• l’histgeobox : Les années Thatcher en chansons (1/4) : l’avènement.
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    En 1968, le député franc-tireur Enoch Powell prononce un discours sur les « rivières de sang », une violente charge raciste qui lui vaut l’exclusion du parti conservateur. Dès lors et tout au long des années 1970, il jouit d’une forte popularité auprès de la presse conservatrice et d’une partie de l’opinion. Ses prises de parole alimentent une atmosphère d’hostilité à l’immigration qu’exploite bientôt le National Front (NF).
    Fondé en 1967, le parti d’extrême-droite peine dans un premier temps à sortir de la marginalité. Aux élections législatives de 1974, les candidats du National Front obtiennent en moyenne 3% des suffrages. Aussi faible soit-il, ce score permet néanmoins au parti d’obtenir un relais médiatique et de se faire connaître de l’ensemble de l’opinion publique. Dans la seconde moitié des seventies, ses candidats remportent d’importants succès lors d’élections locales. Ces résultats traduisent une montée en puissance de la xénophobie et du racisme au sein de la société anglaise. Les militants affluent et n’hésitent plus à descendre dans la rue pour imposer leur loi. Au fil des discours, John Kingsley Read fait preuve d’un racisme décomplexé. Au lendemain de l’assassinat d’un jeune sikh, Gurdip Singh Chaggar, le chef du NF lance : "Un à terre - un million à mettre dehors." Plus confidentiel que le National Front, le British Movement n’en séduit pas moins de nombreux hooligans et skinheads, adeptes des violences urbaines. Le racisme se diffuse aussi par le biais de sitcoms ou de sketches d’humoristes très populaires. Les Afro-Britanniques y sont affublés de sobriquets racistes ("wog", "nig-nog"). Au delà des sphères médiatico-politiques, ce sont de larges franges de la société britannique qui semblent gangrénées. Le dub poète Linton Kwesi Johnson se souvient : "La race était partout où l’on se tournait - à l’école, dans la rue, partout où l’on allait, on avait déjà droit à des injures racistes... C’était une monnaie courante." [Dorian Lynskey p52] Le racisme surgit même parfois là où l’attendait le moins.