Articles repérés par Hervé Le Crosnier

Je prend ici des notes sur mes lectures. Les citations proviennent des articles cités.

  • La nouvelle fin de Carmen et les libertés du domaine public – – S.I.Lex –
    https://scinfolex.com/2018/01/10/la-nouvelle-fin-de-carmen-et-les-libertes-du-domaine-public

    par Calimaq - Lionel Maurel

    L’idée même d’une « dénaturation de l’oeuvre » ne fait guère de sens, du moment que l’adaptation est clairement présentée comme telle et ne cherche pas à entretenir de confusion avec l’original. Les oeuvres du domaine public sont par définition « indestructibles » : Carmen restera toujours Carmen, tout comme les adaptations, souvent très libres, des Contes de Perrault par Disney n’ont pas fait disparaître le souvenir des originaux. C’est pourquoi l’analogie employée par Monsieur Poulpe à propos de cette nouvelle fin pour Carmen me paraît aussi choquante qu’absurde. Faire mourir Don José au lieu de Carmen n’a rien à voir avec un « taliban armé d’un lance-roquette qui estime que telle ou telle statue mérite d’être défoncée« . L’oeuvre – par essence immatérielle – est à l’abri des outrages irréversibles que l’on peut faire subir à la pierre. Elle s’offre sans fin aux nouvelles interprétations et c’est cette dynamique de recréation perpétuelle qui contribue à maintenir vivantes dans la mémoire les oeuvres du passé.

    #Domaine_public #Droit_moral

    • Si l’on se réfère à d’autres jurisprudences, on peut constater que cette balance des droits est loin d’être évidente à opérer. Une compagnie de théâtre a par exemple été condamnée pour violation du droit moral pour avoir monté une adaptation de la pièce En Attendant Godot de Samuel Beckett dans laquelle les personnages principaux étaient interprétés par des actrices. Jérôme Lindon, l’exécuteur testamentaire de Beckett, a réussi à obtenir gain de cause en faisant valoir que l’auteur avait laissé des instructions très claires manifestant sa volonté que le sexe des personnages ne soit pas modifié. Les juges ont donc bien retenu en l’espèce la « dénaturation de l’oeuvre », mais on notera que la pièce n’était pas encore entrée dans le domaine public et le jugement a été rendu en 1992, soit avant la jurisprudence des Misérables qui introduit la nécessité de tenir compte de la liberté d’expression et de création.

      https://books.google.fr/books?id=Bc8aBQAAQBAJ&pg=PT107&lpg=PT107&dq=en+attendant+godot+droit+mo