• BALLAST | Angela Davis sur la Palestine

    https://www.revue-ballast.fr/angela-davis-sengager-demarche-dintersectionnalite

    En quoi la lutte pour la Palestine a-t-elle changé au cours des dernières années ?

    Des changements vraiment importants se sont produits. La question de la liberté palestinienne a été marginalisée bien trop longtemps ; c’est ainsi que bien des gens aux États-Unis sont considérés comme progressistes… sauf en ce qui concerne la Palestine. Je reprends le terme de la militante Rebecca Vilkomerson, qui parle des « PEP » pour désigner les progressistes à l’exception de la Palestine [Progressive Except Palestine, ndlr]. Aujourd’hui cela change. L’impact du sionisme, jusqu’ici envahissant, perd de sa force. Sur tous les campus universitaires, l’organisation des Students for Justice in Palestine connaît un réel essor : elle rassemble aujourd’hui un grand nombre de personnes qui ne sont pas forcément des Palestiniens, des Arabes ou des musulmans, et qui en sont devenus des membres actifs. Le sujet palestinien est de plus en plus présent dès lors qu’il est question, plus largement, de justice sociale. Selon ma propre expérience, je devais toujours m’attendre à des résistances ou des oppositions lorsque j’abordais ce sujet auparavant : il est désormais de plus en plus admis. C’est lié à ce qui se passe en Palestine même, à l’essor du mouvement de solidarité avec la Palestine dans le monde, et pas seulement aux États-Unis. Ici, c’est lié en particulier au nombre croissant de gens qui s’associent aux mouvements noir, amérindien et latino, et qui ont incorporé la Palestine dans leurs plateformes de revendication. J’ai parlé aux manifestants de Ferguson des tweets des militants palestiniens qui donnaient des conseils sur la façon de gérer cela ! La connexion directe que facilitent les réseaux sociaux a également joué un rôle.