gouvernement d’Édouard Philippe semble à son tour inquiet de la charge qui lui incombe quant à la prochaine évacuation des militants restés présents à Notre-Dame-des-Landes, malgré le résultat de la consultation locale qui a dégagé une majorité favorable à l’extension de l’aéroport de Nantes. »
    Quand il parle de la consultation locale, l’auteur parle bien du referendum, on est d’accord ? mais il me semble pourtant que le referendum a donné une majorité à la construction du nouvel aéroport justement, et non l’extension de l’aéroport actuel. à moins que j’ai mal compris ce passage ?

    et plus trivialement (quoi que ?) pourquoi une affiche zapatiste pour illustrer l’article (dans la version publiée sur tempsprésents.com) ? il y aurait certainement bien des choses à dire sur l’influence que le mouvement indigène du sud-est mexicain peut avoir, aussi bien sur les aspects organisationnels, que dans le rapport à l’environnement sur une partie de la mouvance libertaire présente sur les zad. les zapatistes ne sont-ils pas d’une certaine manière à l’origine de la vague altermondialiste quand ils organisaient leurs rencontres intergalactiques, abandonnant la voie historique de la guérilla au sud des usa pour se muer en un mouvement mêlant mouvement armé et mouvement de la « société civile ». en cela la transition du pouvoir militaire de l’ezln vers un pouvoir civil dans les zones zapatistes, symbolisée par la transformation des « aguascalientes » en « caracoles », est révélatrice d’un changement d’époque.

    #zad #nddl

    https://jean-jaures.org/nos-productions/zad-zones-a-defendre-se-defendre-de-qui-pour-defendre-quoi