Réponse à nos camarades de Pièces et main d’œuvre - FAKIR | Presse alternative | Edition électronique
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[...] Je vais vous dire ma conviction.
Nous devons agir en deux temps : aux classes populaires, il faut garantir cette base : la Sécurité sociale (au sens large), l’assurance d’une vie stable pour eux et leurs enfants, éloigner « l’épée de Damoclès » comme me le disait encore un employé du textile le mois dernier : « On a peur, on vit dans la peur », poursuivait-il, témoignage d’un avenir non-maîtrisé. Aucune espérance, aucune transformation positive, ne peut se fonder sur cette « peur ». C’est un étau mental à desserrer.
Une fois ces fondations posées, alors, ensemble, prolétariat et petite-bourgeoisie (vous et moi), c’est toute une société que nous avons à repenser : la production, la consommation, la démocratie, etc.
Mais, de mon point de vue, on ne construira pas le second étage de la fusée sans le premier.
J’ai fait le choix – cela fait treize ans, déjà – de sortir de mon isolement de (tout petit) intellectuel. De m’extirper de mon milieu idéologique, d’aller à la rencontre des habitants de ma ville, puis de mon pays – pour sentir avec qui, malgré des divergences, malgré des différences, malgré des insuffisances, je peux lutter, avancer, même d’un pas, sur ce chemin.
Car à l’évidence, un projet de transformation sociale doit s’appuyer sur des forces sociales.
Dès lors, quant à la question qui nous préoccupe : comment agir, avec qui, pour que la rupture écologique se fasse non pas contre notre peuple, mais avec lui ? Comment faire pour que les ouvriers, déjà frappés par trente années de mondialisation, de délocalisations, ne perçoivent pas cet impératif – sauver la planète, et donc produire moins pour consommer moins – comme une nouvelle menace ? Comment entraîner des pans de la société avec nous, concilier le rouge et le vert, la justice sociale et le progrès environnemental ? [...]
François Ruffin.