• La tragédie des communs était un mythe
    https://lejournal.cnrs.fr/billets/la-tragedie-des-communs-etait-un-mythe

    La propriété commune d’une ressource conduit nécessairement à la ruine de celle-ci, concluait en 1968 un biologiste dans la revue Science. Son article, « La tragédie des communs », a façonné les raisonnements économiques et politiques de ces dernières décennies. L’historien Fabien Locher nous expose les enjeux de ce débat et en souligne les limites dans le cadre d’une pensée de l’environnement.

    • (...) d’ajout en ajout, le pâturage est surexploité et finalement détruit. Même s’ils sont conscients de la catastrophe à venir, explique Hardin, les éleveurs sont pris dans une logique inexorable, qui les conduit à détruire la ressource qui les fait vivre. Jusqu’au bord de l’abîme, ils ont intérêt à tirer profit de l’ajout d’une nouvelle bête. Si le biologiste a choisi le terme de « tragédie », c’est pour insister sur cette idée d’enchaînement inéluctable, comme dans la tragédie grecque.

      La conclusion est sans appel : il y a incompatibilité entre la propriété commune d’une ressource et sa durabilité. Pour éviter la destruction, assène Hardin, il n’y a que deux solutions : soit la diviser en parcelles possédées par des acteurs individuels, soit la faire gérer par une administration supérieure. C’est la propriété privée ou l’État.

      Ce qui fait penser aux recherches de mathématiciens sur le modèle HANDY :

      La fin du monde : la faute à qui ?
      Dror Warschawski, Le Courrier (Genève), le 6 mai 2014
      https://seenthis.net/messages/254232

      #inégalité #modèle #mathématique #effondrement #collapsologie #catastrophe #fin_du_monde #it_has_begun #Anthropocène #capitalocène

      Donc à jouter à la compilation :
      https://seenthis.net/messages/499739

      La remise en cause du raisonnement :

      D’abord, parce qu’il se fonde sur une modélisation très peu crédible des acteurs. En effet, le raisonnement ne tient que si l’on suppose qu’on a affaire à des éleveurs n’agissant qu’en fonction d’un intérêt individuel étroit, réduit au gain financier. Ces mêmes éleveurs, on les dirait aussi privés de langage, car ils sont incapables de communiquer pour créer des formes d’organisation régulant l’exploitation du pâturage. Cela renvoie à une erreur historique et conceptuelle grossière de Hardin. Il confond en effet ce qu’il appelle des « communs » (commons) avec des situations de libre accès où tout le monde peut se servir à sa guise. Or, le terme de « communs » recouvre tout autre chose : il désigne des institutions grâce auxquelles des communautés ont géré, et gèrent encore aujourd’hui, des ressources communes partout dans le monde, et souvent de façon très durable.

      L’autre raison cachée de Hardin :

      Celui-ci est un biologiste, mais avant tout un militant fervent de la cause néomalthusienne. Son article vise surtout à dénoncer le mécanisme irrépressible qui pousserait les individus à se reproduire sans frein, jusqu’à détruire les ressources naturelles. Dans sa métaphore, les bêtes que les éleveurs rajoutent sans cesse au pâturage, ce sont aussi… les enfants de ces mêmes éleveurs, qui ponctionnent toujours plus les richesses communes.

      #libre_accès #néomalthusienne #Garrett_Hardin